Éclaboussures écarlates

Chapitre 27

Le bruit des portes qui claquent résonne dans la pièce. Le stress et l'adrénaline m'enveloppent toujours, mais une partie de moi commence enfin à relâcher la pression. Il est vivant, devant moi. Mais ce qui reste à faire, c'est de raconter ce qui s'est réellement passé. Il faut que je dise la vérité, que la police comprenne.

Les policiers qui viennent d'entrer sont un mélange de perplexité et de professionnalisme. L'un d'eux, un homme d'une trentaine d'années aux cheveux noirs coupés courts, s'approche de moi. Il regarde autour de la pièce, ses yeux fixant le tableau qui occupe l'espace principal du salon. Il ne dit rien pendant un moment, peut-être pour analyser la situation, puis se tourne enfin vers moi, l'air grave.

-Madame, je suis l'inspecteur Leroy, dit-il d'une voix calme mais autoritaire. Nous allons devoir poser quelques questions pour comprendre ce qui s'est passé ici. J'aimerais que vous me racontiez tout ce que vous savez, depuis le début.

Je prends une profonde inspiration, mes mains encore légèrement tremblantes. Seren est derrière moi, un peu plus loin, mais je peux sentir sa présence rassurante.

Je me redresse, tentant de garder ma voix aussi posée que possible.

-Je... Je vais tout vous dire, commence-je, ma voix brisée par l'émotion. Je vais vous expliquer ce qui s'est passé, ce que j'ai découvert ces derniers jours.

Je fais une pause. Le regard du policier reste fixé sur moi, attendant. Mes pensées s'enchaînent rapidement, mais je prends un instant pour me concentrer.

-L'homme que je croyais être mon mari pendant toutes ces années... ce n'était pas lui. Ce n'était pas Seren. C'était... son frère jumeau, Simon.

Les policiers échangent un regard, intrigués, mais ils ne m'interrompent pas.

-"Simon Reyes", continues-je, en cherchant à préciser. Je sais maintenant qu'il a pris l'identité de son frère pour... pour son propre profit. Pendant des années, il a usurpé l'identité de Seren, il s'est fait passer pour lui. Mais ce n'est pas tout. Je ferme les yeux un instant, comme si cela pouvait m'aider à garder le contrôle. Ce Simon... il avait un besoin étrange. Pour ses peintures. Pour ses toiles. Il se nourrissait du sang de son frère. Il l'utilisait pour ses œuvres. C'est grâce au sang de Seren qu'il a pu peindre des toiles... incroyablement réalistes, presque magiques. Et c'est ce qui lui a donné son succès.

Les policiers restent silencieux, leur regard scrutant mon visage, comme s'ils cherchaient à comprendre si ce que je leur dis est la vérité. L'inspecteur Leroy hoche lentement la tête, comme pour digérer ce que je viens de lui révéler.

-Je... je ne comprends pas, dit-il après un moment, sa voix calme mais empreinte de confusion. Vous êtes sûre de ce que vous dites ? Simon Reyes a... utilisé le sang de son frère pour peindre des toiles ?

Je le regarde dans les yeux, déterminée.

-Oui. C'est la vérité. C'est ce qu'il a fait. Il a utilisé l'identité de Seren pendant tout ce temps pour avancer dans le monde de l'art, pour se faire connaître, pour obtenir ce qu'il voulait. Mais il n'a pas seulement usurpé son identité. Il a littéralement volé la vie de son frère. Il a pris son sang, parfois à son insu, pour obtenir de la couleur, pour perfectionner ses œuvres.

Je fais une pause, avalant difficilement ma salive. Tout cela semble irréel, même pour moi. Mais c'est la vérité. La vérité qui est enfin sortie.

L'inspecteur Leroy me regarde un instant, comme s'il essayait de comprendre la vérité derrière mes paroles. Puis il se tourne vers son collègue, un autre inspecteur d'un certain âge, qui note tout dans son carnet. Ils échangent un regard, puis l'inspecteur Leroy se penche légèrement vers moi.