Chapitre 21 : La Brèche

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La ville semblait étrangement calme au lendemain de l'assaut de l'entrepôt. Le soleil, bien que haut dans le ciel, peinait à percer la couche grise de nuages qui enveloppait tout. Aaric n'avait presque pas dormi, hanté par l'image du garde assommé et par le poids des documents qu'ils avaient récupérés. Ces papiers, qu'il n'avait parcourus que rapidement, portaient en eux la preuve d'une corruption si profonde qu'il se demandait si elle pourrait un jour être délogée.

Assis dans un coin de la pièce, Aaric observait Mirembe et Samuel qui continuaient d'éplucher les dossiers, leurs visages graves éclairés par la faible lumière d'une lampe de bureau. Le silence était seulement interrompu par le bruit de pages tournées et de soupirs occasionnels.

Malik entra soudain dans la pièce, une expression dure sur le visage. « On a un problème. »

Mirembe leva les yeux, les sourcils froncés. « Quoi encore ? »

« Ils savent. Quelqu'un les a prévenus qu'on a ces documents. »

Le sang d'Aaric se glaça. « Comment ? Qui aurait pu les prévenir ? »

Malik secoua la tête. « C'est difficile à dire. Mais les enfants du vent ne sont pas stupides. Ils ont des oreilles partout, et quelqu'un a dû parler. »

La possibilité qu'un traître se cache parmi eux changeait tout. L'atmosphère déjà tendue devint électrique. Mirembe se leva d'un bond.

« Si c'est vrai, ça veut dire qu'ils vont venir pour nous. Et vite. »

Samuel regarda Malik avec un mélange de défi et de méfiance. « On a des pistes ? »

« Non, mais ce n'est qu'une question de temps avant qu'ils nous retrouvent », répondit Malik. « On doit déplacer les documents. Et on doit le faire maintenant. »

Mirembe hocha la tête. « D'accord. Malik et Samuel, vous vous occupez de trouver un endroit sûr. Aaric et moi, on va essayer d'identifier la taupe. »

Aaric déglutit difficilement. Il n'avait aucune expérience dans ce genre de situations. Et pourtant, il se retrouva de nouveau plongé au cœur de l'action, là où la vérité et le mensonge se croisaient dangereusement.

Alors que Malik et Samuel quittaient la pièce, Mirembe se tourna vers Aaric.

« Tu sais ce que cela signifie, n'est-ce pas ? » demanda-t-elle.

« Oui. Cela signifie que quelqu'un, peut-être même quelqu'un que nous considérons comme un allié, joue un double jeu. »

Mirembe acquiesça. « Et cela signifie aussi qu'on ne peut faire confiance à personne. Pas même à ceux qui ont été avec nous depuis le début. »

Ils passèrent les heures suivantes à interroger les membres du groupe, un par un. Les réponses variaient, mais aucune ne semblait incriminante. Aaric se sentait de plus en plus frustré. Chaque personne avait une histoire cohérente, chaque alibi semblait solide.

Mais Mirembe restait implacable. Elle notait chaque détail, chaque hésitation. Elle avait l'œil pour ces subtilités que les autres ignoraient.

« C'est un jeu de patience », murmura-t-elle alors qu'ils prenaient une pause.

Aaric la regarda, admirant malgré lui son calme sous pression. « Et si nous nous trompions ? Et s'il n'y avait pas de taupe ? »

Elle haussa les épaules. « Alors nous aurons au moins écarté cette possibilité. Mais si nous avons raison, la moindre erreur pourrait nous coûter la vie. »

Leur enquête fut brutalement interrompue lorsque Samuel appela. Sa voix était précipitée, presque paniquée.

« Ils arrivent. On a été repérés. Sortez de là, maintenant ! »

Aaric sentit son cœur s'arrêter une seconde avant de battre à tout rompre. Mirembe, elle, réagit immédiatement. Elle attrapa les documents qu'ils n'avaient pas encore sécurisés et les fourra dans un sac.

« Suis-moi, vite ! »

Ils sortirent de l'appartement par l'arrière, se faufilant dans des ruelles sombres. Le bruit des voitures et des voix s'élevait derrière eux, des ombres se dessinant sur les murs.

Aaric courait à en perdre haleine, le sac serré contre lui. Chaque pas semblait une éternité, chaque coin de rue une embuscade potentielle.

Mirembe s'arrêta soudain, le tirant derrière une pile de caisses. « Attends. Écoute. »

Ils entendirent des voix.

« Ils doivent être là. Fouillez chaque recoin. »

Aaric sentit la sueur couler dans son dos. Il retenait son souffle, priant pour qu'ils passent sans les voir.

Finalement, les voix s'éloignèrent. Mirembe se redressa lentement.

« On bouge. Mais reste près de moi.

Ils finirent par atteindre une maison abandonnée à la périphérie de la ville. Mirembe verrouilla la porte derrière eux et s'effondra sur une chaise.

« On ne peut pas continuer comme ça », dit-elle, sa voix trahissant pour la première fois une pointe de fatigue.

Aaric hocha la tête. « Alors, que fait-on maintenant ? »

Elle le regarda, ses yeux brillants d'une intensité presque douloureuse.

« Maintenant, on se prépare pour la prochaine étape. Parce que ce n'est que le début. »

Alors que la nuit tombait, Aaric se retrouva seul dans une pièce, fixant les documents éparpillés devant lui. Chaque ligne qu'il lisait semblait creuser davantage l'abîme sous ses pieds.

Il savait qu'il avait franchi un point de non-retour. Ce combat n'était plus seulement celui de Mirembe ou de Samuel. C'était aussi le sien.

Mais il savait aussi qu'il y avait un prix à payer. Et il se demandait combien de temps il pourrait tenir avant que ce prix ne devienne trop élevé.

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⏰ Dernière mise à jour : Dec 04 ⏰

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