Chapitre 1

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Le vrombissement des moteurs fendait l'air brûlant de l'Arizona, roulant en écho contre les falaises rocheuses qui bordent l'autoroute désertique. Le convoi d'aspirants bikers avançait en formation serrée, comme une meute de loups traquant une proie. Le soleil de fin de journée déclinait lentement à l'horizon, teintant le ciel d'une lueur orangée tandis que la poussière soulevée par les roues enragées formait un nuage opaque derrière eux. En tête de la meute, Stanley Grady, son visage impassible caché derrière une paire de lunettes de soleil noires, guidait ses amis avec une détermination silencieuse. Ce braquage allait être leur ticket d'entrée dans le MC.

Le camion qu'ils suivaient depuis plusieurs kilomètres était non marqué. Selon un commis caissier qu'il payait pour le renseigner quand un camion intéressant passait par son truck stop, la remorque était chargée d'articles de valeurs, probablement de l'électronique. Le genre de marchandise qui se revendrait facilement sur le marché noir.

Le MC braquait souvent des cargaisons sur la route, c'était un moyen de faire de l'argent ou d'améliorer son quotidien selon la marchandise -mobilier, électronique, vêtements. Il vivait dans un studio mais avait une télévision qui faisait la taille de son mur avec un cinéma maison qui ne lui avait rien coûté. Stanley comme les autres prospects étaient ambitieux, ils voulaient devenir des membres à part entière du MC afin de toucher un peu plus que les miettes qu'on leur accordait. Ce braquage pesait lourd dans la balance, Stanley le savait, il le ressentait au plus profond de lui, comme si un vent de changement soufflait dans l'air.

Le désert s'étendait à perte de vue de chaque côté de la route, une mer aride de terre rouge et de roches craquelées sous la chaleur incessante du jour. Rien d'autre que la ligne droite de l'autoroute ne semblait perturber cette étendue sauvage, si ce n'est le murmure du vent. Stanley connaissait cette route par cœur. C'était son territoire, un terrain de chasse où les règles de la loi disparaissaient derrière la poussière et les ombres des montagnes. Ici, il faisait la loi.

D'un geste de la main, il fit comprendre aux deux autres prospects le suivant sur leurs Harley Davidson qu'ils allaient passer à l'action. Un dernier suivait dans un camion de 20 pieds pour récupérer la marchandise. Ses mains gantées agrippaient fermement le guidon de sa moto Harley Davidson, son cœur battant au même rythme que la mécanique rugissante sous lui.

Les motos se rapprochèrent du camion qui roulait à une vitesse régulière, son conducteur était inconscient du danger imminent qui se profilait derrière lui, les prospects étant invisibles dans ses rétroviseurs, cachés derrière la remorque. Il ne voyait que le camion qui le suivait tranquillement. Stanley accéléra, quittant la formation pour se positionner à hauteur de la cabine du camion. Il jeta un coup d'œil à l'intérieur. Un homme au volant, seul, les traits tirés par l'ennui de la route. Stanley esquissa un sourire sous son casque, tout en surveillant les alentours. Aucune autre voiture en vue, pas de témoins. Tout se déroulait selon le plan. Ce serait facile.

Le chauffeur regarda les trois Harley Davidson qui le dépassent sans le regarder. Ils ne sont pas patchés et de toute façon, il ne craignait pas grand-chose, il ne transportait pas une marchandise de valeur. Il avait été informé par d'autres routiers que certaines cargaisons se faisaient braquer dans la région, mais les consignes étaient de ne surtout pas résister, de laisser les voleurs prendre ce qu'ils voulaient.

Il continua sa route sur sa vitesse de croisière, sans se préoccuper des motards qui s'éloignaient avant d'écraser la pédale de frein, le camion s'arrêtant dans un crissement brutal de pneus alors que les trois hommes étaient au bord de la route, arme à feu en main, le visant.

Stanley se précipita vers la porte pour l'ouvrir et d'un geste de la main, fit comprendre au chauffeur de descendre du camion.

« Donne ton téléphone, et ouvre la remorque ! » ordonne Stanley, l'homme fouillant ses poches pour chercher la clé du cadenas tandis que Stanley laisse tomber le téléphone sur l'asphalte pour l'écraser de son talon. La chaleur du désert était écrasante, faisant perler la sueur sur son front, mais il ne bronchait pas. Ses yeux marrons balayèrent l'horizon, toujours à l'affût du moindre signe de danger tandis que le chauffeur ouvrait les portes de la remorque. Stanley esquissa un sourire, satisfait. alors qu'il regardait le nombre de boîtes empilées avec un œil calculateur.

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