11. « A chaque jour suffit sa peine, moi j'respire à peine, les keufs et les sirènes m'endorment. Le daron fait l'Adhan pendant que moi j'traîne seule dehors. »
« J'suis née poussière, et j'repartirais poussière. Le soleil se lèvera en même temps que la misère frère. »
L'air se dégrade. En présence d'un Spliff -que j'ai ramassé par terre qu'était encore allumé, cimer le toxico anonyme- dans ma main droite que je coince entre mes lèvres. De mes yeux éclatés j'essaie de m'habituer au nouveau décor, bien que ces putains de pavés gris ne changent en rien de d'habitude. La fumée s'installe dans mon cerveau, et l'adoucit comme elle peut.
« Après la vie c'est autrement, et la rue perd ses monuments, perd ses valeurs, perd ses principes, perd son respect de la discipline dans l'illicite »
J'ferme les yeux. Si seulement les morts parlaient. Si seulement toi et moi on pouvait communiquer... L'odeur du tamien se répand dans la résine de mes tissus. J'entraperçois les phares d'une voiture luire sur le mur, klaxonner, puis repartir en crissant du pneu.
Je jette mon joint et grimpe les marches. Un appartement se déverrouille, trois keums en sortent, tenue de soirée, font même pas attention à ma race, trop excités sur leur sortie en te-boi. Ils descendent.
J'suis postiche devant la porte de chez Khalil. A la surprise de tout l'monde j'ai acceptée de rester ici sans tméniker.* J'mets mon oreille contre l'bab.* RAS. J'vais pour enclencher la porte quand j'perçois un verre ou une assiette claquer contre le bois d'la ble-ta. Sa race, il est réveillé ! J'me retourne mais comme une hmara* que je suis avec mon coude j'donne un coup dans ma porte qui m'a llégri seule toute.
Même pas dix s'condes d'intervalle avant qu'il ramène sa gueule. Son parfum chevauche mes conduits nasals. Hugo Boss si j'me trompe pas...
La pénombre de la nuit raffermit le bleu foncé de ses yeux, jusqu'à les rendre glacials. Obligée d'courber légèrement mon cou pour qu'on s'téma entre 4 z'yeux. Il m'chuchote en criant (Ouais c'est possible) :
_ Qu'est-c'tu fous là ?!! T'es partie faire quoi en pleine nuit ?!!
_ ...
_ Oh j'te parle ! Et pourquoi t'as les yeux rouges, t'as..t'as pleuré ?
J'le pousse pour passer.
_ Nan j'suis fonfon.
Mes sapes qui puent la beuh l'ont confirmé. Il me chope par le bras, referme la porte et me colle dessus. Ses longs doigts s'enfoncent dans ma peau, je les étreins de ma main mais il ne les retire pas, ah ça nan.
_ Ecoute-moi bien sale gamine de merde, crois pas on est chez toi ok ? T'es sous mon toit ici, et y'a des règles, règle numéro 1 tu sors pas la nuit tombée ! J'vais t'réapprendre la ive en tess moi !
J'use d'un rire sadique qui sort de mes entrailles. Qu'il est hlou* dis donc.
_ Miskine * ! -rire- Oh arrête de t'croire important ça en devient grave là ! J'me casse quand j'veux d'ton HLM tout pérrave !
J'sens la circulation du sang d'mon bras se couper face à la pression qu'il envoie. Avec sa force de colosse, il empoigne mon menton qu'il joint au sien. Entre ses dents il murmure d'une voix faussement sereine :
_ Essaie même pas d'faire la maline avec oim, sinon j'...
_ Cousin, tu pourrais m'mettre à terre, me briser chaque os de mon corps un par un que j'appliquerai pas tes règles de frustré. Maintenant si tu voudrais bien te pousser.
Il me lâche, j'caresse mon menton. J'le sens s'vénère. Qu'il fulmine dans son coin, c'est pas mon problème. On partage un toit et puis c'est tout. Je m'avance dans l'couloir, démarche de vainqueur...
VOUS LISEZ
Maryâm - « Bent Hram »
Genel Kurgu« A l'encre de mes silences. Tout est crypté, sous clé, placé sous somnolence, Je ne laisse transparaître que ce qui m'est autorisé. Si ma tête est l'unique endroit où il ne peut pas s'infiltrer, alors laissez-moi me terrer Sous l'abîme de mes sec...