Les Échos du Pardon

IX

Le trajet en avion vers la Corée du Sud semblait interminable pour Yoongi. Trois semaines s'étaient écoulées depuis que sa tante avait entamé les démarches pour régulariser sa situation, et désormais, il se trouvait assis à ses côtés, son regard perdu dans les nuages cotonneux qui s'étendaient au-delà du hublot.

Sa tante, Hyuna, rayonnait de bonheur, un sourire éclatant constamment accroché à ses lèvres. Elle parlait sans relâche, animée par une excitation qu'elle ne parvenait pas à contenir.

— Tu verras, Yoongi, mon fils est formidable ! Vous avez à peine deux ans d'écart ! Je suis certaine que vous deviendrez les meilleurs amis du monde.

Elle enchaînait en décrivant avec enthousiasme son fils, Jeon Jungkook : son physique athlétique, son sourire espiègle, son tempérament chaleureux. Mais les mots de sa tante n'étaient qu'un bruit de fond pour Yoongi. Il n'écoutait pas. Ces histoires ne l'intéressaient pas, et cette joie qui l'entourait ne faisait qu'accentuer son propre vide.

Fatigué, il finit par fermer les yeux et s'endormit, espérant que ce flot incessant de paroles s'estompe enfin.

Quand il se réveilla, ce fut au son d'une voix douce qui murmurait :

— Yoongi, mon grand, nous sommes arrivés.

Ils traversèrent l'aéroport bondé, un lieu bruissant de retrouvailles et d'adieux. Yoongi suivait mécaniquement sa tante, ignorant les étreintes chaleureuses des familles autour de lui. Dehors, une voiture élégante les attendait.

Hyuna guida Yoongi à l'intérieur. L'habitacle luxueux, avec ses sièges en cuir immaculé, lui donna un étrange sentiment de décalage. Ce n'était pas son univers, et il se sentait écrasé par cette sophistication oppressante.

— Ne t'inquiète pas, murmura Hyuna en posant une main rassurante sur son épaule. Tu n'es plus seul. Je suis là maintenant.

Yoongi serra les poings. Il voulait lui hurler : "Où étais-tu ? Pourquoi n'étais-tu pas là avant ?" Mais il se retint, accablé par sa promesse à sa mère.

Pendant le trajet, Hyuna jetait de fréquents regards à son neveu, cherchant à comprendre l'étendue de sa douleur. Yoongi fixait la fenêtre, ses pensées enfermées dans un silence lourd. Hyuna soupira. Elle regrettait amèrement ses années d'absence.

Après une heure et demie de route, la voiture s'arrêta devant une vaste demeure située au cœur de Busan. Yoongi contempla la maison imposante, aussi grande et majestueuse que celle qu'il avait connue en Chine. Sa tante, elle, affichait un enthousiasme débordant.

— Viens, Yoongi ! J'ai hâte que tu rencontres Jungkook.

Elle le tira doucement par le bras, impatiente de le présenter. Une fois dans le salon spacieux et moderne, elle se mit à appeler son fils :

— Chéri ! Maman est rentrée ! Descends vite ! Ton cousin est là !

Des bruits de pas résonnèrent dans l'escalier, mais Yoongi restait absorbé par l'exploration silencieuse de la pièce. Le mobilier élégant, les décorations raffinées... tout ici semblait appartenir à un monde qui n'était pas le sien.

— Oh, mon chéri ! lança Hyuna, éclatante de joie. Viens dire bonjour à ton cousin. Voici Yoongi, le fils de ma sœur.

Yoongi tourna enfin les yeux et croisa le regard de celui qui était censé être son cousin.

— Salut, lâcha simplement Jungkook, un sourire malicieux aux lèvres.

Yoongi resta figé, incapable de répondre immédiatement. Jungkook, avec son allure juvénile, semblait à peine plus vieux que lui, mais son sourire débordait d'assurance et de chaleur.

— Alors ? Tu as perdu ta langue ? taquina Jungkook.

Hyuna éclata de rire.

— Ne t'inquiète pas, il n'est pas très bavard, expliqua-t-elle.

— Jeon Jungkook, se présenta le jeune homme, tendant une main à Yoongi.

Yoongi hésita avant de répondre d'une voix presque inaudible.

— Min Yoongi.

Hyuna, visiblement satisfaite, embrassa son fils sur la joue avant de s'excuser :

— Les garçons, je dois aller travailler. Jungkook, montre à Yoongi sa chambre et veille sur lui, d'accord ?

— Pas de problème, maman, répondit Jungkook en la serrant brièvement dans ses bras.

Yoongi détourna les yeux, une douleur sourde lui comprimant la poitrine. "Eux, ils se disent encore je t'aime... Moi, je n'ai plus personne à qui le dire."

Jungkook guida Yoongi à l'étage jusqu'à une chambre spacieuse. Il l'aida à ranger ses quelques vêtements dans l'armoire tout en essayant d'engager la conversation.

— Alors, Yoongi, qu'est-ce que tu aimes faire ? demanda-t-il avec entrain.

— ... Rien, répondit Yoongi d'une voix morne.

Jungkook fronça les sourcils mais ne se découragea pas.

— Ta couleur préférée ?

— J'en ai pas.

— Bon, ton anniversaire, au moins ?

— 9 mars 1997.

— Ha ! Je suis ton hyung alors. 1er septembre 1995. Tu peux m'appeler "hyung", compris ?

Yoongi ne répondit qu'un vague "hum". Jungkook tenta une dernière question, plus audacieuse cette fois :

— Tu as un copain ? Ou une copine ?

— Non.

— Eh ben ! Tu n'es vraiment pas facile à vivre, soupira Jungkook, feignant l'exaspération.

Yoongi baissa les yeux, conscient qu'il n'avait fait aucun effort.

— Attends, murmura-t-il soudain. Reste. Je... Je vais essayer.

Un sourire éclaira le visage de Jungkook.

— Bien ! Alors, recommençons : ta mère, comment elle était ?

Les yeux de Yoongi brillèrent d'une émotion contenue.

— Elle était belle, douce... La meilleure maman au monde. Elle avait des fossettes quand elle souriait, des lèvres fines et un petit nez adorable.

Jungkook l'écoutait attentivement, touché par la sincérité dans la voix de son cousin.

— Elle te manque, hein ? murmura-t-il.

Yoongi acquiesça, les larmes coulant silencieusement sur ses joues. Jungkook hésita, puis passa une main maladroite dans les cheveux de Yoongi.

— Pleure, Yoongi. C'est normal. Et moi, je suis là maintenant.

Ce furent les dernières paroles échangées avant que Yoongi ne s'endorme, vidé de ses forces. Jungkook resta un moment à ses côtés avant de retourner dans sa chambre.

Il savait qu'il faudrait du temps pour panser les blessures de son cousin. Mais il était prêt.

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Yaouh, j'avance vite 🥰🥰🥰🥰🥰🥰