Cela faisait déjà cinq mois que Yoongi portait l'enfant de Taehyung. Madame Min, bien que fatiguée par les circonstances, redoublait d'efforts. Elle travaillait deux fois plus pour subvenir aux besoins de son fils et du futur bébé. Yoongi, lui, tentait de ne pas sombrer dans le désespoir, bien que Taehyung et sa famille soient retournés en Corée du Sud. Depuis cet adieu forcé, un vide pesant s'était installé. Monsieur Min, quant à lui, n'avait pas refait surface depuis ce jour terrible.
Un matin, alors que Yoongi était encore allongé dans son lit, les rideaux tirés pour empêcher la lumière de pénétrer, la porte d'entrée s'ouvrit brutalement. Le son du bois qui grince fit écho dans la maison. Yoongi fronça les sourcils, pensant que sa mère était revenue plus tôt. Mais des pas lourds, hésitants, accompagnés d'un bruit de verre brisé, résonnèrent dans l'escalier.
Lorsque la porte de sa chambre s'ouvrit, il sentit aussitôt une odeur âcre d'alcool. Son père, méconnaissable, se tenait là, appuyé contre l'encadrement. Il avait maigri à l'excès, sa chemise sale pendait sur ses épaules décharnées, et son visage creusé par les cernes trahissait des nuits sans sommeil.
— Yoon... Yoongi... hic, marmonna-t-il en titubant.
Yoongi se redressa brusquement, le souffle coupé par la peur.
— A... appa ? balbutia-t-il, la gorge nouée.
— Alors... hic tu refuses de prendre ton père... dans tes bras ? hic grogna-t-il en avançant d'un pas chancelant.
— Non... non... appa... ne... ne me fais pas de mal, supplia Yoongi en reculant, son regard affolé cherchant une issue.
Mais il n'y avait pas de sortie facile. Son père, totalement sous l'emprise de l'alcool, s'approchait dangereusement. Yoongi savait qu'il devait fuir. Il bondit hors du lit, ses jambes tremblantes sous le poids de la panique. Il se précipita dans le couloir, mais son père, malgré son état, le suivit avec une rage désespérée. Les bruits de pas résonnaient comme des tambours de guerre.
Alors qu'il atteignait presque l'escalier, une main brutale l'agrippa par le bras. Yoongi se débattit avec l'énergie du désespoir, mais son père resserra son emprise, balbutiant des paroles incohérentes. Dans la lutte, Yoongi perdit l'équilibre. Il bascula en arrière, son corps frappant violemment la rampe avant de dévaler les marches. Un bruit sourd, suivi d'un craquement sinistre, résonna dans la maison.
Quand il ouvrit les yeux, une douleur insoutenable irradiait de son ventre. Une barre de métal rouillée, issue de la rampe brisée, s'était enfoncée dans sa chair. Du sang coulait abondamment, teintant le sol d'un rouge profond. Yoongi, suspendu à moitié dans le vide, sentait la vie s'échapper de lui. Il aperçut son père en haut des escaliers, pétrifié, les mains tremblantes.
— Je... je ne voulais pas... murmura Monsieur Min, les yeux écarquillés, un tremblement dans la voix.
Quand Madame Min rentra, la scène qu'elle découvrit lui coupa le souffle. Son cri glaçant résonna dans la maison. Elle se précipita vers son fils, mais s'arrêta net en voyant l'état critique de son corps. Tremblante, elle sortit son téléphone pour appeler les secours.
— Tiens bon, Yoongi ! cria-t-elle, les larmes coulant sur ses joues. Je suis là... je suis là !
Les ambulanciers mirent plusieurs longues minutes à découper la barre sans provoquer davantage de dommages. Le visage de Yoongi était livide, son souffle faible, mais il tenait bon, contre toute attente. Il fut transporté à l'hôpital dans un état critique, tandis que son père, menotté, était emmené par la police.
Lorsque Yoongi sortit du bloc opératoire, le docteur prit Madame Min à part.
— Nous avons réussi à stopper l'hémorragie, mais... murmura-t-il, un regard grave dans les yeux. Nous n'avons pas pu sauver le bébé. Ses organes reproducteurs féminins ont été trop endommagés. Nous avons dû les retirer pour sauver sa vie. Il ne pourra plus jamais avoir d'enfant. Il est hors de danger pour l'instant, mais il aura besoin de temps et de repos.
Ces mots furent un coup de massue. Madame Min, bien que soulagée que son fils soit en vie, sentit son cœur se briser. Yoongi adorait déjà cet enfant, et elle savait qu'il ne supporterait pas la perte.
Quand il apprit la nouvelle, Yoongi ne réagit pas. Il resta allongé dans son lit d'hôpital, les yeux vides. Pas une larme ne coula. Ce fut le début d'un silence mortel, entrecoupé uniquement par le bruit mécanique des machines.
Les jours passèrent, puis les semaines. Yoongi refusait de sortir de sa chambre. Il ne mangeait presque plus. Madame Min, malgré sa propre faiblesse due à son cancer, essayait de le réconforter, mais en vain.
Puis, un jour, incapable de cacher son propre état, elle s'effondra. Hospitalisée d'urgence, elle convoqua Yoongi à son chevet. Faible, elle lui caressa la joue, son sourire tremblant.
— Yoongi-ah... murmura-t-elle d'une voix éraillée. Je ne vais plus pouvoir rester avec toi.
— Non... Eomma... ne dis pas ça... chuchota-t-il, les yeux déjà embués.
— Écoute-moi, bébé. J'ai appelé ta tante. Elle viendra s'occuper de toi. Tu iras vivre avec elle, à Busan.
— Je ne veux pas... Je veux rester avec toi. S'il te plaît, ne me laisse pas. Pas toi aussi...
— Promets-moi... de ne pas faire de bêtises... Promets-le, Yoongi-ah.
— Je te le promets, sanglota-t-il.
Avec une tendresse infinie, il commença à chanter pour elle la berceuse qu'elle lui avait apprise. Sa voix brisée résonnait dans la pièce, emplissant l'air de désespoir. Madame Min ferma les yeux, un sourire paisible sur les lèvres. Et puis, la machine émit un long bip.
C'était fini.
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J'ai jugé bon de mettre la rencontre avec la tante dans le prochain chapitre, KISSOU🥲❤️❤️, j'espère qu'elle ne dénote pas trop de l'originale, cette version.
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Les Échos du Pardon
FanfictionUn amour forgé dans les épreuves, un pardon difficile mais essentiel, et une famille reconstruite sur des bases solides. Entre rancune et rédemption, Yoongi et Taehyung, porteurs de blessures anciennes, découvrent que l'amour véritable n'est pas une...