Azurite - Tome 1&2

𝟑. 𝐘𝐨𝐮 𝐭𝐡𝐢𝐧𝐤 𝐲𝐨𝐮 𝐜𝐚𝐧 𝐛𝐞𝐚𝐭 𝐮𝐬 ?

Jane

Les papiers inondent mon bureau, c'est un supplice. L'heure de la ronde sonnera bientôt, je pourrai faire une petite pause bien méritée. En attendant, je signe des rapports des autres camps afin de prendre connaissance en permanence des missions en cours, effectuées et celles qui ont réussi ou non. Nous devons être en permanence au courant de ce qu'il se passe dans le pays, même au-delà de notre province. Je ne sais pas s'ils espèrent que nous retenons l'objectif de chaque mission, des criminels arrêtés ou abattus, mais je ne les retiens jamais. Mon attention est demandée ailleurs, et même si j'essaie toujours de lire ces rapports avec attention, je ne m'affaire jamais à retenir les informations inscrites dedans.

En devenant capitaine, j'ai été secouée par la montagne de travail. Prendre en charge une escouade, c'est sûrement le plus facile, ou le plus agréable. Sauf en mission, j'ai littéralement leur vie entre mes mains, une erreur peut leur être fatale. Et c'est épuisant. J'aime la relation que j'entretiens avec eux, on se parle aisément. Ils ont confiance en eux et en leurs capacités, et n'hésitent jamais à me le rappeler, même si je suis leur supérieur.

Parce que ça va au-délà de ça : je ne suis pas seulement quelqu'un qui les fait suer et qui leur donne des ordres, je suis leur boussole, leur guide, leur pilier. Ils se réfèrent à moi pour la majeure partie des décisions à prendre.

Alors oui, ça fait peur, et c'est fatiguant, mais qu'est-ce que j'aime ce travail et ces soldats.

Lison est organisée, mais le roi là-dedans, c'est Mike. On n'est pas très proches, mais j'ai appris à l'apprécier et à ne pas le voir comme un danger. Parce que chaque inconnu, chaque homme, représente un danger.

C'est lui qui est venu vers moi, plusieurs fois, toujours de façon très amicale et douce, malgré mon comportement à mon arrivée ici. Mike trie chacun de ses documents avec minutie. Il les trie par province, puis par camp, du plus ancien au plus récent, dans des classeurs de couleurs. Une étagère entière y est dédiée, et bien que ce soit énorme, on s'y retrouve plus ou moins facilement. Il a pris un temps fou à trier mes propres documents, que je rangeais maladroitement dans des tiroirs, sur un coin d'étagère...

Le prochain document que j'attrape est le récapitulatif de notre prochaine mission : une bande de gangsters connus pour du trafic de drogue, notamment du MDMA, aussi appelé ecstasy, s'est installé dans un vieil entrepôt.

J'ai pris l'habitude de souligner et d'entourer les choses qui me semblent importantes, afin de pouvoir en parler lors de nos réunions, et donc de pouvoir trouver le meilleur moyen de réussir cette mission.

À vingt-trois heures quinze, peu après l'heure du couvre feu, je m'étire longuement et sors de mon bureau. Je passe d'abord par le réfectoire, puis je vais jeter un œil dans la salle de repos.

Ryo, Ally, mes soldats, et certains des escouades de Lison et Mike sont en pleine partie de carte autour de la grande table ronde.

— Les gars, c'est l'heure là. Demain c'est ménage, je rappelle.

— On y va capitaine, désolé, s'empresse de dire Ryo en ramassant les cartes à la hâte.

J'acquiesce et ferme la porte derrière moi.

Aucun autre soldat en vue, alors je m'accorde une vraie pause. Je récupère mon livre dans ma chambre et sort du chalet. J'entre tranquillement dans l'écurie et escalade les marches dissimulées au fond. Je soulève la trappe et me retrouve sur le toit plat de l'écurie. Le bâtiment est en pierre, et des boxes ont été construits en bois à l'intérieur.