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Comme lui avait indiqué Hermione, Minerva entra dans sa chambre une quinzaine de minutes plus tard en apportant deux fioles. Bellatrix l'attendait, allongée dans le canapé au couleur de serpentard, le regard vide, posé sur le plafond. Elle même se sentait complètement vide. Elle ne bougea pas à l'entrée de la professeur de métamorphose. Habituellement elle l'aurait fait, elle se serait redressée, aurait repris son air froid mais elle n'en avait pas la force. Les voix hurlaient toujours dans sa tête, elles hurlaient des choses atroces. Elle ne les supportaient plus. Mieux valait être envoyé à Azkaban que vivre avec cela le reste de sa vie, c'était à cela qu'elle pensait en boucle. Elle n'en pouvait plus de se battre constamment avec ses propres pensées mais elle ne se souvenait pas d'un seul jour où elle n'avait pas eut à se battre pour sa survie. Elle vivait avec ce poids depuis si longtemps qu'elle n'aurait jamais pensé trouver une échappatoire et maintenant qu'elle l'avait trouver, elle haïssait celle-ci.

Minerva essaya de l'appeler, plusieurs fois, Bellatrix l'entendait mais elle ne répondait rien. Elle était perdue et pour la première fois, elle ne pouvait pas le cacher, c'était trop dur, trop lourd. Son ancienne mentor vint s'accroupir près d'elle et lui tendit deux fioles. Elle lui en voulait toujours, mais elle n'avait pas non plus la force de l'envoyer balader, pas maintenant, alors Bellatrix lui lança simplement un regard interrogateur qui poussa l'autre sorcière à prendre la parole. La mangemort voyait dans son regard une inquiétude qu'elle n'avait pas vu depuis longtemps. Qui lui avait procuré un réconfort à un moment donné, un refuse qui lui manquait, mais elle ne pouvait pas oublier la trahison qui l'avait blessé et détruite presque plus que tout le reste. Plus que sa famille, que Rodulphus, presque autant qu'Azkaban.

«Une pour les blessures, l'autre pour t'aider à te calmer et dormir.

-Oh...

-Comment te sens tu?

-A ton avis?

-Pose des mots dessus Bellatrix.

-Je préférerais être morte que de continuer à vivre ainsi, dit-elle d'un ton bien trop détachée pour ce qu'elle venait de déclarer, avant de boire les deux fioles.»

Elle détestait la façon dont Minerva l'avait toujours obligée à poser des mots sur ce genre d'état. Elle savait que la femme en face d'elle essayait juste de la faire extérioriser tout ce qui avait besoin de sortir mais elle n'avait jamais été habituée à le faire et elle détestait ça.

«Qu'est ce qu'il s'est passé ce soir?»

Bellatrix haussa les épaules en gardant le silence. Qu'est ce qu'il s'était passé? Elle devait faire preuve de beaucoup plus de contrôle ici que dehors et l'après-midi avait été bien plus dure que les jours précédents. Les gryffondors n'avaient pas été les plus simples à canaliser, bien qu'elle s'y attendait forcément. Elle était habituée à canaliser sa rage à force mais certains mots blessaient plus que d'autres, certains rappels qu'elle préférerait ne pas avoir à vivre. Son nom de famille en faisait partie. Enfin... Le nom de son mari. Elle ne l'avait jamais accepté, à ses yeux, elle restait une Black avant tout. Elle ne supportait pas ce nom qui lui avait été imposé, cet homme, source de malheur et de destruction. Elle était supérieure à lui sur tout les points mais ne pouvait pas le montrer parce qu'il était un homme et elle une femme, le sexe faible apparemment. Si même à Poudlard, loin de lui, elle ne pouvait pas échapper à être sans cesse ramener à lui, elle se demandait quand elle le pourrait si ce n'est dans la mort.

Minerva jeta un regard vers la table ou ne trônait plus qu'une assiette de lasagne encore à moitié pleine. La mangemort avait quand même finit par en manger un peu. Il est vrai qu'après une crise son corps avait besoin de force, surtout après celle-ci qui avait été particulièrement violente alors que cela devait faire une semaine qu'elle n'avait pas mangé quoi que ce soit. Elle mangeait généralement peu ou pas certes, mais cela ne faisait qu'empirer la fragilité de son corps. Bellatrix avait eut bien du mal à rester impassible lorsqu'Hermione était partie déçue, mais elle avait finalement réussi, avec beaucoup de volonté. Elle était habituée à paraître toujours neutre ou folle, elle avait été formée à rester impassible et froide dès sa plus tendre enfance après tout.

Quand la haine embrasse la peurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant