Chapitre 7

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La frontière entre l'Arizona et le Mexique s'étendait à perte de vue, une cicatrice sinueuse entre deux mondes, marquée par des kilomètres de désert inhospitalier. Les vastes étendues de sable et de rocailles scintillaient sous la lumière de la lune, baignant le paysage d'un éclat spectral. C'était une nuit calme, sans vent, où l'air restait immobile.

Postée sur une hauteur surplombant un ravin, la milice de Nathan Carter veillait. Des silhouettes vêtues de treillis camouflés et armées de fusils d'assaut surveillaient les alentours, leurs regards perçant l'obscurité avec des jumelles de vision nocturne. Ils étaient peu nombreux, mais efficaces, supportant les forces de la police frontalière. Dans les années soixante-dix, son grand-père, Nathaniel Carter avait fondé la Milice de l'Arizona Patrol Border, les Good Ol' Boys, en s'autoproclamant défenseur des frontières de l'Arizona. Il s'était donné la mission de protéger l'État contre ce qu'il considérait comme des menaces – des cartels, des trafiquants d'êtres humains et surtout, des immigrants clandestins. Son fils Nathan avait repris la suite.

Nathalie "Lila" Carter, la fille de Nathan, se tenait non loin de lui, en équilibre sur le bord du promontoire, son fusil en bandoulière. Ses yeux fouillaient la ligne de l'horizon, cherchant le moindre mouvement. Elle avait grandi ici, au cœur du désert. C'est ici qu'elle avait appris à tiré, se perfectionnant avant que sa légende ne prenne forme. Ce monde de vigilance constante faisait partie d'elle, tout comme son héritage de combattante. Les Marines ne pouvaient qu'êtres contents de l'avoir recrutée des années plus tôt, comme ses opérations conjointes avaient été grandement appréciées.

Son père s'avança jusqu'à elle, sa silhouette massive se découpant contre le ciel étoilé. Il portait une casquette usée et un gilet pare-balles sur son torse large, une figure d'autorité indéniable parmi ses hommes.

« On a des signaux à l'est, » dit-il d'une voix basse, mais ferme. « Les gars ont repéré un groupe qui traverse. Ils pensent qu'il y a des coyotes parmi eux. »

Nathalie hocha la tête sans un mot. Les coyotes, ces passeurs de migrants qui profitaient du désespoir des familles fuyant la pauvreté et la violence du sud, étaient une cible fréquente pour la milice. Ils étaient impitoyables, tout comme eux. Mais dans l'esprit de Nathalie, la ligne entre les victimes et les coupables se brouillait parfois. Son père, en revanche, ne voyait qu'une mission claire : protéger la frontière à tout prix.

Nathan leva une main, signalant à ses hommes de se tenir prêts. À quelques mètres de là, les miliciens se déployèrent en silence, des ombres glissant sur le terrain rocheux avec la fluidité de prédateurs. Chris, un vétéran de la milice, coordonnait les opérations au sol, murmurant des ordres rapides à travers son intercom. Ils étaient bien entraînés, chaque mouvement calculé pour éviter de se faire repérer avant d'être en position.

« Qu'est-ce que tu veux faire ? » demanda Nathalie, les yeux fixés sur l'horizon, là où ils savaient que les migrants allaient bientôt apparaître.

Nathan la regarda de biais, son expression dure. « Les coyotes crient à la lune dans le désert. »

La stratégie de la milice avait toujours été simple : ils n'étaient pas la loi, mais ils se considéraient comme son prolongement. Ils patrouillaient ces terres, où les forces de l'ordre manquaient de moyens, interceptaient les clandestins et les remettaient aux autorités, qu'il s'agisse de la police locale ou des gardes-frontières. Mais parfois, cette ligne de démarcation entre justiciers et hors-la-loi devenait floue, surtout quand les choses tournaient mal.

Soudain, un murmure s'éleva dans l'intercom de Nathan. La voix de Chris, à peine audible à cause des crépitements.

« Ils arrivent. Douze, peut-être quinze personnes. On en voit deux armés à l'arrière. Probablement des coyotes. »

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