Chapitre 14 LES TRADITIONS

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Pendant une semaine entière, Pierre et moi avons profité l'un de l'autre. Nous avons pu nous retrouver en tête-à-tête, ce qui ne nous était pas arrivé depuis notre voyage de fiançailles, qui n'avait duré que deux jours. Nous avons nagé dans les vagues, fait du bateau à voile grâce à Pierre, qui savait très bien en faire, mangé du poisson grillé arrosé de jus de citron. Nous avions trouvé des citronniers, des orangers et des pamplemoussiers sur un petit archipel au milieu de la mer. Nous avions aussi découvert des avocats et des kiwis. Nous nous promenions en pagne pour regarder le soleil se coucher. J'avais 20 ans, lui 25, et nous étions fous l'un de l'autre.

Un matin, nous fûmes réveillés par des « Hou ! Hou ! Vous êtes là ? » Nous nous sommes regardés tous les deux, nous demandant si nous devions répondre ou nous cacher. Cela faisait un mois que je n'avais pas vu mes visiteurs. Finalement, nous sommes sortis de la maison.

« Maman ! C'est maman ! » criaient mes jumeaux en courant vers nous. Juste derrière eux se trouvaient Nicolas et Sophie, mon petit fils François, et Bruce.

Tout sourire, Nicolas commença :

« On en a eu marre de tes "cartes postales", alors on est venus voir par nous-mêmes. Eh, Pierre, t'es gonflé de nous envoyer des paysages pareils ! On a cru que tu pêchais dans tes souvenirs pour nous en mettre plein la vue. Tu nous as manqué, maman ! Ça va mieux ? »

Bruce enchaîna aussitôt :

« On s'est dit que ce serait bien pour les enfants de les emmener à la plage, ils n'ont jamais vu la mer. »

Nicolas le poussa en riant :

« Et toi non plus, tu ne connaissais pas ! »

Les enfants étaient déjà partis vers les vagues, et Bruce se précipita pour les rejoindre.

Sophie m'embrassa.

« Je suis heureuse de vous revoir tous les deux ! Isabelle et moi, on n'en pouvait plus, trop de garçons à surveiller. Luc est en train d'organiser une colonie de vacances pour les enfants ; ils seront là dans quelques jours, trois maximum. Nicolas a créé des ascenseurs pour accéder facilement à tous les plateaux. Il a promis de monter un village de tentes pour ne pas vous déranger. Quand je vois tout ça, je me dis qu'ils vont hurler de joie ! Et Huguette sera avec eux ; elle n'a plus ni arthrite ni rhumatisme, et elle s'est mise au sport. »

J'imaginais bien Luc le ténébreux et Huguette, notre doyenne, en moniteurs de colonie de vacances. Je sentis la main de Pierre se glisser dans la mienne, et nous nous sommes regardés. Dire que, dix minutes plus tôt, nous dormions encore paisiblement. Il me murmura à l'oreille :

« T'en fais pas, on trouvera bien un moyen d'avoir la paix. »

La première journée en famille fut une vraie folie. Les petits couraient après les vagues qui reculaient, et fuyaient encore plus vite quand elles revenaient. Bruce avait glissé et s'était retrouvé dans l'eau, bien sûr exprès, pour faire rire les enfants. Nicolas les avait rejoints en riant, nous laissant "entre adultes" avait-il crié en partant. Pierre se lança derrière lui, « Tu vas voir ce que l'adulte va te faire ! » Sophie et moi les avons regardés en souriant.

« Tu vois ce que je voulais dire par "trop de garçons à surveiller" ? Ils sont intenables ! »

« Oh, laisse-les se défouler, ils seront plus calmes pour manger. »

« Ça m'étonnerait, ce sont des ventres sur pattes. Et n'espère pas que les petits feront la sieste. »

« Qu'avez-vous dit aux gens du plateau ? »

le cycle des protecteurs -1er tome :le voyage de mèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant