15.

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"Les yeux baissés les mains tendues au ciel, Mais où la foi j'aurai tant besoin d'elle, à l'approche de la fin les gens s'aident, on s'rapproche quand les galères s'enchaînent..."

J'ouvre les yeux. Je me redresse dans mon pieu ; un gant mouillé tombe de mon front. Ma peau est noyée dans la sueur. Khalil est assis sur le lit, tourné devant moi. D'un geste il me convie à me rallonger. Il éponge mon front avec le gant. Lorsqu'il baisse les yeux à moi, ses cils sont tellement longs et fournis qu'ils ont une ombre. Je remonte la couette à ma poitrine et on continue de s'épier. Sa main ne bouge plus de mon front, et ça ne me dérange pas. Mes paupières pèsent, je finis par les fermer sans jamais trouver le sommeil.

_ Ca va ?

_ Al Hamd u Lilah.*

_ Tu te rappelles de c'qui s'est passé?

_ Oui.

_ C'est chaud, c'est la troisième fois tu fais des crises comme ça jusqu'à perdre connaissance.

J'ai toujours les yeux fermés.

_ Te, tu, pourquoi, ...?

_ Nan. S'il te plaît pose pas de questions. Fais comme si ça s'était jamais passé.

_ Comment fais comme si ça s'était jamais passé? J'vais pas ignorer ça Maryâm. J'en ai marre d'être impuissant, nique sa mère demain j't'amène au toubib.

_ Fais pas ça Khalil w'Allah... Même le toubib il pourra rien pour moi. C'qui m'faut c'est un exorciste haha...

Mon front sent un poids en moins. J'en déduis qu'il a récupérer sa main. J'entrouvre l'oeil, il passe son index et son pouce sur ses cernes.

_ Arrête ça putain ! Sors !!

_ Quoi? Qu'est-c'que j'ai fais?

_ Tu m'insupportes zebi. Arrête de vouloir le copier tout le temps. T'es pas lui t'es pas lui.

_ De quoi tu parles khoya?

_ T'as les mêmes manières que Jawed.

Il pince ses lèvres gourmandes et rosées. Je peux pas m'empêcher de le trouver beau, c'est au dessus de mes forces.

_ En vrai tu l'as jamais oublié hein...

Dans un soupir j'élève un "non". Mais il ne semble pas l'avoir entendu et est trop appliqué sur sa tirade.

_ T'as vu moi j'étais présent sur son lit de mort. Le mec il allait crever il parlait que d'toi. "Prends soin de ma petite, w'Allah tu la délaisse j'tenvoie des jnouns pour te maudire" complètement tarré. Mais quand il a quitté c'monde tu semblais tellement indifférente. Tu vivais ta vie heja normal. Pendant un moment j'ai pensé que t'en avais jamais eu rien à foutre de lui, que tu profitais juste de sa notoriété pour pas avoir une mauvaise réput' à la cité, ou un délire comme ça. C'est pour ça que j'ai pas respecté ma promesse. Dire que j'pensais que tu t'en battais les yeuks, sans savoir que c'était toi la plus atteinte de nous tous.

_...

_ Tu peux pas t'arrêter de vivre comme ça Maryâm. T'as pas le droit. Pour lui.

Maryâm - « Bent Hram »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant