le cycle des protecteurs -1er tome :le voyage de mère

Chapitre 12 LES HAUTS PLATEAUX

8 mars 2021. Recensement / monde 1 : plateau : population humaine : 142 / population protecteurs : 5 / transformateur : 1.

Le deuxième humain leva la main pour demander la parole, j'appréciais ce geste.

« Mère, je suis heureux de vous connaître. Je ne suis qu'un paysan, je m'appelle Thomas, mais tout le monde m'appelle Tom. Je ne parle que de ce que je connais et encore pas souvent. J'ai visité votre serre et les abris des animaux. C'est un sacré travail que vous avez fait là ! Je suis venu avec le docteur pour que vous sachiez combien je suis reconnaissant. Mais je suis aussi venu pour vous dire que si vous avez besoin de moi, je suis là, même pour m'occuper de vos fleurs si vous voulez. »

Je lui souris et le remerciai de sa gentillesse. Le pauvre était rouge pivoine d'avoir osé parler. Les autres ne lui avaient pas demandé de venir me voir, il était venu de son propre chef, avec l'accord de mes fils.

Je réalisai que tout le monde était encore debout et je les invitai à s'asseoir. Nous avions à parler, le temps des excuses était passé et je devais répondre à leurs questions. Pour faire au mieux et qu'ils puissent expliquer et raconter aux autres, je leur demandai la permission d'entrer dans leurs esprits. Ils s'étonnèrent que je demande leur approbation alors que j'avais le pouvoir de le faire sans qu'ils puissent s'y opposer. Ils acceptèrent, et cela ne prit que quelques minutes pour qu'ils sachent tout.

Je les invitai à manger et à passer la nuit chez moi. Nicolas refusa, il voulait rentrer au plus vite pour sa femme et son petit. Bruce proposa de le raccompagner pour aller plus vite. Les humains, ayant envie d'accepter mon invitation, pouvaient rester et il les ramènerait lui-même le lendemain. Cela arrangeait tout le monde.

Avant l'heure du dîner, je leur fis voir ma serre et le laboratoire que Bruce m'avait construit la veille pour que je puisse réaliser une autre de mes idées : fabriquer des remèdes à partir des plantes pour soigner les humains. C'était son cadeau de paix pour m'avoir bloquée pendant deux jours. Je leur expliquai ce qu'ils ne savaient pas encore : le village n'était qu'une étape, et ceux qui auraient envie de rester pourraient s'installer où ils voudraient sur le plateau.

Tout naturellement, Éric demanda la permission de vivre près du lac. Il avait pris sa décision, et je proposai mon aide. Je ressentais ses émotions ; ce lac lui en rappelait un autre, un souvenir d'enfance. Tom, quant à lui, superposait l'image du plateau avec celle des champs de blé et de maïs, des pâturages où broutaient tranquillement les animaux, et d'une petite ferme où il vivrait heureux avec une femme qu'il n'avait pas encore trouvée. L'image de son idée du bonheur, simple et tranquille, me fit du bien. Lui aussi, il déciderait de rester.

Bruce fut de retour juste à temps pour le dîner, je crois qu'il avait dû courir encore plus vite pour être là. L'heure du coucher arriva presque trop vite ; je leur montrai leurs chambres avant de rejoindre Pierre et les enfants. Bruce ronflait déjà. Dans le 'presque' silence de la nuit, je regardais les rêves de mes invités. Ils me plaisaient.

Pierre nous fit une bulle de silence, il voulait me parler sans oreilles indiscrètes :

« Fais attention, ma petite sorcière, cet Éric, je ne lui fais pas confiance. Il a quelque chose que je ne sens pas, comme s'il projetait un film pour nous, sans nous montrer la réalité. »

« Tu ne serais pas un peu jaloux, mon cœur ? »

« Bien sûr que si, il ne t'a pas quitté des yeux. Mais il n'est pas clair, on le surveillera, il contrôle trop ses pensées pour être honnête. »

« Peut-être, je ne sais pas, surveille-le si vous voulez, après tout vous êtes les protecteurs, c'est votre boulot. En attendant qu'on soit fixés, il travaillera avec moi au labo, si ça ne te dérange pas ? »