Azurite - Tome 1&2

𝟏𝟏. 𝐋𝐢𝐬𝐭𝐞𝐧 𝐭𝐨 𝐰𝐡𝐚𝐭 𝐲𝐨𝐮𝐫 𝐢𝐧𝐭𝐮𝐢𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐢𝐬 𝐭𝐫𝐲𝐢𝐧𝐠 𝐭𝐨 𝐭𝐞𝐥𝐥 𝐲𝐨𝐮

Camp militaire de Red Deer, début mars 2006, Alberta

Jane

Pour ce deuxième jour de repos, j'ai décidé de rattraper mon retard d'hier en courant. Je culpabilise un peu d'avoir passé l'après-midi à roupiller contre un arbre, alors un peu d'exercice en plus ne me fera pas de mal. Un short large et un t-shirt enfilés, j'emprunte le couloir du rez-de-chaussé pour me rendre au bureau de Lison. Je toque plusieurs fois, mais aucune réponse ne se fait entendre. J'entre-ouvre la porte, prête à la refermer au besoin.

— Lison ?

J'aperçois ses cheveux châtains et sa blouse blanche derrière sa table de laboratoire et entre complètement.

— Bonjour ! Qu'est-ce que tu fais ? je lui demande, enthousiaste, la voyant farfouiller dans différentes boîtes.

Complètement enfermée dans sa bulle, elle ne répond pas. Ses sourcils sont froncés et son corps semble tendu, traduisant sa concentration obsessionnelle. Elle passe ses tiroirs et ses boîtes au peigne fin. Je pose doucement ma main sur son épaule pour lui signifier ma présence physiquement.

— Lison, ralenti la cadence. Dis-moi ce que tu cherches je vais t'aider.

— Oh Jane, c'est toi ! Pardon, j'étais complètement dans mes pensées.

Elle me remarque enfin et m'étreint énergiquement.

— Je cherche un échantillon d'hysope.

— Qu'est-ce que c'est ?

— C'est une plante qu'on ajoute dans les infusions pour soulager la toux par exemple, apparemment ça marche du tonnerre, mais je voudrais l'observer avant.

— Dis-moi à quoi ça ressemble je vais chercher avec toi.

Elle me décrit alors une fleur aux couleurs violettes et bleues que nous parvenons finalement à retrouver après avoir fouillé toutes ses boîtes d'échantillons.

— D'ailleurs, pourquoi tu étais venu me voir initialement ?

— Ah oui, me rappelant la raison de ma venue, je voulais savoir si tu voulais venir courir avec moi.

Lison ne répond rien, mais aborde une expression de dégoût. Je devrais le savoir depuis le temps, mais je ne peux pas m'empêcher de lui demander régulièrement quand même. Lison adore le corps à corps et évidemment le sport en général, mais elle a la course à pied en horreur. Non pas qu'elle soit mauvaise, elle n'aime tout simplement pas ça.

— Bon, j'aurais au moins essayé !

Un petit rire sort d'entre mes lèvres.

— Désolée, Jenny !

Elle se gratte l'arrière de la tête, un peu gênée de refuser chaque fois que je lui propose de courir avec moi. Je lui tape amicalement l'épaule et la rassure avant de quitter son bureau en lui souhaitant bon courage pour ses tâches de la journée.

En poussant la porte du grand chalet, je remarque mon soldat le plus insubordonné adossé contre un arbre à une centaine de mètres, près de la piste de course entourant notre habitat.

Je ne crois pas qu'il m'ait vu, il semble plongé dans la lecture d'un roman. En échauffant mes genoux, je viens à me demander s'il a les mêmes problèmes que j'avais. A-t-il appris à lire et à écrire ? Est-ce qu'il est en train de s'entraîner ?