Chapitre 16 : Le Poids des Révélations

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La lumière du matin filtrait à peine à travers les fenêtres poussiéreuses du vieux bâtiment où Aaric se trouvait. Le silence régnait dans la pièce, lourd et oppressant. Son esprit était en ébullition, hanté par les événements de la nuit précédente. Le chaos qui avait secoué les rues la veille n'était que le prélude d'une série de découvertes qui allaient bouleverser l'équilibre de toute la lutte. Un mensonge avait été révélé, une vérité aussi dérangeante que mortelle. La question n'était plus de savoir si Bakari allait tomber, mais bien quel serait le prix à payer pour sa chute.

Aaric s'assit dans un coin de la pièce, le regard perdu dans le vide. Les visages des hommes et des femmes qui avaient pris part à cette révolution défilaient dans son esprit. Mirembe, Samuel, les autres activistes... tous avaient sacrifié une partie de leur humanité pour cette cause. Mais aujourd'hui, il se demandait s'ils avaient tous compris ce qu'ils étaient en train de faire. Avait-il lui-même pris la mesure des enjeux ? Était-il prêt à payer le prix de la victoire ?

Le téléphone d'Aaric vibra sur la table, brisant l'angoisse qui l'envahissait. Un message de Mirembe. Il appuya sur l'écran, impatient, mais aussi nerveux. Les mots qu'elle avait écrits le frappèrent comme un coup de poing :

"On a trouvé quelque chose. Bakari n'est pas celui que tu crois. Le système qui nous oppresse est bien plus vaste. Cette lutte n'est qu'une partie du puzzle."

Aaric sentit un frisson glacial lui parcourir l'échine. Qu'est-ce que cela signifiait ? Qu'est-ce que Mirembe avait découvert ? Il savait que Bakari n'était qu'un maillon d'une chaîne plus grande, mais jusqu'à quel point ce système était-il enraciné ?

Il se leva d'un coup, son corps tendu par l'urgence. Il devait la retrouver, comprendre ce qu'elle avait découvert. Mais au moment où il se dirigea vers la porte, un autre message arriva. Cette fois, c'était Samuel.

"Je t'attends. On a besoin de discuter. Le piège est plus profond que ce que l'on pensait."

Le soleil était haut dans le ciel lorsqu'Aaric arriva à l'endroit convenu. Mirembe et Samuel l'attendaient, leurs visages graves. Aucun sourire, aucune parole réconfortante. C'était comme si la réalité venait de leur exploser en pleine figure.

— Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Aaric, l'anxiété mordant ses mots.

Samuel était le premier à parler, son ton grave, presque effrayé.

— Ce que Mirembe a trouvé est énorme, dit-il en jetant un coup d'œil furtif à la jeune femme. Bakari n'est pas juste un homme de pouvoir. Il est une pièce d'un jeu bien plus vaste. Les liens qu'il a... Ce n'est pas juste de la corruption. C'est de l'extorsion de pouvoir à l'échelle du pays entier. On parle d'organisations internationales, de multinationales, de contrats sous la table avec des puissances étrangères. Ce que nous vivons, ce n'est pas juste un système politique corrompu. C'est un réseau mondial.

Mirembe prit la parole à son tour, sa voix tremblante mais déterminée.

— Il ne s'agit pas simplement de le faire tomber. Si Bakari tombe, le système qu'il a nourri tombera avec lui. Mais ça va laisser un vide, un vide que d'autres prendront. Et ce vide pourrait bien être encore plus dangereux. Les choses sont en train de se compliquer d'une manière que personne n'avait envisagée.

Aaric sentit une vague de vertige l'envahir. Ce qu'il avait pris pour une lutte contre un tyran local devenait maintenant une guerre mondiale. Il avait cru qu'en renversant Bakari, ils offriraient une nouvelle chance à leur pays. Mais il se rendait compte à présent que cette chance pourrait ne jamais se matérialiser. Il n'était plus sûr de rien.

— Mais pourquoi tout cela ne nous a-t-il pas été dit plus tôt ? Pourquoi on nous a caché la véritable envergure du problème ? demanda Aaric, sa voix tendue.

Mirembe baissa les yeux, visiblement embarrassée. Elle avait découvert des informations qu'elle n'avait pas voulu croire au départ. Mais la réalité était plus sinistre qu'elle ne l'avait imaginé. Un réseau de corruption, d'argent sale, de trafics d'influence... Et tout cela avait des ramifications qui allaient bien au-delà de ce qu'ils avaient compris. Des secrets qui s'étaient transmis entre les générations, des pactes scellés dans l'ombre.

— Parce qu'on n'a pas voulu voir. Parce qu'on avait cette image de la révolution parfaite, d'une justice imminente. Mais la vérité, c'est que ce système est tellement enraciné que personne n'en sort indemne. Même nous, on est impliqués d'une manière ou d'une autre.

Aaric sentit un poids lourd se poser sur ses épaules. Il avait vu son pays se diviser entre ceux qui luttaient pour la justice et ceux qui se battaient pour leur pouvoir. Mais ce qu'il ne savait pas, c'est que tout cela faisait partie d'un jeu bien plus grand que celui auquel il croyait jouer.

Il se tourna vers Samuel, son regard cherchant des réponses dans celui de son ami.

— Alors quoi ? On abandonne tout ? On s'avoue vaincus avant d'avoir eu la chance de comprendre la véritable nature de ce combat ?

Samuel haussait les épaules, les poings serrés. Il n'avait pas de réponses simples. La situation était devenue bien plus complexe que tout ce qu'ils avaient imaginé. Chaque décision qu'ils prenaient semblait les éloigner un peu plus de la victoire, et plus près d'un abîme de violence et de corruption.

— Non, on ne peut pas abandonner, répondit-il finalement. Mais on doit faire attention. Parce que là, on touche à des forces qui nous dépassent. On doit choisir nos alliés avec soin et savoir quand frapper. Si on prend la mauvaise décision, tout est fini. Mais si on joue bien nos cartes... Peut-être que ce pays, cette révolution, auront une chance.

Aaric acquiesça lentement, mais au fond de lui, une question ne cessait de le tourmenter. Avait-il encore une chance de mener son peuple vers un avenir meilleur ? Ou étaient-ils condamnés à être engloutis par un système trop puissant pour être défait ?

Le temps passait, mais Aaric savait que les révélations qu'ils venaient de découvrir changeraient à jamais la trajectoire de leur lutte. Le poids de la vérité pesait lourdement sur ses épaules, et plus le temps passait, plus il se rendait compte qu'il allait devoir prendre une décision difficile.

Car dans cette guerre, il n'y avait pas de gagnants. Seulement des survivants.

Et maintenant, il ne lui restait plus qu'à décider s'il serait l'un d'entre eux.

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