Chapitre 17/La tigresse

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Nous avons trouvé un village et avons mis tout le monde au travail pour construire des chariots. Pendant ce temps, Bruce et moi sommes partis chercher des animaux capables de les tirer. Les choses se passaient plutôt bien. Mais un soir, Bruce n'est pas rentré. Je le sentais proche ; il n'était ni trop éloigné, ni blessé.

— Bruce, qu'est-ce que tu fais ?

— T'inquiète pas, maman, tout va bien. J'ai juste trouvé quelqu'un comme moi... enfin, presque.

— Comment ça, "presque" ?

— Elle est sauvage et elle a peur. Il faut que je l'aide.

— Fais attention à toi. Elle n'est pas forcément du bon côté.

— Si, mais elle ne le sait pas encore.

— Tiens-moi au courant.

Pendant que je m'occupais des humains, Bruce, assis près d'un point d'eau, fixait une tigresse blanche dans les yeux. Il lui envoyait des pensées calmes et apaisantes. La tigresse, de l'autre côté de l'eau, le regardait, intriguée. Alors, Bruce se transforma en tigre. Elle fut surprise mais ne s'enfuit pas. Puis, il reprit sa forme humaine et caressa doucement son esprit :

— Tu peux en faire autant. Tous les Blancs peuvent le faire. Je ne te ferai pas de mal.

— Non... Si je me transforme, tu me tueras !

— Pourquoi ferais-je ça ?

— Parce que... je ne suis pas née humaine.

— Moi non plus. Tu veux voir ma forme d'origine ?

— Et qu'est-ce qui me dit que tu ne mens pas ?

— Regarde dans ma tête, tu sauras. Et regarde-moi bien : tu me verras.

Bruce s'était déjà transformé en chien gigantesque.

— Ma mère biologique voulait me tuer, maman a dû me protéger.

— Maman ?

— Oui, maman. Elle m'a adopté. Tu veux voir ?

— Oh oui ! Comment tu peux faire ça ?

Il lui envoya les souvenirs de toute sa vie, sans rien lui cacher. Il voulait qu'elle sache tout et avait envie de tout apprendre sur elle.

— Tu peux faire la même chose, lui dit-il.

Elle se concentra pour y arriver. Les premières fois n'étaient jamais faciles. Depuis sa naissance, elle avait dû se débrouiller seule, obligeant sa mère biologique à la nourrir. Elle avait été chassée par tous les humains qu'elle avait croisés, si bien qu'elle avait pris l'habitude de les craindre. Elle vivait dans la solitude et en souffrait.

Leurs esprits étaient en communion, et elle pouvait sentir ses émotions, comme lui percevait les siennes. Elle n'avait plus peur de lui, bien qu'une légère méfiance subsistât. Il l'aida à découvrir son don de transformation, et comme nous, elle commença à en jouer. Ils passèrent toute la nuit à se transformer en différents animaux. Mais, au lever du jour, ils avaient repris forme humaine et s'étaient endormis l'un contre l'autre.

Il était près de midi quand Bruce m'appela.

— Maman, on va rentrer. Je veux qu'elle vienne avec nous.

— Bruce, tu t'es trouvé une compagne.

— Tu crois ?

— Je le sens dans ton esprit. Tu es différent. J'ai hâte de la rencontrer.

le cycle des protecteurs -1er tome :le voyage de mèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant