Quand la haine embrasse la peur

1.

Quelques jours plus tard, le trio se trouvait dans le Poudlard express en direction de leur école, pour la septième fois de leur existence. Enfin plutôt sixième fois pour les deux garçons, après cette fameuse année où ils étaient arrivés avec la voiture du père Weasley. Harry avait acheté quelques chocogrenouilles pour lui et Ron, comme à son habitude. Hermione, quant à elle, était perdue dans ses pensées, comme très souvent depuis qu'ils avaient acheté leurs fournitures. Elle ressassait sans cesse son interaction avec les Lestrange. Ce jour là, encore sous le choc quand elle avait rejoint ses amis, la brune n'avait rien dit, comme les jours suivants, mais les deux garçons n'avaient rien remarqué non plus, bien trop occupés à admirer toutes les nouvelles inventions de Fred et George.

La fin de journée s'était déroulée normalement, et Hermione, bien que n'ayant pas oublié, pensait presque avoir imaginé cela. Après tout, qu'est ce que deux mangemorts pourraient bien avoir à faire dans la partie du chemin de traverse réservée aux besoins des jeunes sorciers? Cependant, sans savoir comment l'expliquer, le cauchemar qu'Hermione fit la nuit suivante, un cauchemar où elle revécut la scène, l'avait convaincu qu'elle n'avait pas imaginé tout ça. Cela lui glaçait le sang et la rendait constamment absente et beaucoup moins patiente. Elle pouvait s'énerver pour un rien et le sentait. Cependant elle refusait de se montrer si vulnérable, d'autant plus qu'elle aurait du s'expliquer sur son état et elle n'en avait aucune envie. C'est pourquoi le jour suivant, elle avait prétexté ne pas se sentir bien et était restée enfermée dans la chambre qu'elle partageait avec Ginny au terrier. Les quatre jours qui suivirent, elle tenta de reprendre une vie normale, sans rien laisser paraître, mais bien souvent ses pensées reprenaient le dessus et elle arrêtait de suivre des conversations en plein milieu. Elle ne prenait même pas la peine de répondre aux lourdes blagues de Ron sur le fait qu'elle devait avoir ses «trucs de fille». Sa meilleure amie, qui avait bien remarqué son état, s'occupait elle-même de répondre à son frère et Hermione l'en remerciait infiniment.

Chaque soir, la jeune griffondor repoussait le moment d'aller dormir, ne se sentant pas vraiment en sécurité au terrier, et encore moins pendant que tout le monde dormait. Et si Bellatrix cherchait à la retrouver? Elle n'aurait aucun mal à trouver et à détruire la maison des Weasley. Hermione était persuadée que, s'il n'y avait pas eu de représailles sur le coup, c'était uniquement pour laisser le temps à la mangemort de mettre en place sa vengeance. Une vengeance pour quelque chose qu'elle n'avait pas voulu, pas demander, que Rodulphus avait voulu lui imposer, en voulant lui arraché ce qu'elle avait de plus précieux, sa propre intimité, pour la laisser détruite et seule. Évidemment, elle avait déjà subit les sifflements où les hommes qui la suivaient dans la rue, en la prenant pour une cible facile sous prétexte qu'elle était une fille. Cependant, ça n'avait jamais été plus loin que cela et il s'agissait surtout du comportement d'hommes moldus, lorsqu'elle passait les vacances chez ses parents. Jusqu'ici, ça ne lui était jamais arrivé dans le monde des sorciers, où elle s'était toujours senti davantage en sécurité. Elle pensait qu'elle aurait eu le réflexe de sortir sa baguette mais quel sort lancer face à un mangemort beaucoup plus expérimenté qu'elle? D'autant plus qu'elle avait été totalement tétanisée de surprise et de peur. Quelques secondes avant de transplaner, ils étaient entourés d'un nombre incalculable de personnes, mais il faut croire que les sorciers comme Rodulphus n'en avait pas peur. En même temps, il est vrai qu'il semblait être très puissant. Moins que sa femme, certes, mais assez puissant pour ne pas se soucier de possibles représailles.

Aujourd'hui, dans le poudlard express, Hermione se sentait en sécurité pour la première fois depuis des jours. Des profs étaient présents à bord du train, et elle avait plus confiance en eux qu'en n'importe quels autres sorciers. De plus, l'école était protégée pour éviter la présence d'individus indésirables, enfin... excepté les profs de défense contre les forces du mal apparemment. Un soupir de soulagement faillit passer ses lèvres à la pensée d'être enfin en sécurité après plusieurs jours. A l'idée qu'elle pourrait enfin retrouver un sommeil paisible. Hermione retint ce soupire à temps pour éviter de devoir affronter les questions de ses amis. Elle avait bien trop peur que Bellatrix mette ses menaces à exécution si elle parlait à quiconque de sa rencontre avec le couple de mangemorts. La jeune sorcière vit alors les regards de ses deux meilleurs amis tournés vers elle.