XLV

10 0 0
                                    


Les rues de Séoul étaient paisibles ce matin-là, enveloppées dans le silence fragile que seule la neige pouvait offrir. Le froid hivernal s'était installé doucement, recouvrant tout d'un manteau blanc et pur. Les passants s'activaient, emmitouflés dans des manteaux épais, leurs visages lumineux sous les premiers rayons de soleil filtrant à travers les nuages. Taehyung sortit de chez lui, la gorge serrée, son cœur lourd d'une douleur ancienne, presque familière, qu'il n'avait jamais vraiment pu effacer. Ce n'était pas un jour comme les autres. Il avait décidé de faire un geste, de poser un acte symbolique, et la destination était évidente.

Il se dirigea vers le magasin de fleurs, l'endroit habituel où il savait qu'il trouverait un bouquet qui conviendrait à l'événement. Les pétales douces des fleurs, fragiles et pleines de beauté, lui rappelaient combien la vie pouvait être éphémère. Après avoir choisi le bouquet qu'il jugeait parfait, il prit un taxi. Le chauffeur, comme toujours, le salua d'un sourire absent, et les rues de Séoul défilèrent, argentées par la neige tombant doucement sur le sol. La scène qui se déroulait devant ses yeux semblait s'étirer dans un rêve, un moment suspendu dans le temps.

Les familles se promenaient, enfants rigolant et parents bavardant tranquillement. Mais Taehyung ne pouvait pas s'empêcher de sentir un vide autour de lui. Il avait toujours été entouré de ceux qu'il aimait, mais l'ombre de son passé le suivait encore, inévitable, comme un écho lointain.

Le taxi s'arrêta enfin, et Taehyung, le cœur lourd, paya avant de sortir et de s'engager dans la rue. La tombe qu'il venait visiter n'était pas bien loin, mais chaque pas le menait plus profondément dans ses souvenirs, dans les remords et dans la douleur. Il savait que ce moment serait difficile, mais c'était un passage obligé, un devoir qu'il n'avait pas encore accompli.

Là, au cimetière, la neige s'était accumulée sur les pierres, et le vent glacial soufflait doucement. Ses cheveux s'envolaient dans une danse fugace, comme un adieu aux jours passés. Il s'agenouilla devant la tombe, déposant le bouquet de fleurs sur la pierre froide. Un silence pesant s'établit autour de lui. Puis, lentement, une larme s'échappa de ses yeux et se fraya un chemin sur sa joue. Il l'essuya doucement, comme si ce geste pudique pouvait effacer la douleur.

— Bonjour, Seoki. Je sais que je suis en retard... mais est-ce que tu me pardonnes de ne pas t'avoir rendu visite avant ?

Ces mots résonnèrent dans l'air froid, mais il n'y eut aucune réponse. Pourtant, il sentait la présence de son ami, comme une empreinte indélébile sur son âme. Le temps n'efface pas les regrets, les remords. Mais Taehyung avait appris à les porter, à vivre avec eux, comme on porte une cicatrice sur le cœur.

Je suis désolé d'avoir été borné et de ne pas t'avoir pardonné plus tôt. Ses mots se brisaient dans la neige.

Les souvenirs affluaient en lui, violents, comme une mer déchaînée. Les années s'étaient écoulées, mais la douleur persistait. Il se souvenait de Seoki, de son rire, de sa jeunesse pleine de rêves. Il se souvenait de ce moment fatidique, ce coup de feu qui avait changé leurs vies à jamais. Pourquoi avait-il hésité à pardonner ? Pourquoi avait-il attendu ?

Les médecins m'ont dit que Yoongi n'a jamais perdu espoir. Que même quand tout le monde pensait que je ne reviendrais jamais, il a continué d'attendre.

Les larmes coulaient désormais plus abondamment, se mêlant à la neige. Taehyung ferma les yeux, ses pensées se tournant vers Yoongi, l'homme qui avait été son pilier, son sauveur. Yoongi n'a pas débranché les machines, il m'a laissé une chance. Une chance que je n'avais pas vue moi-même.

Tu sais, j'ai passé deux ans dans le coma... et pendant ces deux ans, Yoongi n'a jamais perdu espoir de me voir me réveiller. Les autres n'y croyaient plus... mais lui, il a attendu, il m'a attendu.

Les Échos du PardonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant