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Je me suis tout bonnement endormie au téléphone. Il devait être 4h du matin, peut-être plus, j'ai complètement perdu la notion du temps. Je savais que le réveil allait piquer, mais pas à ce point, mais j'arrivais pas à raccrocher, je pense qu'on ne le voulait pas tous les deux.
J'effectue ma routine du matin au ralenti, et même ma douche froide ne parvient pas à me débarrasser de cette brûlure au niveau des yeux. L'idée de sécher le taff ne m'a jamais parue aussi attrayante et je mérite qu'on me félicite rien que pour être parvenu à ne pas y céder.
À ma pause du midi, je fais faux-bond à mes collègues pour aller me réfugier dans ma voiture. Je baisse mon siège au maximum, m'enroule dans mon plaid spéciale voiture et me sers de mon manteau comme coussin. Le nombre de fois où j'ai dormis dans ma voiture durant ma pause, je peux les compter sur les doigts de ma main, c'est révélateur de l'état de fatigue qui m'habitait. Mais visiblement j'en avais bien besoin et ça m'a donné le boost nécessaire pour survivre le reste de l'après-midi.
En fin de journée, sur le trajet du retour, je reçois un appel. Je souffle. Déjà que l'appel a interrompu ma musique, mais en plus, je constate que c'est un appel masqué. Eh vas-y, c'est quoi ces manière d'interrompre l'enjaillement des gens en mode Anonymous ?! Je raccroche bien vite pour continuer à m'ambiancer sur mon mix d'Amapiano. Arrivée à destination, je coupe tout et rassemble mes affaires, mais suis une fois de plus interrompue par le sonnerie de mon portable. De nouveau un appel manqué. Ce n'est pas dans mes habitudes, mais blasée et déterminée à insulter la personne, le robot, où je ne sais qui se trouvant à l'autre bout du fil, je décroche. Et comme à chaque fois que je réponds à un appel dont l'interlocuteur m'est inconnu, j'attends qu'il parle le premier.
C'est un silence qui m'accueille. Je perçois tout de même des sons naturels révélateurs d'une activité humaine comme le bruit du vent et celui d'une légère respiration. Je fronce de plus en plus les sourcils, en songeant à raccrocher; et commence même à joindre l'acte à la parole lorsque j'entends:
- Douss ?
Et je sens mon coeur cogner contre ma poitrine. J'y crois pas...
- Medhi ?
- Medhi: Douss c'est toi ?
C'est bien lui.
- Medhi: Putain Douss tu vas bien ?
J'hoche la tête, encore trop secouée pour répondre, et m'enfonce contre mon siège. Devant mon mutisme, il prononce à nouveau mon prénom. J'ouvre la bouche pour répondre mais la referme aussitôt.
- Medhi: Qu'est-ce qui y'a ? Parle moi !
- Rien rien...Je dis enfin. Purée, entendre sa voix après tout ce temps, c'est pas rien.
- Je suis désolée Medhi, les mots se bousculent hors de ma bouche.
- Medhi: Pourquoi tu t'excuses Douss ? Sa voix a changé, elle semble plus rauque encore, comme si elle aussi avait subi les affres de ses épreuves.
