« La rue a ses raisons que Sheytan ignore. »
« 4h du matin, petite virée nocturne pour me changer les idées. Bien assise, c'est l'odeur du shit qui règne dans les escaliers. J'suis pas en bas, nan nan, il y'a trop d'insomniaques comme moi, et je préfère croiser personne donc je reste callée à l'étage de la madre. Faut savoir que c'est murs en béton ne couvrent pas tant le bruit que ça ; sirène qui sonne, conversation qu'on préfère garder secrète -mais qui ne l'ai plus, haha-, bruit de voiture, murmures des ivrognes... La cité n'est jamais calme, même son silence est un cri.
Ca fait deux jours que j'ai boycotté les cours, 'faut que j'y retourne sinon ils vont convoquer yemma... Et j'préfère me crever les yeux plutôt qu'apercevoir dans les siens de la déception encore une fois. Des fois j'ai l'impression de mener une double vie... Dehors j'suis froide, toujours dans mes magouilles chelou, meuf bizarre qui traîne avec des gens bizarres... Mais dès que je franchis le seuil de cette baraque le masque tombe. On pourrait presque me voir sourire. Presque ? Car ouais, j'suis jamais là à 100 %, toujours quelque chose qui tourne en boucle dans ma tête...
J'suis entrain de gratter sur les murs des bêtes de phrases pendant que j'écoute une conversation -à priori pas très intéressante, mais vu comme j'hess*- :
« _ Ouais... Mais fait attention, c't'enfoiré d'Sino il est pas net, w'Allah j'le sens pas !
_ T'inquiète khey,* j'assure toujours mes arrières. Au faite pour le plan on s'y prend comment ?
_ P'sahtek*. Quel plan ?
_ LE plan.
_ Ah ça,... Bah on va voir avec l'équipe, mais la Mecque tu nous la mets pas à l'envers Benze ! C'est pas au dernier moment tu fais ta mouille !
_ Mais nan, teukass* t'sais très bien comment j'suis ! La rue c'est ma wife, qu'est c'tu crois ?
_ Ouais bah j'préfère ça. Hessoul*, ton phone il arrête pas d'vibrer d'puis tal', répond nan ?
_ Ouais bah as-y j'vais répondre. On se rejoint tard plus ?
_ Ouais as-y Salem. »
C'est Moussa, un khel du bloc D et Fadil alias Benze qui parlent. J'savais même pas qu'à quatre heures du mat' c'est possible qu'ils soient éveillés et sobre. Leur conversation me fait sourire intérieurement... Ils perdent rien pour attendre ceux-là. Faut savoir que ce que j'entends je ne le répète JAMAIS ; c'est comme ça, pas d'lance-ba chez nous. C'est comme ça que peu à peu on intègre la confiance des autres. « La confiance se gagne en gouttes et se perd en litre ». Cette phrase elle dit tout.
Bref, donc j'disais on était à l'aube et j'étais tranquillement en train de dessiner sur le mur des escaliers lorsque mon téléphone émet une vibration si forte qu'elle en a produit des échos ce qui me fait sursauter. La lumière de l'écran -qui est bien évidemment cassé, suite à ces nombreuses chutes- m'aveugle les yeux. C'est Jaws.
_ Ouais Allô ?
_ Ouais...(souffle) Maryâm... J'ai besoin d'toi là (bruit du vent)
J'aime pas les plans comme ça... Pas du tout même. J'ai l'impression qu'il m'appelle que dans les lère-ga celui là...
_ ...
_ Allô ?
_ Combien ?
_ Quoi ?
_ Il te faut combien ?
Je l'entends sourire cette crapule.
_ Qui t'as dit que j'parlais d'oseille là ? (bruit de klaxons)
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Maryâm - « Bent Hram »
Ficção Geral« A l'encre de mes silences. Tout est crypté, sous clé, placé sous somnolence, Je ne laisse transparaître que ce qui m'est autorisé. Si ma tête est l'unique endroit où il ne peut pas s'infiltrer, alors laissez-moi me terrer Sous l'abîme de mes sec...