—Eli, ça fait trois fois qu'on passe devant cette putain de roche. Je soupire, déjà bien essoufflé.
—On tourne clairement en rond. Ajoute Sidjil.
—J'vous jure les gars, ça dit que c'est ici qu'il faut passer. Réponds le concerné, légèrement frustré.
—On comprend doudou, mais là, on en peu plus et la nuit va bientôt tomber. Lui explique Manas en s'accotant à un arbre.
Elian soupire une énièmes fois avant de laisser tomber son plan pas clair au sol. Il s'assoit sur la grosse roche et boude.
—Au pire, on installe les tentes ici, on se fait un p'tit feu de camp et demain matin on repart à la recherche de la fameuse chute. Qu'est-ce que vous en dites?
—Je suis d'accord avec Sid. Je dis en levant la main.
—Évidemment que t'es d'accord avec lui. Crache mon meilleur ami dans sa barbe.
—Elian, franchement! Manas fait les gros yeux, puis me regarde avec un air désolé.
Si il pense que c'est ça qui me blesse, il se trompe. Elian et moi sommes meilleurs amis et c'est pas pour rien. On se dit tout, sans filtre. Du coup je fais comme si je n'avais pas entendu, puis prend Sid dans mes bras et l'embrasse bruyamment à multiples reprises. Je sais que ça fait chier mon pote. Il me l'a dit, il n'est pas fan de mon mec. Cependant, je lui ai bien dit que je m'en battais les couilles. Personne ne pourra m'enlever Sid. De toute façon, il n'a qu'à pleurer dans les bras de Manas s'il est pas content.
—Ok, va pour faire le campement ici. Lance Elian, évidemment sur les nerfs.
C'est donc ce qu'on a essayé de faire pendant au moins une heure. Il commençait à faire noir et la chance n'étant pas de notre côté, les lampes de poche ne fonctionnaient pas. Sidjil a dû faire un feu afin d'éviter qu'on soit à l'aveugle.
—Max, je viens de trouver la pièce qui manquait. Dit mon copain, tout sourire, comme si ça ne faisait pas vingt minutes que je la cherchait.
Je lui lance mon meilleur regard tueur, puis souffle de déception. Je lui arrache des mains et défait le peu qu'on a monter pour remonter le tout, convenablement.
—Doudou, la tente elle va pas se monter tout seule. Arrête de bouder, pour l'amour du ciel et viens m'aider. S'exclame Manas, clairement à bout. En même temps, si les moustiques pouvaient être moins chiant cela aiderait beaucoup.
Le blond fait comme s'il n'avait pas entendu et reste dans son coin. C'est rare de le voir dans cet état, mais le connaissant c'est sûr, vu que c'est lui qui a tout organisé et que ça a foirer. On a beau lui dire que c'est pas grave, qu'on va continuer demain, qu'au moins on est en sécurité, tout le bla-bla, il veut rien entendre.
Ayant maintenant fini ma tente, je décide d'aller aider Manas. Il a l'air d'être tellement fatigué, c'est limite triste.
—Les mecs, j'vous jure. Je dis avec un tons sassy. C'est un gag entre nous deux de se parler comme ça quand nos mecs font un truc con ou chiant.
—Il a ses règles j'pense. Il chuchote en prenant les piquets.
—T'inquiète, demain il aura tout oublié. Et au pire, taille lui une bonne pipe et tu seras pardonné. Il me regarde mi-choqué mi-hilare par mes propos, puis me lance une brindille en criant à voix basse: « vilaine! »
Manas et moi avons enfin fini la foutue tentes, non sans s'être trompé plus fois et avoir rigolé fort, parce que c'était con. On s'est installé au bord du feu, mais quelque chose semble le perturber.
—Qu'est-ce qui y'a?
—Bah, c'est drôlement tranquille, tu trouves pas? À l'entente de cette phrase, on se regarde sous la réalisation, avec les grand yeux.
Les gars ont disparu.
Fin, ils ont pas disparu, on les entend juste plus. Ce qui est franchement bizarre.
—Sidjil? Je lance en regardant les alentours.
—Elian? Ajoute Manas.
On se lève de nos troncs d'arbres et on se met à les chercher. Je m'arrête quand j'entends le rire de mon copain. Je regarde Manas pour savoir s'il a aussi entendu et effectivement, il me fait signe de tête.
Après quelques minutes de recherche plus tard, je les aperçois plus loin du campement, assis sur des troncs d'arbres, avec les lampes de poches qui fonctionnent. Les deux rigolent en se montrant quelque chose que je n'arrive pas à voir vu la noirceur.
—Mais vous faites quoi bordel de merde? S'exclame le noiraud en s'approchant dangereusement d'eux.
—J'voulais pas qu'il soit seul, du coup je lui ai proposé de faire un échange de carte pokémon. Dit Sid en souriant.
Elian regarde son copain avec un grand sourire et lui montre ses nouvelles cartes.
—J'me branle! De un, Sid espèce de gogole, tu prends les seules sources de lumières qui reste pour des conneries pareille! De deux, vous vous éloignez sans rien dire et vous nous laissez galéré avec les putain de tentes de merdes! De trois, j'ai très envie de vous faire dormir à la belle étoile. Manas a balancer ça avec une rage si douce que ça en est inquiétant pour la suite.
—Max, dis quelque chose! Supplie mon amoureux.
Je pouffe et m'approche d'eux.
—Je suis tout à fait d'accord avec lui. Les gars, je savais que vous étiez bêtes, mais pas à ce point.
—Ouch. Chuchote mon meilleur ami.
—Maintenant, ramener vos fesses dans vos tentes et dodo. J'veux même plus vous entendre. Fini Nicolas en saisissant les lampes.
À deux, on retourne au feu et les gars nous suivent comme des enfants qui viennent de se faire chicaner par leurs parents.
—Pff, j'aurais bien aimé un p'tit vers de vin.
Je souris en coin et sort de ma poche un objet qui lui illumine le visage.
—C'est peut-être pas du vin, mais c'est quand même du bon. Je dis à voix basse pour ne pas alarmé mon copain.
—Wesh, mais t'es le best Maxou! Il prend le flasque et boit une gorgée.
Après près d'une heure à rigoler sous le ciel étoilé, Manas et moi décidons d'enfin aller nous coucher.
Le lendemain, on a encore tourné en rond, puis on s'est perdu. On a jamais trouvé la chute, mais au moins on a pu sortir de cette foutue forêt. Décidément, les randonné, c'est pas fait pour nous.