𝟐𝟏 - 𝐋𝐚 𝐝𝐢𝐬𝐬𝐨𝐥𝐮𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐮 𝐦𝐨𝐧𝐝𝐞 𝐚𝐯𝐞𝐜 𝐭𝐨𝐢

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🎶Mountains - Message to Bears🎶
🎶 Die With A Smile - Lady Gaga, Bruno Mars🎶

" IL triturait sans cesse sa lèvre inférieure, la maltraitant comme si elle était devenue
le défouloir de ses émotions et le contenant de tout ce qu'il se retenait de dire.

C'est en le regardant ainsi que je repensais à tout ce que j'étais prêt à faire pour lui. Comment le simple fait de le voir se mordiller la lèvre du bout des dents me rappelait qu'il y a peu de chose que je n'aurai pas fait pour cette homme.

C'est pour cela qu'en recevant son message, je me suis empressé de monter dans ma voiture. Je n'en avais que faire de l'heure qu'il était, du temps qu'il pouvait bien faire dehors.

Il avait besoin de moi, alors j'accourais.

Je l'avais rencontré devant son appartement, il avait les mains qui tremblaient, les yeux luisants, et le bout du nez rouge. Et puis, il était toujours si peu couvert. Trop peu couvert.
Comme s'il ne se rendait jamais compte qu'il allait avoir froid, comme s'il voyait le monde en un perpétuel été.
Je l'ai alors fait monter dans ma voiture et nous avons roulé en silence quelques instants, je l'entendais renifler de temps à autre sans jamais voir aucunes larmes couler. Je me suis finalement arrêté dans une ruelle peu éclairée, et nous avons marché jusque sur les quais de Seine, où l'épais brouillard du soir dissimulait tout de nous. Depuis, nous étions restés assis, sagement, les pieds flottants au dessus de l'eau, les chaussures trempant leurs bouts dans le fleuve.

Mon visage étrangement si proche du sien, son petit doigt qui n'était qu'à quelques millimètres de toucher le mien.
Et toujours ses reniflements de temps en temps. Je me demandais quand la parole se délierait et ferait tomber le lourd silence qui nous faisait prisonnier. Alors il fallait bien que quelqu'un se dévoue, et qui de mieux que celui ayant initié ce rendez-vous tardif ?

- J'ai entendu des échos ce soir. Il prévoit de dissoudre l'Assemblée Nationale.

La nouvelle tomba comme un coup de massue au dessus de ma tête. Mon coeur venait de louper un battement. Mon cerveau s'est arrêté de penser un instant. Mes émotions ont joué les montagnes russes.

Et le plus dur dans tout cela, c'est bien que je ne savais pas comment réagir. Que devais-je dire ? Que devais-je faire ?
Si cette décision que venait de me rapporter Gabriel était vraie, cela porterait un message d'espoir pour mon parti. Pour moi.

Prendre la place d'Attal.
N'était-ce pas ce que j'avais secrètement toujours rêvé ? Voler ce pouvoir si précieux, la place du Premier Ministre. Devenir ce dirigeant influent que j'aspirais à être. Être à la tête d'un gouvernement.

Mais mes ambitions ne seraient jamais aussi fortes que la sensation de cœur broyé que me donnait la vision d'une larme roulant sur sa joue.

- Ne pleurez pas, je vous en prie. J'ai rapproché ma main de la sienne de sorte à ce qu'il puisse sentir la chaleur qui en irradiait.

- Je ne veux pas perdre mon post de Premier ministre. J'y ai d'abord sacrifié ma santé mentale, j'ai été forcé de suivre différentes thérapies, j'ai été dans toutes sortes de médecins. Une psychologue, une psychiatre. J'avais trouvé une forme d'équilibre, j'allais au travail avec le sourire. Et pourtant, c'est vraiment pas mon genre. Sa voix se cassait, comme si sa gorge était pleine d'émotions et débordait sur chacun de ses mots.

- Je sais. J'ai acquiescé.

Que pouvais-je faire d'autre ?
Je me sentais incapable de lui mentir. De lui dire que tout irait bien, que si le Président dissolvait l'Assemblée Nationale, son parti gagnerait les élections et il resterait Premier Ministre. C'était, malgré toute la volonté que je possédais pour lui remonter le moral, impossible.
Ici, la vérité était requise. Sur ce sujet, je n'avais pas le choix.

Au delà du réel -2- [BARDATTAL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant