Colombe marche aux côtés du jeune homme inconnu. Il n'a toujours pas dit un mot. Elle l'observe du coin de l'œil. Les tissus qu'il porte sont d'une excellente qualité mais simples, pas de froufrous, par de bijoux. Il est grand, mince, élancé. Il marche la tête droite, les mains derrière le dos.-Tu n'as pas eu l'air ravie de te joindre à la cour de mon père.
Colombe sursaute presque et arrête aussitôt de l'observer.
Oh... son père... C'est donc lui le fils héritier. Jean. Qui deviendra Jean II à son couronnement...-Et bien... je... ce n'est pas vraiment ce que...
-Tu t'y habitueras. Tu y prendras même goût sans doute.
-Avec tout le respect que je vous dois votre majesté, cela m'étonnerait beaucoup. Je ne me suis jamais habituée aux châteaux, je ne pense pas que ça commencera aujourd'hui.
-Tu étais presque devenue Duchesse pourtant, c'est que ça ne te dérangeait pas tant que ça.
-C'est... plus compliqué que cela.
-Nous sommes arrivés. Voici le lieu où tu logeras désormais. Je vais appeler des servantes pour te faire couler un bain et t'apporter des vêtements. Tu en as besoin, dit-il avec une pointe de méchanceté.
-...Merci.L'homme part, et Colombe entre dans sa nouvelle chambre, dépitée.
Désobéir au roi est impossible... il semble donc qu'elle soit désormais prisonnière de sa noblesse ici.*****
-Oh... Chère Colombe, vous portez en réalité tout à fait bien votre nom, vous êtes belle et blanche comme les ailes de l'oiseau. Je vous avais à peine reconnue...
-Merci Votre Majesté, dit-elle en s'inclinant.Et en effet, le roi n'est pas le seul à avoir été bouche bée à l'entrée de la jeune femme métamorphosée dans la grand salle du buffet. Tous les nobles en train de manger se sont retournés sur son passage, voulant absolument voir cette jeune duchesse arrivée à Paris telle une mendiante. Les nouvelles vont vite à la cour... Mais personne ne s'attendait à une jeune femme si belle une fois les haillons et la crasse retirée. Ils pensaient tous pouvoir se moquer, leur déception est à la hauteur de leur admiration.
Quant à Colombe, ce bain a soulager son corps, et cette stupeur dans l'assemblée a satisfait sa fierté. Si elle doit désormais vivre avec ces rapaces, elle refuse de se laisser dévorer comme une brebis blessée.
Le vouvoiement soudain du roi à son encontre l'a surprise, mais lui a également redonné du courage et de la noblesse.-Venez vous assoir. Il y a une place pour vous près de mon épouse.
Colombe s'exécute et vient s'assoir au plus près de la famille royale, à une place si privilégiée que déjà tous les nobles assis plus loins de mettent à ressentir le pincement de la jalousie.
Elle est assise à la droite de la Reine, et face au prince héritier qu'elle évite du regard. D'autres princes et princesses, pour la majorité encore des adolescents ou enfants, sont à proximité d'elle.
La jeune femme ne se fait pas prier pour manger. Son ventre criait famine et la viande est succulente. La salle est dans un brouhaha constant, entre les discussions, les rires et les bruits de couverts.-Mon époux m'a fait le récit de ce qui vous a menée jusqu'à nous. Je suis vraiment désolée pour vous mon enfant, dit soudain la Reine en direction de Colombe.
Cette dernière se dépêche d'avaler sa bouchée avant de sourire timidement:
-Oh... merci de votre compassion Votre Majesté. Mais de savoir que Sa Majesté Le Roi a permis de rendre la justice était la chose la plus importante à mes yeux.
-Il m'a également dit que vous resteriez à la cour désormais?
-C'est en effet la volonté de Sa Majesté Le Roi. Je vous remercie encore pour tout.
-C'est tout à fait normal. Après tout vous n'êtes pas n'importe qui. Une duchesse ce n'est pas rien. Même si le mariage n'a pas été consommé paraît-il, peu importe, vous êtes noble, pas une paysanne. Quelle est votre famille?Colombe s'apprête à balbutier la vérité, à savoir que sa famille n'est rien, lorsque le prince hériter intervient:
-Mère arrêtez, vous la mettez mal à l'aise avec vos questions.
Il a dit ça d'un ton paradoxalement sans un semblant de compassion pour Colombe.
-Oh... je suis désolée ce n'était vraiment pas mon intention mon enfant. Mais vous savez, vous êtes jeune, belle, et veuve d'un mariage vierge. Nous allons pouvoir vous trouver un époux de haut rang, riche et aussi beau que vous, et votre mariage sera somptueux! J'adore les mariages vous savez. Oh ne faites pas cette tête voyons, vous êtes trop jeune pour rester dans le malheur, vous êtes faites pour l'amour et le bonheur! Et vous ferez pleins d'enfants magnifiques. Regardez les miens. La maternité m'a donné les plus grands bonheurs de ma vie. J'espère que vous parviendrez à tant de joie un jour mon enfant, je vous le souhaite sincèrement.

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Colombe
HistoryczneAn 1347. Colombe a vingt-deux ans et n'est toujours pas mariée. Belle et intelligente, elle attise le désir des plus puissants. Mais Colombe veut être libre de faire ce qu'elle souhaite, d'aimer qui elle veut, d'aller où bon lui semble. Pourtant, da...