CHAPITRE 5

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Haneul.

Novembre 2016.

Je cours encore et encore, tentant de rattraper mes amis devant moi, sans succès. Il est 8h55, les cours reprennent à 9h et il nous reste 10 minutes de route à courir parce que nous avons raté le bus.

Il fait 10° et j'ai l’impression que c'est la canicule tellement j'ai chaud. Et mon sac à dos pèse super lourd.

— Je n’arrive plus à respirer ! Je crie à l’encontre des garçons qui ont au moins 20km d’avance sur moi.

Hongjoo se retourne vers moi, courant à reculons et m’envoyant son plus beau sourire.

— Bah alors Han Han ! C’est dur le sport à ce que je vois, se marre-t-il face à ma souffrance.

— Je vous déteste avec vos longues jambes, punaise ! Je râle encore.

Et pour prouver ma mauvaise foi, je m’arrête. En me voyant faire, Hongjoo s’arrête également, un sourcil relevé m’interrogeant du regard.

— Qu’est-ce que tu fais, Haneul ?

C'est au tour du troisième membre de notre équipe de choc de s'arrêter.

— Pourquoi tu t'arrêtes ? On est en retard, on a dit !

Je les fusille tous les deux du regard. Je déteste ça.

— Ouais, bah de toute façon, le temps qu'on arrive, la grille sera fermée, alors autant prendre notre temps et y aller à la deuxième heure ! Je m'exclame en faisant plein de gestes des bras complètement aléatoires.

Et j'ai bien conscience de passer pour une demeurée, mais je m'en fiche. De toute manière, je suis sur le point de mourir.

— Tu te fiches de nous ? C'est toi qui nous a dit je cite "Courez, le premier qui s’arrête est un gros loser qui mange du caca" ?

— D’ailleurs, très mature, Haneul, digne de toi, continue de faire rigoler Hongjoo.

— Arrrrgh ! Je crie en m’écroulant au sol, n’en pouvant plus.

Je me retrouve donc dos sur le bitume, les bras et les jambes écartés comme si je m’apprêtais à faire un ange dans la neige. Mais sans neige du coup.

— Relève-toi, flemmarde !

Je remarque du coin de l’œil les garçons s’avancer vers moi. Au bout de quelques instants, malgré la longue distance qui nous sépare, ils m’atteignent.

Deux anges. Ils ressemblent à deux anges. C’est là que je me rends compte que ça ne va pas.

Hongjoong a une peau de porcelaine, aussi lisse que les fesses d’un bébé. J’adore lui tirer les joues, et par le froid et l’effort, elles sont devenues toutes rouges, ce qui me donne encore plus envie. Ma nouvelle passion dans la vie.

Quant à Soobin, il me dépasse d’au moins 20 centimètres ! Il est immense, et tout aussi incroyablement beau avec ses cheveux bruns toujours en bataille et ses fossettes qui donnent envie de mettre le doigt dessus à chaque fois qu’il sourit.
Ces deux-là adorent d’ailleurs se moquer de moi, m’appelant le «vilain petit canard». Ce n’est même pas mignon, ça m’agace plus qu’autre chose, et c’est justement ça qui les amuse !

— Je vous déteste ! Je me lamente encore et toujours.

Cela leur provoque des rires. Ils échangent un regard, communiquant ainsi. Ils ne sont même pas de la même famille, et ont autant de complicité que des jumeaux.

Parfois, je me demande comment je suis entrée dans leur duo. En réalité, c’est juste parce que nos parents étaient amis, et comme nous venions de déménager ici, quand j'avais 6 ans, ils ont été obligés de traîner avec moi.

Soobin se positionne sur ma droite tandis que Hongjoo va sur ma gauche.

Euh...

— Vous faites quoi, les petits mecs ?

Ils échangent encore un autre sourire en coin et me prennent chacun une aisselle, me soulevant tandis que je pousse un hurlement qui fait fuir les oiseaux des arbres.

— Deviens pas chanteuse, je t’en supplie, t’as une voix de crécelle ! Me dit Soobin en prenant une mine de dégoût.

— Parle pour toi ! Qui voudrait t’écouter ? Vraiment, honte à eux si c’est le cas ! Je me défends.

Hongjoo, comme d’habitude, explose de rire face à mes bêtises. Ainsi, je me mets aussi à rire. Puis, c’est au tour de Soobin de nous rejoindre dans notre fou rire. Je n’arrive plus à m’arrêter.

La situation est absolument absurde.

— J’ai mal au ventre ! Je révèle entre deux rires.

— Ah ! Moi aussi ! M’indique Hongjoo.

Je me tourne vers Soobin et le vois s’essuyer les yeux qui ont laissé perler des larmes.

— Je crois que je suis asthmatique ! Je finis par dire au bout d’un moment, ayant du mal à respirer.

— Mais non, idiote, tu manques surtout d’activité physique. Le cardio, t’as du mal, m’indique Soobin.

— No comment, je dis.

Il secoue la tête pour me montrer que je le désespère.

—Du coup, on y va à 10h en avançant en marchant ? Je propose avec un grand sourire en les lorgnant chacun à leur tour.

— Ben, oui. On n'a pas trop le choix. Tu nous fais perdre du temps, dit Hongjoo.

— Eh ! Dis que je suis un boulet tant que tu y es !

— Si tu insistes... Haneul, tu es un...

— NE FINIS PAS TA PHRASE ! Je hurle.

Heureusement qu’il n’y a personne autour de nous.

— Sinon quoi ? S’implique Soobin.

— Alors là vous deux ! Je commence à menacer sans terminer.

Les prenant par surprise, je me remets à courir pour les attraper. Ils poussent des cris et des rires et se mettent à courir loin devant moi. Je me mets alors à courir à pleins poumons, mais de nouveau, ils m’ont distancé.

Protect Your Melody | C.SbOù les histoires vivent. Découvrez maintenant