L'information met sa vie avant de me monter au crâne. Je cligne plusieurs fois des yeux, mimique dévoilant ma surprise. Mais il a pas l'air de dhek*, il est là, paupières plissées, sourcils se touchant presque.
_ Quoi? Mais comment ça?
Il soupire, caresse sa mâchoire tout en chassant son regard autour du couloir. Quelques infirmiers en blouse défilent mais ne nous font aucune remarque.
_ Tout le monde savait ce que ce fils de timpe te faisait, et t'étais pas la seule. Y'avait la soeur d'un grand qu'il avait... t'as compris. Du coup lui et ses shabs ils ont décidé de monter un plan, simple et efficace, et de faire en sorte que personne le venge. Ta reum elle était dans l'coup, elle l'a mis en confiance, hébergé histoire qu'il baisse sa garde pour réunir assez de preuves contre lui pour le coffrer. Crois pas, si il l'avait cramée à l'heure où j'te parle elle serait six pieds sous terre frère. Hessoul, une fois enfermé ils ont payé des gars pour qu'il s'occupent de son cas, ils l'ont éventré avec un rasoir.
Ma main tremble. J'ai l'impression de faire une chute de 50 étages. Waaaah... Mais nan... Jure wAllah j'suis une des causes de sa mort?
Ma poitrine, tant alourdie par cette vie de chien que j'ai connu semble en apesanteur à un moment. Il me lâche les poignets.
Putain mais y'a tellement de machins qui s'expliquent maintenant...
Un souvenir plongé en apnées refait surface. Je me rappelle d'un jour où Jawed, pété m'avait dit une phrase chelou "T'inquiète ma petite on t'a vengé" ça prend tout son sens maintenant...
Mais alors, ça veut dire que ma mère elle a risqué sa vie pour moi? Ça veut dire qu'elle a pas fermé les yeux? Bordel j'suis pas une petite merde qu'elle a oublié d'avorter, putain ma mère elle m'aime...?
_ Eh mais... Pourquoi quand on s'est embrouille devant toute la tess elle m'a dit qu'elle gardait Mesrin -surnom de mon ancien boss- fi ddar sachant ce qu'il me faisait?
Il répond sans attendre, comme si c'était évident :
_ Elle t'en voulait Maryâm, t'as pas été une gosse facile frère remets toi en question ! Elle voulait te faire mal, elle a appuyé sur ta faiblesse...
_ Ouais bah c'est réussi. Tain j'suis outrée. Pourquoi je l'ai jamais su?
Son visage se détend.
_ Ah, ça. Bonne question. On savait que t'aurai jamais accepté que ta mère elle prenne un risque comme ça, puis après c'est resté comme ça et on a zappé, tfaçon c'était pas à nous de te le dire.
Je recule d'un pas. Sans que je le veuille, ni que je le comprenne, les muscles de ma bouche forment un smile. Et j'me mets à ricaner comme une mongole.
_ Avec un rasoir t'as dit? Cheh ! Dans son gros bide !
RimK me regarde avec bienveillance ze3ma et me tapote les cheveux.
_ Mohem*, tout ça pour dire lui en veut pas trop à ta mère. Au final tu sais pas comment ça a été dur pour elle. Elle devait dormir avec ce chien et se retenir de l'étouffer dans son sommeil.
J'me cale contre le mur, abasourdie par toutes ces putains de révélations. Et toutes nos disputes me reviennent en flash dans le crâne. Comment je lui parlais, que je lui manquais de respect. Ses larmes, sa fatigue. Toutes les galères, le dégoût, la déception, le désespoir, un semblant de suicide dans ses yeux. Je l'ai vu tellement de fois. Je l'ai entendu tellement de fois. "De toute façon, vous êtes tous des enculés, vous voulez tous que je crève ! Vous voulez ma mort !" AstaghfirAllah mon coeur tremble en y repensant. J'avais tellement peur pour elle que j'ai souhaité qu'elle meure juste pour qu'elle soit libérée de cette vie, juste pour qu'elle soit entre les mains de Rabbi au Paradis. Maman... En voulant t'aider j'ai contribué à t'achever. Toutes ces choses que j'ai jamais su te dire, quand je te voyais pleurer, que cette putain de honte, d'orgueil, de lâcheté me paralysait et m'empêchait de te consoler. Putain yemma, t'as risqué ta vie pour moi. Tu m'as donné la vie deux fois et j'ai été qu'une merdeuse, une putain d'ingrate.
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Maryâm - « Bent Hram »
Fiction générale« A l'encre de mes silences. Tout est crypté, sous clé, placé sous somnolence, Je ne laisse transparaître que ce qui m'est autorisé. Si ma tête est l'unique endroit où il ne peut pas s'infiltrer, alors laissez-moi me terrer Sous l'abîme de mes sec...