Azurite - Tome 1&2

𝟐𝟏. 𝐈 𝐡𝐨𝐩𝐞𝐝 𝐭𝐨 𝐝𝐢𝐞 𝐛𝐞𝐢𝐧𝐠 𝐲𝐨𝐮𝐫 𝐝𝐚𝐮𝐠𝐡𝐭𝐞𝐫

Camp militaire de Red Deer, fin juin 2006, Alberta.

Jane

Toujours terré dans son bureau, je n'ai aucune peine à trouver Lewis lorsque j'ai besoin de lui. Si Lison me rassure et m'épaule au quotidien, Lewis est mon roc, sa validation m'est nécessaire. Je ne cherche pas réellement à comprendre le pourquoi du comment, c'est comme ça.

Il est le père que je n'ai pas eu.

Je suis la fille qu'on ne lui a pas donné.

Notre prochaine mission ne saurait tarder, et je m'arrache les cheveux pour trouver un plan parfait. Heureusement, je ne travaille pas seule. Chacun met beaucoup d'énergie dans la préparation des missions.

Nous recevons toutes les informations, mais c'est à nous de la planifier. Nous y réfléchissons dans un premier temps seul, nous avons besoin de mobiliser tout le potentiel de chacun. Après deux réunions entre nous, pour échanger nos idées, nos craintes, nos théories, nous convoquons tous les soldats qui seront présents à cette mission pour qu'eux aussi, participent à cette préparation.

Mais je ne peux m'empêcher d'aller demander l'avis de Lewis avant ces réunions. D'autant plus que notre prochaine mission m'angoisse plus que les autres.

Parce que nous devrons aller sous terre.

Parce que Levi sera là, et que ce n'est que sa troisième mission.

Sous terre, le danger n'est pas le même. Il fait noir, nous devons utiliser des lunettes à vision nocturne et être d'un silence irréprochable, bien plus que d'ordinaire. L'obscurité est la pire des choses, même si tu entends le danger arriver, tu ne le vois pas, et même si ces lunettes nous aident énormément, ce n'est pas comparable à la vision en pleine lumière. Nous sommes coincés sous terre, avec très peu d'issus de secours, la vigilance est le mot d'ordre.

Nous devrions nous entraîner davantage dans l'obscurité. En plus de normaliser ce type d'environnement pour le corps et le cerveau, c'est une incroyable façon de développer l'ouïe et le sixième sens humain.

Mon papier sur lequel j'ai griffonné toutes sortes d'idées et de questions dans les mains, je frappe trois coups secs à sa porte. Sa voix rauque m'invite à entrer et je pénètre dans son bureau en le saluant.

Ses murs sont rouges sombres, cachés par de nombreux meubles et tableaux. Un petit marteau à la main, il tapote sur un clou, perçant le mur. J'avance et saisit l'un des cadres posés sur son bureau.

— Hey, c'est nous en camping il y a six ans ! je m'écrie en me remémorant ces quelques jours.

— J'ai pensé qu'il serait bien de les accrocher, même si ce ne sont pas les meilleures photos.

— Tu fais bien.

— Regarde si tu veux, il y a en d'autres, m'encourage-t-il en continuant à enfoncer des clous au mur.

— Oh je rêve ! Vous m'avez prise en photo pendant nos entraînements ! je râle en découvrant le cliché.

On me voit, rampant dans la boue, Lewis me criant dessus en arrière-plan.

— Ah, c'est Lison ça, affirme-t-il en balançant notre collègue sans scrupules, accompagné d'un petit rire.

— C'était l'un des premiers, si je me rappelle bien, je réfléchis en me tournant vers lui.