Épilogue

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AILEE

Il y a quelque chose de magique dans ce que nous avons trouvé, un endroit que nous avons façonné à notre image, tout en douceur et en lumière. La maison en bord de campagne, entourée de champs d'herbes hautes qui ondulent sous la brise, est devenue notre refuge. Chaque fenêtre s'ouvre sur un paysage changeant, chaque recoin porte notre histoire, notre amour. Le temps semble s’y suspendre, comme si nous étions à l’écart du monde, dans un autre espace, un autre souffle.

Kenna et moi avons fait de cet endroit un sanctuaire. Nous vivons notre amour avec une liberté qu’il nous a fallu longtemps conquérir. Il n'y a plus de murmures de honte, plus de peur. Nos journées sont rythmées par la peinture, les couleurs vives qui se mêlent sur nos toiles, par la musique qui s’échappe des pianos et des instruments, par nos mots écrits à l’encre noire qui prennent forme dans des carnets en cuir.

-Tu sais, Ailee, me dit Kenna en ajustant un pinceau dans ses mains, je crois que l'on pourrait rendre ce paysage encore plus beau, plus vibrant, si l'on peignait encore un peu plus... ensemble.

Je lui souris, posant ma main sur la sienne, nos doigts se frôlant.

- Tu as toujours ce talent pour voir la beauté là où d'autres ne voient que l'ordinaire. Peut-être qu’un jour, quelqu’un verra cette maison comme nous la voyons.

Elle rit doucement, et je me perds dans ses yeux, comme si je venais de la redécouvrir pour la millième fois.

Notre quotidien est une danse tranquille de gestes tendres et d’échanges silencieux. Nous avons une petite fille maintenant. Elara. Elle est le rayon de soleil qui éclaire notre monde, un cadeau tombé du ciel, offert par la vie après toutes ces années de doute. Sa mère n’avait pas la stabilité nécessaire pour s’occuper d’elle, et dans son regard d’enfant, je vois parfois une mélancolie qu’elle cache avec un sourire innocent. Mais elle est chez nous, elle est en sécurité, et nous l’aimons comme notre propre fille.

-Regarde, mon amour, me dit Kenna en nous rejoignant sur la terrasse, Elara dans les bras. Elle a dessiné son premier cœur. Pour toi.

Le petit dessin est maladroit, mais parfait. Un cœur plein de simplicité et de tendresse. Je prends Elara dans mes bras, sentant son souffle contre mon cou, et je murmure :

-Je te promets de t’aimer, de te protéger, comme je protège ta maman.

Le vent de l’automne s’engouffre dans nos cheveux, et je vois Elara regarder les feuilles tomber, émerveillée. La beauté de ce moment est un calme profond, un abri contre tout ce qui pourrait nous faire vaciller.

Nous sortons souvent en plein air, à la campagne, explorant les bois, écoutant le chant des oiseaux. Les longues promenades à travers les champs de blé doré sont des moments de bonheur pur, des instants volés à la routine, où nos pas se mêlent aux siens, et où nous ressentons l’unité de notre petit monde. Kenna tient toujours ma main, son sourire une promesse de bien-être.

Les nuits sont notre secret, notre domaine à nous seules. Nos corps s’unissent avec une fièvre d’amour qui ne faiblit jamais. Chaque baiser, chaque effleurement est un écho de tout ce que nous avons vécu et ressenti.

-Je t’aime, Ailee, me murmure Kenna, le souffle chaud contre ma peau, ses mains glissant sur mon corps avec une tendresse fiévreuse.

-Je t’aime aussi, plus que tout, lui réponds-je, ma voix rauque.

Et dans la chaleur de notre amour, je sais que tout ce que j’ai toujours désiré est là, dans cette chambre, dans cette vie que nous avons construite ensemble.

Evan et Célya passent par ici environ une fois par mois. Leur mariage a été un jour de joie pour nous deux. Célya est radieuse, son ventre arrondi par la promesse d’un futur tout neuf. Elle parle souvent d’Angleterre, de s’y installer, de nous y rejoindre un jour.

-Je crois qu’il est temps pour nous de vous rejoindre dit Evan en riant, les yeux brillant de malice.

-Je le sais, lui répond Kenna, un sourire espiègle aux lèvres. Vous serez toujours les bienvenus ici. La maison est grande pour tout le monde.

Et je sais qu’elle a raison. Ils viendront, ils s’arrêteront, mais ils ne pourront jamais nous emporter ce que nous avons ici, ce petit monde fait de musique, de peinture, de mots et d’amour. Un monde à nous, un monde qui ne cessera de grandir.

Je regarde Kenna, elle s’approche de moi et me prend dans ses bras.

-Un jour, Elara verra cette maison et saura qu'elle est l'une des racines de notre amour. Elle grandira avec cette force.

Et je l’embrasse, car tout est dit, tout est là, à portée de cœur. Oui, nous vivons notre amour, et nous le vivrons jusqu’à la fin des temps.

Dans l'éternité d'un regard, nous avons trouvé l'infini, et dans les bras de l'autre, un refuge où le temps n'existe plus. L'amour, tout comme la vie, ne se mesure qu'en moments partagés.

Pour tous les amours interdits, maudits par les regards du monde, mais qui brillent en silence, éternels et indomptables, dans le secret de ceux qui osent aimer malgré tout.

𝑳𝒆𝒔 𝑶𝒎𝒃𝒓𝒆𝒔 𝑫𝒖 𝑫𝒆𝒔𝒕𝒊𝒏 Où les histoires vivent. Découvrez maintenant