« Et si je garde en moi toutes les blessures du passé c'est pour me rappeler de tout c'que tu as fait pour moi. »« Et si demain le jour se levait, et qu'une âme manquait à l'appel ? Que c'était l'âme de ton frère ? »
« Callée au fond du bus, les pieds sur le siège, ç'ui à qui ça plait pas j'l'emmerde. J'suis la meuf que tout l'monde évite de s'asseoir près d'elle, à croire même ma propre odeur reflète le personnage glauque que j'suis devenue. Pff, c'est vous les puants ouais. Le trajet se fait machinalement, une dizaine de passagers, quelques connaissances qui discutent entre eux, quant à d'autres qui attendent leur arrêt dans leurs pensées. J'les observe tous un à un. Ca va de la bourgeoise qui est obligée de se coltiner « l'horreur des transports en commun » parce que sa Golf est en réparation, à l'étudiante ringarde enfermées dans ses révisions, en passant par la mama voilée et sa poussette à la gamine de cinquième qui rentre un peu plus tôt des cours. Et y'a la raclure qui s'isole et regarde les gens comme si c'était des extraterrestre : moi.
On est tous différents, mais au fond on veut tous la même chose, pourtant au lieu de s'entraider on se divise. Expliquez-moi s'il vous plaît.
Le bus s'arrête, des gens partent et d'autres montent, (c'est pas moi qui vais vous l'apprendre hein) et mon attention se dirige vers une petite rebeu francisée, shab le rouge à lèvres, sourcils tatoués ou j'sais pas comment vous faites ça mais ça s'voit à 10 kilomètres que c'est pas naturel, avec son sac Michael Kors aïe ça fait mal. Elle se dirige vers moi, capte que mes ieps sont sur le siège, roule des yeux et souffle. Wesh elle a cru c'était l'bus à son père ? J'vais lui montrer les valeurs fi bladi* qu'apparemment elle a renié.
_ Tu souffles qui bouffonne ?
Elle sort la tête de son bigo et vérifie sur mon expression si c'est bien à elle que j'ai parlé. Après confirmation, la peur commence à se lire dans ses yeux. Mais cousine, tout l'monde nous observe, j'ai un public, une victime sur qui cracher ma tristesse trop longtemps refoulée et tu voudrais qu'j'me taise ? Chouf* ta dégaine chouf la mienne. On a pas toute la chance d'avoir un jean Guess, enfin si, mais un vrai, pas un qu'on a acheté dans un hanout* au bled.
_ Tu, tu parles à moi là ?
Me bégaie-t-elle. Euh, elle est conne ou elle est conne ?
_ Vas-y ta bouche.
A y'est, ses manières de « Tout me réussi, la vie est belle » a fait ressortir mon côté obscur. Dédicace à Anakin.
« Beurette » va s'asseoir ailleurs, côté fenêtre. Comment j'aime pas les actions comme ça. Tu vois bien qu'le bus est quasiment vide, pourquoi tu fais des manières devant moi ?
J'mets un p'tit plan en place pour bien la faire rager. De mon vieux samsung à clap tout pété j'appelle ma... shrab ?
_ Wai Messa.
_ Wai wai wai la street bien ou quoi ?
_ J'suis fanée w'Allah, y'a une khemja* elle m'a cassé la tête.
_ Asy déclare.
_ -élève un peu la voix- C'est pas j'suis tranquille, postiche dans l'bus et tout, la gow elle arrive elle me chabe* de trav' et elle souffle, oh détend ton string un peu nan ?
La « gow » en question était en train d'écouter des sons ripous, (sûrement du Zifou, hahaha), à textoter sourire un coin comme une golmon devant son vieil Alcatel, de temps en temps à regarder par la fenêtre le paysage de dehors -aussi crasseux qu'elle- comme si c'était quelque chose de fabuleux.
Elle m'avait rien d'mandé, mais elle avait l'air bien, de kiffer sa p'tite vie, et indirectement j'lui en voulais. J'en voulais à tous. Elle est épanouie, pas moi.
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Maryâm - « Bent Hram »
Ficción General« A l'encre de mes silences. Tout est crypté, sous clé, placé sous somnolence, Je ne laisse transparaître que ce qui m'est autorisé. Si ma tête est l'unique endroit où il ne peut pas s'infiltrer, alors laissez-moi me terrer Sous l'abîme de mes sec...