𝑳𝒆𝒔 𝑶𝒎𝒃𝒓𝒆𝒔 𝑫𝒖 𝑫𝒆𝒔𝒕𝒊𝒏

Souffle d'automne

Ailee

Le matin s’éveillait, et les premières lueurs de l’aube filtraient à travers les rideaux en tissu fin de ma chambre. La lumière douce caressait les murs de pierre et dessinait des ombres délicates, presque éthérées. Je restai un moment allongée, savourant la tranquillité, écoutant les battements lents de mon cœur qui s’accordaient à la respiration paisible de Kenna, toujours endormie à mes côtés. Ses cheveux sombres, éparpillés sur l’oreiller, brillaient faiblement sous le halo doré du soleil naissant. Ses traits étaient détendus, la sérénité du sommeil adoucissant la force qui émanait d’elle lorsqu’elle était éveillée.

Je me redressai doucement, prenant garde à ne pas troubler ce calme fragile. Le froid du matin mordit ma peau, mais l’excitation qui m’habitait était bien plus chaude que la morsure de l’air glacial. Aujourd’hui était le 23 novembre, l’anniversaire de Kenna, et j’avais tout organisé pour rendre cette journée inoubliable.

Je me penchai pour déposer un baiser léger sur son front, et elle s’éveilla lentement, ses paupières papillonnant comme des ailes de papillon. Ses yeux d’un bleu intense rencontrèrent les miens, encore embrumés par le sommeil, mais un sourire naquit bientôt sur ses lèvres, plus radieux que n’importe quel lever de soleil.

- Comment se porte la reine du jour ?  murmurai-je, ma voix tremblant d’émotion.

Elle m’observa un instant, ses yeux brillants d’une lueur qui semblait éclairer mon âme entière.

- Fort bien répondit-elle. Je lui pris la main, entrelaçant nos doigts, et je la sentis frémir légèrement, mais non pas de froid.
Habille-toi chaudement, ajoutai-je, un sourire espiègle au coin des lèvres. Je t’ai réservé une journée pleine de surprises.

Elle haussa un sourcil, curieuse, mais se leva sans poser de questions. Nous nous vêtîmes rapidement, elle enfilant une robe chaude aux tons de bleu profond, et moi une cape doublée de fourrure pour affronter la fraîcheur du matin. Ses joues rosies par le froid étaient ravissantes, et je devais me retenir de la contempler trop longtemps, tant sa beauté me coupait le souffle.

Nous descendîmes ensemble les escaliers de pierre menant aux cuisines. Une chaleur réconfortante nous enveloppa aussitôt, et une odeur enivrante nous accueillit : celle des muffins tout juste sortis du four, mêlée aux arômes sucrés du caramel et des pommes. Erin s’activait, ses mouvements précis et ses mains expertes disposant les derniers muffins sur un plateau en argent.

-Joyeux anniversaire, mademoiselle Kenna, dit-elle avec un sourire radieux, ses joues empourprées par la chaleur du feu.

Elle posa devant nous deux tasses fumantes de chocolat chaud, généreusement garnies de crème fouettée et saupoudrées de cannelle. Les volutes de vapeur s’élevaient, dessinant des arabesques dans l’air, et je ne pus m’empêcher de sourire devant l’expression de bonheur de Kenna.

Elle porta une tasse à ses lèvres, savourant le chocolat avec un soupir de contentement, et je me surpris à mémoriser chaque détail : la manière dont ses yeux se fermaient brièvement de plaisir, la douceur de son sourire, l’éclat de ses cheveux à la lumière dansante du feu. Je l’aimais. Cette certitude se renforçait à chaque instant.

Après avoir dégusté ces douceurs, Erin nous remit un panier en osier soigneusement garni de collations : des fruits confits, des tranches de pain aux noix, des petits fromages parfumés aux herbes, et des biscuits dorés. Le panier sentait bon la promesse d’un pique-nique en plein air, et je le pris en remerciant chaleureusement Erin, qui nous adressa un clin d’œil complice.

Main dans la main, Kenna et moi traversâmes les corridors du château, nos pas résonnant doucement sur le sol de pierre. Le ciel était clair, d’un bleu pur, et l’air vif avait ce parfum caractéristique de l’hiver approchant. Nous arrivâmes aux écuries, où nous attendaient Evan et Célya. Les chevaux, impatients, piaffaient doucement, leur souffle formant des nuages blancs dans l’air glacial.