Contes de fées pour petits et grands

Le cœur d'Ineo

 Il était une fois, dans une forêt isolée, où les arbres murmuraient des secrets au vent et où le clair de lune dansait sur les feuilles, une source cachée d'eau cristalline. Cette source n'était pas une source ordinaire ; elle était la demeure d'Ineo, un esprit de l'eau, doux et énigmatique. Ineo avait une forme humanoïde, mais son corps était fait de slime translucide et scintillant. Un nénuphar, orné d'une délicate fleur, reposait souvent sur sa tête, et il portait une tunique tissée de mousse aquatique.

Dans la poitrine d'Ineo, visible à travers sa peau scintillante, se trouvait un magnifique joyau rouge. Ce joyau, ressemblant à un énorme rubis, n'était pas simplement un ornement ; c'était son cœur, son noyau, la source même de son existence. Il pulsait d'une lueur douce et radieuse, témoignage de la magie ancienne qui l'avait créé. La lumière du joyau vacillait doucement, reflétant les émotions d'Ineo, projetant une lueur chaude et éthérée à travers son corps.

Les villageois du hameau voisin vénéraient Ineo comme une divinité, car il était le gardien de la source miraculeuse. Ils apportaient des offrandes de fruits et d'autres délices, espérant qu'il exaucerait leurs souhaits. Mais Ineo, bien que puissant, ne pouvait pas exaucer les souhaits. Son rôle était de protéger la source, un devoir qu'il avait rempli pendant d'innombrables âges. Les eaux de la source renfermaient des secrets anciens, leur véritable nature oubliée depuis longtemps, même par Ineo lui-même.

Malgré sa présence éthérée et l'adoration des villageois, le cœur d'Ineo souffrait d'une profonde solitude. Chaque jour, il observait depuis l'eau, les villageois s'approcher de la source avec leurs offrandes, les yeux remplis de crainte et de respect. Ils se croyaient indignes de converser avec un dieu, et ainsi, chaque fois qu'Ineo apparaissait pour accepter leurs dons, ils fuyaient, le laissant seul une fois de plus.

Le désir de compagnie d'Ineo était une tristesse profonde et inexprimée. Il aspirait à quelqu'un qui verrait au-delà de son extérieur mystique, quelqu'un qui resterait et parlerait avec lui, partagerait des histoires du monde au-delà de la source à laquelle il était lié, et peut-être même rirait ensemble. Le silence de la forêt, autrefois une étreinte réconfortante, était devenu un rappel de sa solitude. Il s'asseyait souvent près de la source, sa forme translucide scintillant au clair de lune, et rêvait d'un ami qui briserait le cycle sans fin de l'isolement.

Son cœur était lourd du poids des siècles passés dans la solitude. La révérence des villageois, bien intentionnée, ne faisait qu'approfondir son sentiment d'isolement. Il ne voulait pas être vénéré ; il voulait être aimé, être vu comme plus qu'un simple gardien de la source. Il aspirait à la simple joie de la compagnie, à la chaleur d'un sourire partagé et au réconfort d'un mot gentil.

Un jour, alors que le soleil se couchait à l'horizon et que la forêt était baignée dans le crépuscule, un jeune homme nommé Reece s'aventura jusqu'à la source. Il était différent des autres ; sa curiosité et son courage le distinguaient. Il avait entendu les récits de l'esprit de l'eau mais n'avait pas peur. Il s'approcha de la source avec un panier de fruits et appela doucement, "Ineo, gardien de la source, je t'apporte ces offrandes."

Ineo émergea lentement de l'eau, sa forme scintillant dans la lumière déclinante. Son cœur, le rubis dans sa poitrine, pulsait d'une lueur à la fois pleine d'espoir et de prudence. Il se déplaçait avec une douceur délibérée, craignant que tout mouvement brusque ne fasse fuir Reece.

"Merci, gentil homme," dit-il, sa voix semblable au doux murmure d'un ruisseau, teintée d'une pointe de vulnérabilité. "Mais je ne suis pas un dieu, seulement un esprit qui garde cette source."

Ses yeux, semblables à des saphirs liquides, regardaient Reece intensément, un mélange d'espoir et de peur tourbillonnant en eux. La pensée d'être laissé seul à nouveau était presque insupportable, et il priait silencieusement pour que cette fois, les choses soient différentes.