Protect Your Melody | C.Sb

CHAPITRE 19

Soobin.

Décembre 2024.

Quand je me reveille ce matin j'ai l’impression d’être une autre personne.
Je ne pense plus aux messages, je ne pense plus à l’agence, je ne pense plus à TXT ni aux fans qui nous attendent. Et je suis désolé de ne pas penser à Hongjoo parce qu’il n'y a qu’une personne qui s’accapare le monopole de mes pensées : Lim Haneul.

— Haneul. Haneul. Lim Haneul, je murmure dans mon cœur pour le seul plaisir de dire son prénom.

Il roule si bien sur ma langue. Et j’y pense encore et encore, à ce baiser qui m’a empêché de dormir cette nuit.

Ça faisait longtemps que je n’avais plus apprécié mon anniversaire. Mais aujourd'hui est un jour nouveau et j'ai eu le plus beau des cadeaux.

C’est là que je me rends compte à quel point j’ai été bête toutes ces années à broyer du noir tout seul dans mon coin.

Soudain, la porte s’ouvre en grand dans un bruit sourd. Beomgyu apparaît dans l’embrasure de la porte.

— Toujours pas debout, Soobin ? Mais qu’est-ce qu’il t'arrive ? Dit-il sur un ton dramatique.

Huening Kai apparaît à son tour accompagné de Taehyun.

— Il n’a pas beaucoup dormi je pense, révèle-t-il d’un sourire en coin.

— Pourquoi ça ? Demande Kai, curieux.

Beomgyu est à deux doigts de sauter sur Taehyun pour qu’il lui révèle ce qu’il sait. Mais même lui ne sait rien, il ne peut que essayer de deviner pour le moment.

— Qu’est-ce qu’il se passe ici ? Demande Yeonjun qui vient de sortir de la salle de bain.

Je détourne la conversation :

— Et si on faisait un brainstorming pour notre prochaine musique ? Je propose.

Les garçons sont tous d’accord, alors nous voilà partis pour travailler un petit peu.

• 🎤 •

Après une matinée intense passée à travailler sur de nouvelles idées de chansons, les garçons s’étirent, s’éparpillent dans le salon, et certains s’endorment même un peu, fatigués par leur propre enthousiasme.

Mon esprit, lui, n’est concentré que sur une chose : trouver Haneul. Elle est quelque part dans cette maison, peut-être en train de discuter avec les autres bodyguards, ou en train de vérifier les alentours comme elle le fait toujours. 

Discrètement, je quitte le salon pour explorer la maison, mon cœur battant un peu plus vite à chaque pas. Au détour d’un couloir, je la vois enfin. Elle est en train de parler avec Yoan, l’air concentrée. Yoan, quant à lui, a toujours l’air crispé. Il me fait presque de la peine.

J’ai envie de l’appeler mais elle ne m’accorde pas un regard. Elle est sérieuse, plongée dans ses tâches de garde. J’aime bien la voir aussi concentré dans ce qu’elle fait mais je suis égoïste et j’ai envie de lui parler. D’une certaine manière, j’ai peur qu’elle fasse comme si le baiser d’hier soir n’avait jamais existé.

Je reste là quelques instants, espérant qu’elle lève les yeux vers moi. Mais rien. Elle est impassible, professionnelle, complètement absorbée par son rôle.
J’essaie de ne pas trop m’en faire et reste là à l’observer. J’apprécie la regarder travailler.

— Soobin ? Besoin de quelque chose ? Demande Kim Yoan, qui vient de me remarquer.

— Euh… non, rien, dis-je en passant une main derrière ma nuque, essayant de cacher mon malaise.

Haneul ne réagit même pas à mon hésitation. Elle continue de discuter avec Yoan, évoquant des points de sécurité comme si je n’étais pas là. J’essaie de prendre sur moi, de respecter son professionnalisme, mais plus les minutes passent, plus je deviens impatient.

Quand est-ce qu’elle termine ? Je n’aime pas être si pressé. D’habitude je ne le suis pas mais bizarrement, je n’arrive pas à rester en place. Peut-être parce que d’habitude j’ai un emploi du temps si remplit que je ne vois pas le temps passer alors que là... j’ai l’impression que les secondes s’étirent en minutes.

À un moment, Kangjae et Wonho s’approchent pour parler à Haneul et Yoan des changements de garde.

Je fais soudain quelque chose que même moi je n’aurai pas apprécié si on me l’avait fait. Maus je n’arrive plus à attendre alors, sans réfléchir, je m’avance, attrape doucement son bras et la tire à l’écart.

Elle me suit, surprise, mais sans résister.

On s’éloigne dans un coin isolé de la maison, là où personne ne risque de nous interrompre. Dès que nous sommes seuls, je lâche son bras, et elle se retourne pour me faire face, les sourcils froncés.

— Soobin, qu’est-ce que tu fais ? Murmure-t-elle, visiblement agacée.

— Qu’est-ce que toi tu fais, Haneul ? Pourquoi tu m’ignores comme ça depuis ce matin ? demandé-je, le cœur battant fort.

Elle soupire, croisant les bras, comme pour me tenir à distance.

— Soobin, je travaille. Et toi aussi tu travaillais. Et puis, je suis ici pour veiller sur toi et les autres, pas pour… pour autre chose, dit-elle en détournant légèrement le regard.

Je prends une grande inspiration, essayant de calmer ma frustration.

— Ce qui s’est passé hier soir… ça comptait pour moi, Haneul. Et je sais que ça a compté pour toi aussi, alors pourquoi tu fais semblant de rien ? 

Elle serre un peu les dents, comme si elle hésitait à me répondre.

— Soobin, je ne le fais pas. Et... ce n’est pas aussi simple. Je ne suis pas ici pour ça, je suis ici pour assurer ta sécurité, comme je l’ai dit hier, pour que tout se passe bien pour toi et le groupe. Hier soir… c’était un bien, d’accord ? Mais on ne peut pas se permettre de mélanger les choses. Pas maintenant.

Je la regarde, incrédule.

— « Bien » ? murmuré-je d’un ton blessé. C’était bien plus que ça. Et tu le sais.

Elle baisse les yeux, et je vois une lueur de doute dans son regard.

— Soobin, je dois rester concentrée. Si je laisse mes sentiments me perturber, aussi firt soit-il, alors je ne peux pas faire mon travail correctement. Et si je ne fais pas mon travail correctement, je mets en danger tout le monde, toi y compris. 

Je secoue la tête, tentant de comprendre sa logique, mais incapable d’accepter qu’elle relègue ce qu’on a partagé à quelque chose de secondaire.

— Écoute, je ne te demande pas de mettre ton travail de côté, Haneul. Je te demande juste… de ne pas faire comme si ce qui s’est passé n’avait aucune importance. 

Elle lève les yeux vers moi, et cette fois, je vois une certaine ténacité.

Je m’approche légèrement d’elle, incapable de me retenir.

— J’entend tes doutes mais... Peut-être que tu n’as pas besoin de tout laisser de côté. Peut-être qu’on peut… trouver un équilibre ? Proposais-je, presque en un murmure.

Elle reste silencieuse, mais cette fois, elle ne détourne plus le regard. Un faible sourire moqueur apparaît sur ses lèvres, presque imperceptible.

— Si tu m’avais écouté, Soobin, tu aurais compris que c’était important aussi pour moi et que je serai prête lorsqu’il n’y aura plus de menace qui pèsera sur toi.

En effet, je n'étais pas si attentif que ça... autant pour moi.