Rebel Hearts

Chapitre 9

En une semaine, Donnie est venu cinq fois au magasin. Il entre, flâne, touche à quelques articles avant d'acheter une bricole, même un simple pin's ou un autocollant. En sortant du bureau, Nathalie alla chuchoter à l'oreille d'Alexandra, le manège de Donnie était tellement évident.

« Je trouve ça touchant, » murmure Alexandra. « On se croirait à l'école primaire avec un premier flirt.

- C'est exactement ça, » pouffe de rire Nathalie. « Que comptes-tu faire ? Cinq fois depuis sa leçon de tir, on frise le harcèlement.

- Je ne sais pas, il a l'air si inoffensif.

- Veux-tu que j'en parle à Declan, lui dire que son chauffeur-garçon de course traîne tous les jours ici ?

- Non, ça va aller, Nathalie. Je l'aime bien dans le fond, il est gentil.

- C'est un membre d'un gang de bikers, tu sais comment ils gagnent leur vie ? Ce ne sont pas des gentils.

- Tu as bien sympathisé avec Declan, toi.

- Pour le business.

- Ahhhhh. Donc si je vends un t-shirt à Donnie, c'est correct ?

- Chaque vente paye ton salaire, Lexie, » sourit Nathalie.

« Je crois que je vais tenter une approche, il va bien finir par m'inviter à dîner. Et puis, s'il m'agresse, tu l'abattras de toute façon, non ?

- C'est même certain. Je n'irais pas au calibre .50, pour ne pas t'éclabousser de sang, je ne voudrais pas salir la ravissante robe que tu mettras, celle qui mettra en valeur ta jolie silhouette, je serais plus subtile, avec un .22 je crois, sinon au couteau. Oui, le couteau, je serais au plus près pour te serrer dans mes bras et te consoler.

- Sinon, nous pouvons tout de suite coucher ensemble, ça évite de gaspiller une balle et de donner du travail au teinturier.

- C'est pour ça que je t'ai engagée, tu penses comme une comptable, » chuchote Nathalie en déposant une bise sur sa joue avant de sourire. « Bonjour Donnie, » salue-t-elle alors qu'il approche du comptoir.

« Bonjour Madame. Je ne l'avais pas vu celui-là, je vais le prendre, » dit-il en rougissant, posant un autocollant sur le comptoir.

- Quatre dollars, » sourit Alexandra, prenant le billet de cinq pour lui rendre la monnaie en vingt-cinq cent, touchant volontairement la main de Donnie. Nathalie devait admettre que le voir se comporter gentiment avec Alexandra était plus que touchant. Elle n'avait pas eu de chance avec son ex. Elle gagnait sa vie en travaillant durement comme vendeuse, cumulant deux emplois et elle payait tout, lui ne faisait rien. Il avait toujours un plan mais qui ne se concrétisait jamais. Soit personne ne voulait investir, à juste titre, soit sa brillante idée existait déjà. Depuis des années. Un soir, il l'avait giflée parce qu'elle ne pouvait pas acheter la Jeep dont il rêvait.

« Est-ce que tu manges, Donnie ? » demande Nathalie tout en remettant en place des prospectus dans un présentoir sur son comptoir.

« Oui, Madame. Trois fois par jour, parfois juste deux parce que je n'ai pas le temps.

- Lexie aussi elle mange.

- Ah ? Ohhhh, » comprend-il aussitôt. « Est-ce que... est-ce que...

- C'est d'accord, » négocie Nathalie. « Tu viens la chercher vendredi soir pour l'emmener manger, mais pas dans un fast-food, dans un restaurant.

- Oui, Madame. Je n'y vais pas souvent, je me renseignerais.

- Merci, Donnie, » chuchote Alexandra. « Je termine à dix-neuf heures.