𝑳𝒆𝒔 𝑶𝒎𝒃𝒓𝒆𝒔 𝑫𝒖 𝑫𝒆𝒔𝒕𝒊𝒏

L'ombre du danger (TW)

Ailee

Le ciel s’était assombri, les nuages menaçants gonflant à l’horizon, lorsque je décidai de quitter la chaleur étouffante du château. Le poids de mes pensées, sombres et agitées, compressait ma poitrine, me coupant presque le souffle. J’avais besoin de lui. De son rire éclatant, de sa présence rassurante, celle qui pouvait faire fondre les ombres comme la lumière au petit matin. Evan. Seul lui pouvait chasser ce voile d’angoisse qui obscurcissait mon esprit.

Mes pas résonnaient dans la cour pavée, martelant le silence pesant de la fin de journée. L'air frais m'enveloppait, me piquant les joues, mais je ne trouvais aucun réconfort dans cette morsure glacée. Je me dirigeai vers les écuries, espérant y trouver Evan, occupé comme à son habitude à soigner les chevaux, sa silhouette familière inclinée sous la lumière pâle des lanternes.

À peine avais-je franchi le seuil de l’écurie que l’ombre froide de l’endroit m’engloutit, et un frisson me parcourut. Le doux parfum de paille fraîche et de cuir vieilli m’entourait, habituellement si rassurant, mais aujourd’hui insuffisant pour apaiser l’agitation en moi. Les hennissements des chevaux me parvenaient, entrecoupés de leurs mouvements dans les boxes, créant un écho à la fois familier et étrange dans le silence. Je laissai mon regard errer à travers la pénombre, espérant apercevoir la silhouette d'Evan.

“Evan ?” Mon appel résonna doucement, se fondant dans le murmure du vent qui s’engouffrait par les fenêtres hautes, mais seul le silence me répondit.

Les ombres s’étiraient dans l’écurie comme des doigts, couvrant les recoins et transformant chaque objet en forme menaçante. Je continuai d’avancer, parcourant les boxes un à un, scrutant chaque centimètre. Un étrange pressentiment s’installait en moi, et je ne pus m’empêcher de jeter un regard derrière moi, pour m’assurer que j’étais seule. Mon cœur accélérait, battant contre ma poitrine comme un oiseau prisonnier.

Puis, je m’arrêtai devant un box vide. Le bois usé, les traces des sabots encore marquées dans la paille, la lumière douce de la lanterne qui vacillait… tout semblait ordinaire, mais un malaise profond me saisit. Je me penchai, laissant mon esprit divaguer à travers mes pensées sombres, jusqu’à ce qu’un mouvement me ramène brusquement à la réalité.

Quelqu’un se tenait là. Un homme, une silhouette sombre que je n’avais jamais vue, se découpait dans la pénombre. Il se tenait en silence, son visage impassible, presque inquiétant. Son regard, dur et froid, me fixait avec une intensité qui me fit reculer d’un pas. Un frisson d’angoisse me parcourut, glacé et tranchant.

Je fis un autre pas en arrière, la peur serrant mon estomac, mais déjà il avait saisi mon poignet d’une main ferme, ses doigts de fer m’enserrant comme un étau.

"Où crois-tu aller, princesse ?" Sa voix était basse, rauque, teintée d'une menace sourde, presque murmurée, mais chaque mot frappait mon cœur comme un coup de tonnerre.

Je me débattais, mais son emprise était implacable, me maintenant dans ce coin d’ombre, là où aucun secours ne pourrait me trouver. Mon cœur battait à la chamade, une terreur glacée me paralysant. Je cherchai des yeux une issue, une porte ouverte, un espace pour m'échapper, mais il avait refermé la porte du box, et l'écurie entière semblait rétrécir autour de moi, comme si les murs eux-mêmes se resserraient pour m'étouffer.

"Laisse-moi partir," murmurai-je, ma voix n’étant plus qu’un souffle tremblant, éraillée par la peur.

Il ne répondit pas, son regard dur s’intensifiant, et sa main se resserrant encore plus autour de mon poignet. J’étais comme figée, chaque fibre de mon être figée sous le poids de cette peur qui me tenait captive. Les souvenirs des sourires d'Evan me revinrent en mémoire, et je réalisai combien j'avais besoin de lui, de sa force, de sa lumière. Je fermai les yeux, espérant que cette vision suffirait à me protéger, mais la réalité me rattrapa brutalement. Je me trouvais là, piégée dans l'obscurité de cet endroit que j'avais toujours considéré comme un refuge.