Contes de fées pour petits et grands

Le Golem du Village Oublié

(Storytober - Jour 13 - Golem)

 Il était une fois, dans une vallée reculée enveloppée de brume, un village nommé Kibet. C'était un endroit autrefois vibrant de rires et de vie, où les fleurs éclataient de couleurs et l'air était parfumé par l'odeur des repas faits maison. Mais avec le temps, les villageois commencèrent à disparaître, un par un, jusqu'à ce que seul le silence persiste dans l'air.

Au centre de Kibet se dressait un golem nommé Gokke, une figure majestueuse faite d'argile et de pierre, façonnée par les mains d'un artisan dévoué nommé Tezo. Gokke avait été construit pour protéger le village, gardien des traditions et des souvenirs. Mais à mesure que les villageois partaient, Gokke restait, oublié et seul.

Les années passèrent et la nature reprit ce qui avait été vivant. La mousse envahit les jambes de Gokke, des lianes s'enroulèrent autour de ses bras, et des fleurs sauvages éclatèrent en teintes vives, tissant une tapisserie de couleurs sur sa forme immobile. Il devint une partie du paysage, un monument d'une époque révolue. Le golem restait immobile, son cœur d'argile éteint, alors que le monde autour de lui changeait.

Un jour, alors que le soleil perçait à travers les nuages, projetant des rayons chauds sur le village oublié, une brise légère se leva. Elle murmura des secrets du passé, tirant doucement sur les lianes qui enveloppaient Gokke. À ce moment-là, quelque chose au plus profond de lui commença à s'éveiller.

"Qu'est-ce que c'est que ce sentiment ?" pensa-t-il, son esprit vacillant comme une flamme rallumée. "Qu'est-ce qui m'appelle des profondeurs de mon sommeil ?"

Dans un tremblement puissant, Gokke se mit à bouger. Les lianes tombèrent et la mousse glissa de ses épaules tandis qu'il clignait des yeux pour la première fois depuis des années.

"Où suis-je ?" murmura-t-il, sa voix résonnant dans les rues désolées. "Qu'est-il advenu de Kibet ?"

Il fit ses premiers pas, et le sol se dérobait parfois sous lui, mais Gokke avançait, son cœur lourd de confusion et de nostalgie.

"J'ai été créé pour protéger," murmura-t-il en regardant autour de lui les maisons vides. "Mais qui vais-je protéger maintenant ?"

Les jours devinrent des nuits tandis que Gokke errait dans le village. Il explora les vestiges des rires et de l'amour : une balançoire oscillant dans le vent, un jardin envahi par les mauvaises herbes, et les échos lointains des rires d'enfants qui dansaient dans l'air. Pourtant, il pouvait sentir le poids de l'abandon dans chaque recoin, un silence hantant qui enserrait son cœur.

"Est-ce ainsi que l'on se sent quand on est oublié ?" se demanda-t-il à voix haute, sa voix lourde de chagrin. "Avoir une mission et pourtant être perdu dans le temps ?"

Un soir, alors que le soleil se couchait à l'horizon, projetant une lueur orangée sur le village, Gokke trébucha sur un banc usé par le temps. C'est là qu'il trouva une petite poupée en haillons, à moitié enfouie dans l'herbe. Doucement, il la ramassa, le tissu fragile s'effritant dans ses mains d'argile.

"Toi aussi, tu as été laissée derrière," murmura-t-il, une larme – si tant est que l'argile puisse pleurer – scintillant dans son œil. "Quelles histoires contiens-tu ?"

Il déposa la poupée sur le banc, un hommage aux enfants disparus de Kibet.

"Je vous garderai en mémoire," jura-t-il. "Je me souviendrai de vous tous."

Chaque jour, Gokke s'efforça de redonner vie au village, de raviver les souvenirs qui flottaient encore dans l'air. Il dégagea les chemins, s'occupa des jardins et chanta des chansons qui résonnaient dans les rues désertes. Pourtant, malgré ses efforts, le village restait silencieux, une ombre de ce qu'il avait été.

Un jour, alors qu'il réparait l'ancien puits, Gokke entendit un bruissement dans les buissons. Avec une lueur d'espoir soudaine, il se retourna pour voir une enfant qui l'observait, les yeux écarquillés, curieuse.

"Qui es-tu ?" demanda-t-elle, sa voix douce comme une mélodie dans le silence.

"Je suis Gokke," répondit-il, son cœur bondissant de joie. "Je suis le gardien de ce village. Je me suis éveillé pour le retrouver perdu, mais je ne renoncerai pas."

"Perdu ?" répéta la fille, un froncement se dessinant sur son front. "Mais plus personne ne vit ici. Ce n'est plus qu'un endroit pour les histoires."

"Chaque endroit a une histoire," répondit Gokke en s'agenouillant pour rencontrer son regard. "Et chaque histoire mérite d'être racontée. M'aideras-tu à les faire revivre ?"

Les yeux de la fille brillèrent d'émerveillement. "Je le ferai ! Je peux en parler à mes amis ! Je leur raconterai l'histoire de Kibet !"

Et ainsi commença une nouvelle ère. La fillette courut chez elle, le cœur rempli d'excitation, et bientôt, des murmures se propagèrent dans les villes voisines. Les enfants arrivèrent avec des rires, apportant des fleurs éclatantes pour orner Gokke et le village. Ils jouaient dans les rues, leur joie résonnant à travers les maisons autrefois silencieuses.

À chaque sourire et chaque éclat de rire, Gokke sentait son cœur se remplir. Les lianes qui l'enlaçaient autrefois se mirent à disparaître, remplacées par la chaleur de la connexion.

"Vous n'êtes pas oubliés," murmura-t-il au village, aux enfants qui avaient redonné vie à cet endroit. "Vous êtes aimés."

Au fil des saisons, Kibet se transforma. Ce n'était plus seulement un souvenir, mais un sanctuaire de rires et d'amour. Gokke apprit que l'abandon pouvait être guéri, que l'on pouvait retrouver un sens même dans la solitude la plus profonde. Peu à peu, de nouvelles personnes revenaient s'installer ici.

Et ainsi, le village prospéra, un témoignage de la résilience du cœur. Gokke se dressait fièrement parmi les fleurs, un gardien non seulement de Kibet, mais aussi des souvenirs qui vivaient dans chaque âme.

En fin de compte, ils découvrirent tous une vérité simple : être oublié n'est pas une fin, mais une chance de renaître dans les mémoires. Ensemble, ils forgèrent un avenir empli d'espoir, d'amour, et de la promesse de ne jamais être seuls.