Il était une fois, à l'époque où le monde était encore une tapisserie d'eaux inexplorées et de terres sans maître, naviguait un pirate dont le nom résonnait comme le tonnerre à travers les sept mers. Elrad 'Le Défiguré', capitaine du redoutable navire Le Cri de la Sirène, était une légende, son visage une carte scarifiée de son sombre passé, et ses actes aussi tumultueux que les mers orageuses qu'il conquérait.
Son seul confident dans la solitude du commandement était Mistral, un perroquet aux couleurs si éclatantes qu'il semblait arraché à l'arc-en-ciel qui suivait la tempête. Mais Mistral était plus qu'il n'y paraissait ; il était le prince Mistral, héritier du trône du royaume perdu d'Eolande, ensorcelé par la malédiction d'un sorcier que seuls des actes de pure bonté pouvaient briser — un défi qui semblait insurmontable pour un homme comme Elrad.
La rencontre d'Elrad avec Mistral était aussi fatidique que fortuite. C'était un jour où le ciel était une toile de nuages menaçants, et la mer murmurait des secrets d'une tempête à venir. L'équipage pirate venait juste de jeter l'ancre près d'une île luxuriante et inexplorée, sa jungle dense promettant des trésors inouïs. C'était là, au milieu du feuillage émeraude, qu'Elrad tomba sur Mistral.
Le perroquet gisait blessé, une aile pliée sous un angle anormal, ses plumes vibrantes ternies par la douleur. Elrad, dont la vie était un témoignage de survie, ne voyait pas une créature à plaindre, mais un symbole potentiel de son propre esprit indomptable. Un perroquet, surtout un aussi exotique que Mistral, serait le compagnon parfait pour faire écho à sa réputation redoutable. Avec une tendresse bourrue qui le surprit lui-même, Elrad ramassa l'oiseau et retourna à son navire.
Au fil des jours devenant des semaines, la présence de Mistral devint autant une partie du Cri de la Sirène que le bois craquant et l'air salé. L'équipage s'attacha aux pitreries colorées du perroquet, et même Elrad trouva du réconfort dans la compagnie silencieuse de l'oiseau. Pourtant, le secret de Mistral pesait lourdement sur lui. Le sort qui liait sa langue était aussi solide que la malédiction qui lui avait volé sa forme humaine. Il ne pouvait parler de sa véritable identité, ni des actes de bonté qui le libéreraient.
Mistral, en prince astucieux, savait que pour inciter au changement chez un homme comme Elrad, il faudrait de la ruse et de la subtilité. Il commença à influencer les décisions du pirate avec de légères incitations — un cri ici, un battement d'ailes là — guidant Elrad vers des situations qui mettraient au défi sa nature endurcie.
Le premier acte de bonté vint lorsque Mistral feignit la maladie, poussant Elrad à chercher une herbe médicinale rare connue pour guérir tout les maux. Elrad, bien qu'il ne l'admettrait jamais, s'était attaché à la compagnie du perroquet. La pensée de perdre Mistral suscita en lui un sentiment d'urgence inhabituel. Commandant à son équipage de mettre les voiles pour l'île de Holan, le navire d'Elrad fendit les vagues comme une lame, poussé par les vents du destin et une compassion naissante qu'il n'avait pas encore tout à fait comprise.
À leur arrivée, ils ne trouvèrent pas le paradis intact de la légende, mais un village en proie à une épidémie. Les villageois, autrefois vibrants et pleins de vie, gisaient maintenant apathiques, leurs corps ravagés par un ennemi invisible. La vue qui s'offrait aux yeux d'Elrad était un miroir de la souffrance qu'il avait autrefois infligée à d'innombrables autres vies, et cela l'ébranla jusqu'au tréfonds de lui-même.
Guidé par les signaux subtils de Mistral, Elrad et son équipage s'aventurèrent au cœur de l'île, où l'herbe, connue sous le nom de Souffle d'Eolande, fleurissait sous la canopée des saules pleureurs. Ses pétales brillaient d'une douce luminescence, et son parfum était un baume pour l'âme. Ils cueillirent les herbes, suffisamment pour guérir Mistral et même plus.
VOUS LISEZ
Contes de fées pour petits et grands
FantasyQuelques contes que je m'amuse parfois à écrire. Il s'agira donc non pas d'une, mais de plusieurs petites histoires. Rappelez-vous qu'il s'agit de contes de fées. Pour les enfants et pour rêver. Oui c'est cours. Oui c'est irréaliste. Mais c'est exac...