Maxine
Couchée derrière ma lunette de visée, je guette les mouvements de nos ennemis. En planque depuis deux semaines, à traquer chaque brin d'herbe pourri jusqu'à la moelle après que le joujou du prêtre est enfin trouvé la cible. Je ne pensais pas que j'allais effectuer son contrat finalement. Mais bon, avant d'attaquer le gros gibier, on s'occupe de la petite vermine, histoire de foutre les boules au saint Graal.
Deux équipes. Une en France composée de la perche, la tong et le boss. Leurs missions : traquer les Coréens sur le sol de la baguette de pain, et des croissants aux fromages, ainsi que Léon qui s'est volatilisé après son appel.
Mon ventre gargouille à la pensée de la bouffe. En même temps, ça va faire six heures que je suis allongée, sans pouvoir manger ni m'en griller une. Je craque mon cou et tourne mes épaules avant de vérifier ma lunette. Le cousin germain de la tante du fils de l'arrière-grand-père remontant dans la généalogie de la mafia italienne au quatrième degré du père et du Saint-Esprit... bref un merdier pas possible, reste toujours hors champs de vision. Petit saligaud.
Ma tête tombe en avant. La fatigue m'étreint et bien évidemment, ce n'est pas avec l'équipe que je me trimballe que je peux me reposer. Franck, le curé et moi, ont stationnent actuellement aux States, plus précisément à Dallas, mon univers impitoyable. Mes yeux se ferment. Mon cerveau part en vrille, besoin d'une pause.
Je me mets à quatre pattes et range mon matos. Le conduit d'aération bien que large reste étroit. Mon corps glisse jusqu'à la grille où je me suis faufilé, puis descend dans le cagibi. Un petit coup d'œil dans le couloir en vérifiant qu'il n'y a personne, puis vêtu d'une tenue de femme de chambre, je déplace le chariot de ménage avec ma mallette à l'intérieur. Baisse la tête en croisant les clients, sors de l'hôtel « le Ritz-Carlton », puis me dirige vers l'hôtel Zaza. J'aurais peut-être une meilleure vue sur la cible qui se planque dans son casino.
J'en profite pour me griller une clope sous le soleil de plomb quand mon téléphone se met à sonner. J'attrape mes écouteurs dans mon sac et réponds d'un air grincheux :
— Quoi ?
— Tu n'as toujours pas réussi à le canarder ?
Je ferme les yeux.
— Et de votre côté ? demandé-je en tirant sur ma cigarette.
La perche rit au bout du combiné. J'en conclus qu'ils s'en sont donné à cœur joie.
— On vient de nettoyer la deuxième cellule, répond-il fier.
Mouais, j'ai du pain sur la planche pour rattraper mon retard. Mais ce n'est pas avec les deux boulets que je me traîne que j'avance.
— Le boss m'a dit que tu avais semé le prêtre et son homme de main.
Un sourire narquois se dessine sur mon visage.
— Ils sont trop lents sur le terrain, répliqué-je en écrasant ma cigarette.
Il soupire. Les States restent mon terrain de jeu. Je me fonds mieux dans le décor en solitaire qu'accompagné. De plus, je les ai mis dans un endroit que Léon ne connaît pas, ce qui les protège d'une éventuelle attaque s'il se manifeste.
— Max...
Fichtre, il va me faire la morale.
— Je sais, je sais, nous sommes dans le même camp le temps de cette petite guéguerre et après on pourra s'envoyer en l'air sur les cadavres laissés derrière nous et faire chier Gertrude, rié-je ironiquement.
— Le boss atterrit dans l'après-midi, répond la perche après un temps de silence.
Diantre !
L'appel coupe. Je m'arrête de marcher. Que fait papa ours sur le sol américain ? Ce n'était pas prévu au programme ça. Je regarde le casino à côté de moi, fronce les sourcils, mords l'intérieur de ma lèvre supérieure. Il y a un truc qui cloche.
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Game of Shadows - en cours
RomanceElle, c'est Maxine, une ombre insaisissable, allant d'un contrat à l'autre. Elle travaille dans un bar en banlieue de Paris jusqu'à ce qu'on pose sa carte sur le comptoir pour des services beaucoup plus particuliers. Aux yeux des hommes qui l'emploi...