Éclaboussures écarlates

Epilogue

Le matin s'étend doucement à travers les fenêtres ouvertes de la maison. Le soleil se fraie un chemin à travers les rideaux, envoyant des rayons d'or sur le parquet en bois clair. L'air est frais, encore un peu piqué de la brise matinale, mais il porte déjà cette chaleur tranquille qu'on ressent quand tout semble en paix.

Je me réveille doucement, ma tête encore un peu lourde des derniers jours, mais aussi pleine d'une sensation nouvelle. La peur, la douleur, l'incertitude sont enfin derrière nous. La lumière, l'amour, notre amour, sont là, devant nous, prêts à être redécouverts. Une sensation de libération se mélange à chaque inspiration que je prends, comme si mon corps commençait enfin à exister dans un espace où il n'était plus écrasé par l'angoisse de la vérité qui restait cachée.

Seren est là, juste à côté de moi, allongé sur le dos, les yeux fermés. Il respire profondément, paisiblement, comme s'il savourait enfin ce moment de calme. Je tourne doucement la tête vers lui, mes doigts glissant légèrement sur les draps en lin qui nous couvrent. C'est lui, mon amour. Il est là. Il est libre. Il est tout entier, tout à moi, et je suis à lui, après tant de temps perdu.

Ses yeux s'ouvrent lentement, et dès qu'ils rencontrent les miens, un sourire se dessine sur son visage. Ce sourire, je ne l'avais pas vu depuis trop longtemps, depuis bien avant que Simon ne prenne sa place. C'est un sourire qui éclaire tout, qui fait fondre tous les murs, qui fait oublier tout le reste du monde. C'est le sourire de l'homme que j'aime, celui qui ne m'a jamais trahie, celui avec qui je vais pouvoir recommencer à vivre.

-Bonjour, Dita, murmure-t-il, sa voix encore pleine de douceur et de sommeil. Un éclat d'humour dans ses yeux, comme un secret partagé.

Je souris en retour, me blottissant contre lui, sentant la chaleur de son corps contre le mien. Il est là, il est réel, et cette simple vérité me fait presque fondre. Je ferme les yeux un instant, profitant de ce moment où l'univers semble s'être arrêté, suspendu dans un instant de pure tranquillité.

-Bonjour, Seren, réponds-je, ma voix légèrement rauque. Je ne me souviens plus de la dernière fois où j'ai entendu mon propre nom prononcé avec tant de tendresse, comme si ce mot seul suffisait à résumer tout ce que je ressens pour lui.

Il me serre un peu plus près de lui, comme s'il avait peur que je m'échappe, que cette douceur fragile ne s'éteigne avant qu'on ait eu le temps d'en profiter pleinement.

-Tu es magnifique, dit-il, caressant doucement ma joue. Le contact de sa main contre ma peau m'électrise, comme si chaque mouvement qu'il faisait me redonnait de l'énergie. Je me sens vivante, totalement, et cela n'a jamais été aussi vrai qu'en cet instant.

-Je suis tellement heureux de t'avoir retrouvée.

Je relève la tête et plonge mes yeux dans les siens, mon cœur battant à tout rompre.

-Je suis heureuse de te retrouver aussi. Et je... je suis désolée. Désolée de n'avoir pas vu plus tôt ce que tu traversais.

Il secoue la tête, un sourire tendre flottant sur ses lèvres.

-Tu n'y étais pour rien, Dita. Je n'ai jamais voulu te faire souffrir. J'étais... pris dans l'étau de la situation. Mais ce n'est plus important. Ce qui compte, c'est maintenant.

Il me regarde intensément, comme si chaque mot qu'il prononçait était une promesse.

-Ce qui compte, c'est que nous soyons ensemble. Ici. Maintenant.

Je le regarde, les yeux brillants, et je sens une chaleur se répandre dans mon cœur, une chaleur que je n'avais pas ressentie depuis longtemps. Il est là, il est avec moi, et tout ce qui compte à présent, c'est ce moment. L'instant présent. Rien d'autre ne compte.

Je me rapproche de lui, et nos lèvres se rencontrent dans un baiser doux, mais profond. Un baiser que je n'avais pas imaginé depuis des années. Des années. Les années passées à essayer de comprendre ce qui n'allait pas, à chercher des réponses, à vivre dans l'incertitude. Mais ce n'est plus nécessaire. Ce baiser, c'est la réponse à toutes les questions que j'avais, la rédemption que nous attendions tous les deux.

Quand nous nous séparons, il repose son front contre le mien, et nous restons là, dans ce silence confortable, comme deux êtres enfin en paix.

-J'ai eu tellement peur, Seren. Peur de te perdre. Peur que tu ne sois jamais celui que j'ai aimé. Mes mots sont presque un souffle. Je n'ai pas besoin de les dire, mais ils sont là, en moi, prêts à sortir.

Seren me regarde, ses yeux remplis d'une tendresse infinie.

-Je ne t'aurais jamais laissée, Dita. C'est toi, tu sais... c'est toi que je voulais. Toujours. Même quand j'étais pris dans les griffes de ce monstre, je n'ai jamais cessé de penser à toi. Je t'ai toujours aimée.

J'ai envie de pleurer, mais cette fois, ce ne sont pas des larmes de douleur. Ce sont des larmes de soulagement, de joie pure. Le poids de tout ce qui a été, de tout ce que nous avons traversé, se dissipe lentement, comme un nuage qui se dissout au soleil.

-Tu sais, dit-il doucement, Je ne pensais pas qu'on retrouverait un jour cette liberté. Mais maintenant... je veux vivre pour nous. Pour toi. Pour nous deux.

Je souris à ses mots, touchée en plein cœur.

-Je veux ça aussi, Seren. Je veux tout recommencer. Avec toi.

Et à cet instant, tout ce que nous avons vécu, toutes ces années perdues, n'ont plus d'importance. Nous sommes ensemble. Nous avons l'avenir devant nous, et plus rien, plus aucun obstacle ne pourra nous séparer.

Je prends sa main, l'embrasse doucement, et il me serre dans ses bras. L'amour qui est né entre nous, qui a survécu à l'obscurité, à la manipulation, aux mensonges, est plus fort que jamais. Et je sais qu'aujourd'hui, nous ne faisons plus qu'un.

-On est enfin libres, Seren, dis-je, mes mots remplis d'une vérité simple et absolue.

-Oui, Dita, répond-il, son souffle contre ma peau. Et maintenant, on va s'aimer sans fin.

Je ferme les yeux, me laissant emporter dans cette douceur, ce bonheur que j'avais cru perdu à jamais. Nous vivons enfin pleinement notre amour, sans peur. Nous sommes simplement là, ensemble. Et c'est tout ce qui compte.