Chapitre 12

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Les néons clignotants d'un café de bord de route se reflétaient faiblement sur la carrosserie d'une berline banale, américaine. Le décor était figé dans le temps, comme s'il s'agissait d'un décor de cinéma. Les clients, quelques routiers fatigués et des habitués du coin, s'attardaient à leurs cafés. Parmi eux, un homme assis seul à une table dans le coin, ses yeux dissimulés derrière des lunettes de soleil malgré la nuit tombée.

L'agent Dennis T. Garrett, de l'ATF, était sous couverture et était rentré dans son personnage de conspirationniste. Il avait monté un dossier justifiant le besoin d'infiltrer la milice à la recherche d'informations pouvant confirmer qu'ils se préparaient à agir suite aux élections de novembre.

Si Dennis Garrett était du genre a se faire discret, Marcus Harrison était tout le contraire. Grand, les traits anguleux, ses cheveux bruns coupés courts, sa barbe de quelques jours, il a des tics nerveux qui ajoutent à son air un côté agaçant. Pourtant, sous cette apparence, une intense focalisation brillait dans son regard. Il était là pour une mission.

Son enquête n'avait rien révélé de particulier mais il avait bien l'intention de changer ça. Chaque pièce du puzzle mouvant devait être soigneusement placée avant d'agir. Il consulta les notes sur son téléphone avant de regarder la photo de Nathalie Carter. Plus il regardait cette photo, plus il fantasmait. Il allait détruire son monde avant de la posséder, de la mettre à sa merci, de la forcer à baisser les yeux quand elle le regarderait. Il allait la dresser avant de se débarrasser d'elle lorsqu'elle ne l'amuserait plus. Comme les autres.

Il jeta un coup d'œil rapide vers l'horloge du café, confirmant l'heure sur son téléphone, avant de glisser un billet sur la table et de se lever. L'air lourd et chaud du désert l'accueillit avec son odeur de poussière et de bitume. Marcus attendit près de sa voiture, son esprit entièrement concentré sur ce qui l'attendait. En tant qu'agent infiltré dans des opérations complexes, il avait appris à maîtriser ce mélange de calme et de danger, mais chaque mission était différente.

Celle-ci étant différente, il était seul ce soir – aucune équipe d'intervention en appui. Et avant de démanteler un réseau, il devait créer ce réseau.

Une voiture se gara sur le parking et un homme maigre avec une barbe éparse et des cheveux clairsemé, vêtu d'un treillis en sortit, marchant d'un pas vif vers lui en souriant, contrastant complètement avec l'idée que l'on se faisait de fanatiques d'une milice paramilitaire.

« Marcus ? Calvin Trent, des Good Ol' Boys, » présenta l'homme en tendant la main. « Je t'offre un truc à boire ? J'ai besoin de boire un truc frais.

- Ok, » lança Dennis Garrett à voix basse, en regardant nerveusement autour de lui, en suivant l'homme qui allait l'introduire dans la milice, s'il passait l'examen d'entrée.

Installé à la même table, Calvin devant une bière et lui un café, Garrett replaçait les sachets de sucre dans le petit pot sur la table avant de glisser les mains sous ses cuisses.

« Désolé, j'ai un toc.

- Faut pas être nerveux, mon gars, » souria Calvin en buvant une gorgée de bière. « Alors, tu veux rejoindre la milice, mais pourquoi ?

- Je ne reconnais plus mon pays, le pays de mes parents et de leurs parents avant eux. Les politiques sont de plus en plus du n'importe quoi. Nous avons perdu nos valeurs, ce qui faisait de nous un grand pays admiré du reste du monde. Même Trump n'a pas réussi à rendre à l'Amérique sa grandeur et ça c'est à cause de ceux de l'autre côté de la frontière. J'ai lu que le gouvernement mexicains mettait des familles dans des autocars et les déposait à la frontière en leur disant où traverser et quoi faire une fois de l'autre côté, qu'ils recevraient de l'argent et plein d'aides, qu'on leur donnerait du travail. Nous autres Américains, on perd nos droits et notre liberté pour les donner à ces illégaux.

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