Chapitre 11 NICOLAS

2 0 0
                                    


Tout le monde était parti se coucher, mais Nicolas et Bruce restaient près de moi. Nous avions beaucoup à discuter, et j'établis une bulle de silence autour de nous.

Nicolas commença le premier :
« Tu peux endormir tous les autres, mais pas moi. Je marcherai près de toi. »

« Ce sera dangereux, » répondis-je. « Il y a beaucoup de chariots, de gens et d'animaux avec toi. Quand nous sommes passés la première fois, je n'avais que vingt-cinq humains et quelques animaux, répartis sur onze chariots. Et nous étions quatre protecteurs. »

« Je sais qu'ils sont nombreux. J'en ai ramassé pas mal en cours de route, et nous avons ramené tout ce que nous pouvions, en matériel et en bétail. Ce n'était pas une partie de plaisir, parfois j'en aurais bien bouffé un ou deux. »

« Je dois marquer les bêtes qui tirent vos chariots et celles qui suivent pour les faire avancer sur la route sans s'arrêter. Nous devrons aller très vite... »

« Ne t'en fais pas, je vais aussi vite que toi. Il y a mes nouveaux petits frères là-haut, j'ai hâte de les voir. »

Bruce intervint :
« Tu n'as pas muté comme nous, mais tu es différent des autres. Je sais que tu iras vite. Quand nous serons arrivés, je te ferai visiter. Nous t'attendions pour explorer les hauts plateaux. »

« Ne t'inquiète pas, petit frère, on va s'éclater tous les deux. Ça fait longtemps que je rêvais d'avoir un petit frère pour partager les bêtises. »

Inquiète à cause des paroles de Bruce, je repris :
« Bruce, tu peux m'expliquer ? Il n'a pas muté comme nous, ça veut dire quoi, ça ? »

« Ne t'en fais pas, maman. Il n'est pas du côté des méchants. C'est pour ça qu'il disparaît. Je ne sais pas ce qu'il fait quand ça se produit, il se cache, il a honte et peur de faire mal. Je le lis dans son esprit. Il est plus comme nous. Il y a une centaine d'humains avec lui. Il aurait pu ne pas s'en préoccuper et les laisser mourir, mais il a combattu pour les sauver. »

Nicolas, à la limite de la colère :
« Tais-toi ! Tu ne peux pas savoir ! Arrête de fouiller ma tête ! »

« Ce n'est pas tes pensées, mais tes sentiments que je ressens, encore plus que ceux des autres. Tu es mon frère. Je ne lis pas les pensées de maman sans sa permission, mais je sais quand elle est triste, heureuse ou en danger... »

« Ça suffit, les garçons ! On aura le temps de parler de ça plus tard. Nous partirons vers trois heures du matin, et vous aurez intérêt à être en forme. Nico, je ne t'ai pas vu depuis trois ans. Je ne me disputerai pas avec toi, mais Bruce et toi, vous auriez intérêt à vous comporter en frères. Quand tes humains seront sur ma terre, on aura d'autres chats à fouetter que vos bagarres de gamins. Maintenant, va voir si tout le monde est endormi dans les chariots. Si tout va bien, tu ne pourras pas les réveiller. »

Je dissipais la bulle de silence. Nicolas regardait dans chaque chariot et attelait les bêtes. Les humains dormaient profondément, rêvant de la forêt qu'ils traversaient, mais ils étaient en sécurité. Avec l'aide de Bruce, je marquais tous les animaux du convoi. Je me demandais comment Nicolas avait pu gérer tout ça seul, sans protecteur. Je me souvenais trop bien des râleurs et des dangers de la route.

Nous avons démarré à trois heures du matin comme prévu. J'envoyais l'avertissement sur le plateau pour que Luc prévoie des enclos plus grands pour les animaux.

Nous sommes arrivés au premier arc de ma route une demi-heure plus tard. Nicolas n'était même pas essoufflé. Il marchait au même rythme que moi, les choses ne le cherchaient pas. Je le sentais préoccupé et nerveux, mais ce n'était pas lié à ce que nous étions en train de faire. Puis, il demanda à rejoindre Bruce devant. J'acceptais ; il ne risquait rien. Nicolas avait sa propre marque. Bruce et Nicolas avançaient côte à côte et avaient établi une connexion que je ne pouvais pas suivre. J'étais inquiète et fulminais.

le cycle des protecteurs -1er tome :le voyage de mèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant