XXXIX

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Dans l'immensité de la blancheur, la lumière frappait ses yeux comme un éclat de glace. Lentement, presque contre sa volonté, Taehyung tenta d'ouvrir les paupières. Mais l'agression de la clarté le força à les refermer, ses yeux brûlant sous cette lumière étrangère. Il attendit, son souffle court, que ses sens s'adaptent à ce monde qui lui semblait si lointain, si irréel. Quand il rouvrit les yeux, il aperçut autour de lui une chambre d'hôpital, les murs d'un blanc pur, presque clinique, comme si le monde extérieur avait disparu.

Un tuyau étreignait sa gorge, une douleur sourde et insupportable qui lui tira un frisson. Le bruit incessant d'une machine à ses côtés, un bip métallique qui semblait résonner dans son crâne, l'emplissait d'un malaise insupportable. Sa tête pulsait, chaque battement de son cœur amplifiant l'intensité de sa douleur. Autour de lui, les voix des médecins se faisaient de plus en plus distinctes, mais il ne parvenait à saisir que des bribes, un murmure lointain qu'il peinait à comprendre.

Il tenta de bouger sa main, luttant contre la sensation d'engourdissement qui envahissait tout son corps. La main, à peine capable de répondre à sa volonté, se leva lentement, frôlant l'air avec une légèreté presque surnaturelle, comme si chaque mouvement était une victoire arrachée à la douleur. Lorsqu'un médecin, vêtu de sa blouse blanche, s'approcha de lui, il sentit la pression dans sa gorge s'intensifier. Les mains expertes des soignants s'affairaient autour de lui, retirant délicatement le tuyau. La sensation qui suivit était plus que désagréable, une brûlure acide qui lui écorchait la gorge, mais il n'eut pas la force de protester.

— Monsieur, m'entendez-vous ?

Sa voix, lorsqu'il tenta de répondre, ne fut qu'un souffle faible, presque inaudible. Un bruit, un murmure qui perça à peine le silence oppressant de la pièce.

— Je...

L'infirmière, debout près de lui, insista, sa voix calme et apaisante.

— C'est normal que votre gorge vous brûle. Ne forcez pas trop sur votre voix, d'accord ?

Les mots étaient simples, mais dans la confusion de son esprit encore brumeux, ils résonnèrent comme un appel lointain à la réalité. Il chercha à comprendre, à répondre, mais il n'eut la force de produire que des sons rauques.

Un autre médecin s'approcha alors, et d'une voix plus douce, il lui ordonna doucement :

— Si vous allez bien, bougez vos doigts.

Avec une lenteur infinie, Taehyung tenta de répondre à l'ordre. Il ressentit son corps comme une mer calme, mais aussi étrange que cela puisse paraître, chaque mouvement semblait demander une énergie qu'il n'avait pas. Après une lutte silencieuse, ses doigts bougèrent. Il ne parvint à en faire que quelques-uns, mais c'était suffisant pour que le médecin se montre satisfait. Les contrôles continuaient, mais Taehyung n'était plus là. Il n'était plus dans ce corps qui lui semblait étranger, dans cette lumière qui l'agressait, dans ce monde trop bruyant.

Son esprit dérivait, flottant, entre la réalité et le néant, entre la douleur et la paix qu'il n'arrivait pas à atteindre.

Le médecin, après avoir observé attentivement le mouvement lent et fragile de Taehyung, parut satisfait. D'un geste méthodique, il poursuivit ses contrôles, chacun d'eux marquant le temps avec une lenteur clinique. Puis, d'une voix calme, il expliqua à Taehyung que ce qu'il vivait était un miracle, un réveil d'un coma de stade 4, ce coma où la vie ne tenait plus qu'à des fils artificiels. C'était rare. Extrêmement rare. Le silence après ces mots résonna dans l'esprit de Taehyung, presque irréel, comme une vérité trop lourde à supporter. La pièce, si blanche, si stérile, lui paraissait comme une prison où il venait tout juste de se réveiller.

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