𝟐𝟐 - 𝐈𝐥 𝐟𝐚𝐮𝐝𝐫𝐚 𝐪𝐮𝐞 𝐣𝐞 𝐜𝐨𝐮𝐫𝐞

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🎶505 - Arctic Monkeys🎶
🎶Halo - Beyoncé🎶
🎶Lovers Rock - TV Girl🎶

" - JE vous le promets.

Mon petit doigt rencontrait le sien et nos regards se mêlaient intensément.
Et à ce moment précis, j'espérais avoir encore le pouvoir de tout changer.

Mais maintenant me voilà, étalé de tout mon long dans mon lit, le poids des regrets s'écrasant sur mes épaules.
J'essayais de chasser ces vilains nuages noirs de ma tête, de m'occuper l'esprit. J'en profitais pour faire ce rituel, usuellement fait le matin, qui avait prit place depuis un an désormais. J'allais dans ma salle de bain pour appliquer cette crème froide dans le bas de mon dos, espérant qu'elle soulage la douleur - au moins celle-là -.
Je faisais pénétrer le produit sous ma peau, voyant dans le reflet du miroir mes grimaces sous la pression de mes doigts. Il y avait toujours cette maudite balafre qui s'arrêtait juste en dessous de l'élastique de mon jogging, aussi disgracieuse que douloureuse, et autant vectrice de mauvais souvenirs sur le plan moral que physique.
Je regardais cette cicatrice avec mépris, comme si elle n'était que le reflet de mon incompétence, de mon mensonge, de toute cette partie de moi-même que je hais.
Plusieurs fois, oui plusieurs fois, j'ai voulu en parler à Gabriel. Tout lui révéler à propos de ce mal qui me ronge. Mais je me résignais, je pensais à tout le mal que cela lui procurerai, la culpabilité qui pèserai sur ses épaules. Je me suis abstenu un millier de fois :
Lors de nos excursions nocturnes, quand nous marchions des kilomètres durant et que la souffrance ne faisait que s'accroître à chaque pas. Lorsque je serrais les dents chaque fois que je devais m'asseoir ou me relever.
Au fond de moi, je priais une divinité quelconque de me laisser pleinement profiter de lui, de sa présence, mais même cela semblait impossible.
En jetant un dernier regard à la cicatrice, je me mis à penser à haute voix.

- Peut-être est-ce une sorte de châtiment ? Je suis puni pour ce que je lui ai fais subir ? Un profond soupir s'échappa de ma bouche.

La sonnerie de mon téléphone me sortit définitivement de mon flux de pensée.

- Allô ?

Je crois avoir décroché sans même avoir regardé le nom du contact. Ou peut-être était-ce un numéro ? Je ne sais pas.

- Jordan ? Nous sommes tous entrain de t'attendre au siège, le lancement est dans trente minutes et personne ne t'a encore vu.

Cette voix se distingua de toutes celles que j'avais pu entendre auparavant. Bien sûr, aucun chance que je ne la confonde avec qui que ce soit.

- Marine. Peut-être, y'a t'il des chances que mon intonation ai sonné découragée, ennuyée ou même fatiguée, mais cela ne lui échappa pas.

- J'espère que tu es levé depuis longtemps et ne viens pas seulement de sortir de ton lit. Quand bien même ce serait le cas, je veux te voir dans trente minutes sur la scène à mes côtés, et ce n'est pas négociable.

- Je ne serais sûrement pas à l'heure mais je pourrais venir pour... Elle ne me laissa pas le temps de finir ma phrase.

- Jordan, les caméras dans la salle montrent des centaines de personnes. Certains portent des drapeaux français, d'autres ont des affiches avec ton visage dessus. J'entends scander ton nom depuis les loges. N'oublie jamais ce pourquoi je t'ai nommé président du parti.

Et elle raccrocha, anéantissant tout espoir de répartie. Et voilà qu'il était déjà presque vingt heure trente, que j'étais toujours torse nu devant mon miroir, que je devais me rendre au siège du Rassemblement National pour vingt-et-une heure, siège se trouvant à quarante minutes de mon appartement lorsque la circulation est favorable, et à une heure lorsqu'elle ne l'est pas. Et bien sûr, le tout accompagné des cernes pesantes de ma précédente nuit blanche.
Si je devais être honnête, je dirais que je n'ai pas le cœur à la fête. Ou du moins, à la prétendue fête. La dernière chose que je souhaite est d'aller me réjouir auprès des électeurs, de Marine, des caméras et des journalistes, tout cela sous le regard de Gabriel. Je ne veux pas l'imaginer lire les articles sur la défaite de son parti. Je ne veux pas, encore, que l'on nous mette en concurrence.
Je ne veux pas.
Je ne veux plus.
Je n'en peut plus.
Pourquoi ne peut-elle pas le comprendre ?
Pourquoi ne voit-elle pas que toute cette situation me rend malade ?
Pourquoi ne voit-elle pas que j'enchaîne les périodes où je me tue au travail et celles où je le rejette totalement ?
Pourquoi elle s'en tape ?
Pourquoi ?

Au delà du réel -2- [BARDATTAL]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant