HORIZON

73 8 3
                                    

Orage, tempête et pluies torrentielles. Maladie, malheur et famine. Déprime, rage et orgueil. J'en pleure.

Jours et nuits je perds mon sang froid en parcourant les mers, espérant retrouver terre. Ma terre. Là où j'ai tout laisser derrière moi. Là où je l'ai laissé lui.

Je refuse de croire en la fin, mais celle-ci semble bien trop prêt de moi. J'ai perdu la moitié de mon équipage et mes provisions sont maintenant indisponibles. Nous avons été pillés, sali et battu.

Mais je refuse de laisser tomber. Je dois continuer malgré tout. Malgré moi. Je lui doit au moins ça. Il me manque tellement, c'est pénible. J'ai un vide au milieu du torse depuis mon départ.

Les étoiles n'ont pas suent me montrer le chemin, ou bien c'est la vie qui me punit d'avoir pensé être assez fort et courageux pour cette quête.

J'ai tout gâché et maintenant j'en paye le prix. C'est déguelasse, mais je mérite tout. Ou peut-être pas. La vie est peut-être juste injuste.

—Capitaine, terre en vue!

—Arrête tes connerie Manas. La terre n'existe plus maintenant. Je dis simplement m'enfilant un énièmes shot de la dernière bouteille qui nous reste.

—Capitaine, terre en vue. Regarde. Il insiste, pointant l'horizon.

Horizon. Ce mot que j'ai appris à détester depuis le temps. Ce mot qui me donne envie de me jeter dans un bans de requins affamés.

Cependant, quand je regarde au loin, j'aperçois quelque chose qui ressemble bien trop au château de mon bien aimé.

Mon coeur bats tellement plus vite. Ma respiration se coupe et mes mains deviennent moites. Mon corps est pris de spasmes et mes paupières tremblent. C'est une hallucination. L'alcool dans mon sang me joue des tours, ça ne peut être que ça.

Pourtant, mon bateau bien abîmé avance bel et bien en direction de ma terre natale. Là où mon coeur est.

Je me tourne vers mon fidèle bras droit et sourit de soulagement. Il hoche de la tête pour apporter positivités à ses propos.

—C'est... Je- Argh! Je hurle de bonheur.

Après quatre ans et quelques mois, nous sommes enfin de retour. Le cauchemar est maintenant terminé.

Arrivé au port, je tremble juste à la pensée de poser un pied sur le sol. Je regarde une dernière fois mon restant d'équipage et fait mon discours de capitaine. Je ne tiens plus en place et eux non plus.

—Pas question d'attendre plus longtemps. Longue vie à vous! Sur ce mot de fin, ils partent tout en courant dans les rues bondées de monde.

Moi, je regarde l'horizon et crache toute la haine que j'ai envers celui-ci.

Après quelques minutes de marche, je suis enfin devant la demeure de mon coeur. Je le vois, avec une fleur à la main, sur son balcon. Il arrache les pétales une à une.

—Que t'annonce la dernière?

Son regard se pose sur moi et le monde s'arrête. Il n'y a que lui et moi. Yeux dans les yeux. L'euphorie que me procure ce moment est indescriptible. C'est mieux qu'un rêve.

—Sidjil.

—Maxime.

Il sourit de toute ses dents, puis rentre dans sa chambre. Je me dirige dans les jardins et le vois arriver en courant. Il saute dans mes bras en hurlant.

—Espèce de connard! Tu sais combien j'ai eu peur! Combien de fleurs j'ai épluché pour savoir si tu allais me revenir. Combien de nuits j'ai versé l'entièreté de mes larmes par peur que tu ne revienne jamais. Combien de fois je suis resté des heures à regarder l'horizon pour voir si ton navire était revenu au port. Sidjil, j'ai eu si mal! Ne me quitte plus, quitte à crever de faim ou de froid! Plus jamais tu m'entends!

—C'que je t'aime toi.

OSTOBER 2k24Où les histoires vivent. Découvrez maintenant