La rentrée avait sonné depuis un mois déjà, mais Yoongi n'était plus que l'ombre de lui-même. Il se rendait à l'école sans conviction, son corps présent, mais son esprit ailleurs. Ce jour-là, assis seul à une table de la cafétéria, il semblait se fondre dans le décor, invisible aux yeux des autres. Pourtant, sa solitude n'échappa pas à Junsun, son ancien ami, qui s'approcha avec un rictus cruel.
Sans prévenir, un liquide gluant dégoulina sur ses cheveux, coulant en traînées froides sur sa nuque. Yoongi sursauta, les mains tremblantes, et releva la tête.
— Alors, la tapette, on aime ça, hein ? lança Junsun d'une voix forte, attirant l'attention de tous.
Yoongi resta figé, incapable de répondre.
— Hein ? Je... je... balbutia-t-il.
— Ferme ta gueule, siffla Junsun. Tu me dégoûtes tellement. Eh, tout le monde ! Yoongi, c'est une tapette. Il aime se faire défoncer !
Les rires fusèrent autour de lui, glaçant l'air déjà lourd. Yoongi ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit.
— Jun... Junsun ? murmura-t-il enfin, incrédule.
— Quoi ? Tu pensais que je ne le saurais pas ? cracha son bourreau. T'es tellement dégueulasse... Dis-moi, ça a quel goût ?
Les mots étaient acides, brutaux, et chaque syllabe semblait entailler un peu plus l'âme de Yoongi.
— Co... comm...
— Ah, tu veux savoir comment je l'ai appris ? ironisa Junsun en croisant les bras. J'ai mes sources, et crois-moi, t'es vraiment écoeurant.
Junsun partit, suivi de ses camarades, laissant Yoongi seul au milieu des regards moqueurs et des murmures.
À partir de ce jour, l'école devint un véritable enfer. Les insultes et les brimades devinrent son quotidien. Chaque journée apportait son lot de coups, de moqueries et d'humiliations. Dans un pays où l'homosexualité était encore un sujet tabou, Yoongi était devenu une cible, et les murs du lycée, un piège dont il ne pouvait s'échapper.
Chez lui, le réconfort se faisait rare. Il passait le plus clair de son temps dans la chambre de Jungkook, cherchant à retrouver une once de sécurité dans ce lieu empreint des souvenirs de son frère de cœur. Mais même là, il ne trouvait pas la paix. Les nuits étaient longues et tourmentées, et les repas se faisaient de plus en plus rares. Sa tante, bien que présente physiquement, ne semblait pas percevoir l'ampleur de son mal-être.
Les mois passèrent, et l'état de Yoongi se détériora davantage. Il échoua à ses examens de fin d'année, un résultat qui passa presque inaperçu tant il s'était effacé. Amaigri, le teint livide, il ressemblait à un spectre, une coquille vide hantant la maison.
Un matin, pourtant, sa tante le vit réellement, pour la première fois depuis longtemps. En le croisant dans l'escalier, elle s'arrêta, la gorge nouée. Il était méconnaissable.
Elle sentit les larmes monter sans pouvoir les retenir. Yoongi, surpris, s'arrêta, son regard vide se posant sur elle.
Sans réfléchir, elle se précipita vers lui et le serra dans ses bras, comme si ce geste pouvait réparer tout ce qu'elle n'avait pas vu.
— Je suis désolée... Tellement désolée, murmura-t-elle, les mots brisés par les sanglots.
Yoongi ne répondit pas, mais il s'accrocha à elle, ses mains tremblantes saisissant le tissu de son habit. Quand il se mit à pleurer à son tour, elle comprit à quel point il avait retenu sa douleur tout ce temps.
Elle le força à manger, comme un enfant qu'on réapprend à nourrir, puis le borda dans le lit de Jungkook, une berceuse ancienne aux lèvres, celle qu'elle chantait jadis avec sa sœur. Yoongi finit par s'endormir, l'air un peu plus apaisé. Mais pour elle, le combat ne faisait que commencer.
Cette nuit-là, elle prit son téléphone et appela Jungkook.
— Allô ? répondit-il, la voix endormie.
— Jungkook ? commença-t-elle, hésitante. C'est à propos de Yoongi...
Elle déversa un torrent de mots, lui expliquant l'état de Yoongi, sa méfiance, son isolement, son échec scolaire.
— Il se fait harceler, conclut-elle, la voix brisée. Et je ne sais pas quoi faire...
Un silence s'installa, avant que Jungkook ne reprenne, plus ferme :
— Passe-le-moi, s'il te plaît.
— Il dort, murmura-t-elle.
— Réveille-le. C'est important.
Elle monta dans la chambre et secoua doucement Yoongi pour le réveiller. Il ouvrit les yeux, confus, et elle lui tendit le téléphone.
— Kookie ? murmura-t-il, la voix tremblante.
— Yoongi, tu vas bien ? demanda Jungkook d'un ton sérieux.
— Je... Oui...
— Ne me mens pas.
Yoongi resta silencieux. À travers le combiné, la voix de Jungkook semblait percer ses défenses.
— Tu veux me rejoindre à Séoul ? lança soudainement Jungkook.
Yoongi écarquilla les yeux, pris au dépourvu.
— Quoi ?
— Il y a une grande école de musique ici, et je n'ai pas oublié ma promesse.
— Tu... tu es sérieux ? balbutia Yoongi, la voix emplie d'espoir.
— Très sérieux, répondit Jungkook. Mais à une condition.
— Laquelle ?
— Valide ton année. Promets-le-moi.
Yoongi inspira profondément, cherchant ses mots.
— Je te le promets, finit-il par dire, la voix empreinte de détermination.
Un léger sourire traversa son visage, timidement.
— Kookie... Je t'aime, murmura-t-il, ses joues s'empourprant malgré tout.
— Moi aussi, Yoongi, répondit Jungkook avec un éclat de rire léger.
L'appel prit fin, et Yoongi resta un moment immobile, le téléphone pressé contre sa poitrine. Jungkook ne l'avait pas abandonné. Il avait une promesse à tenir, et cette fois-ci, il réussirait.
_____________________________________________________Voilà, voilà, essayant de rester fidèle à l'original.
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Les Échos du Pardon
FanficUn amour forgé dans les épreuves, un pardon difficile mais essentiel, et une famille reconstruite sur des bases solides. Entre rancune et rédemption, Yoongi et Taehyung, porteurs de blessures anciennes, découvrent que l'amour véritable n'est pas une...