05. « Pour Noël j'veux pas d'cadeaux, juste une échelle assez grande pour aller tchek les potos partis trop tôt. »
« _ Mais... Pourquoi tu rigoles ?
_ -reprenant mon sérieux- Parce que, c'est comique.
_ Ah...oui ?
_ Hm. J'veux plus jamais entendre ça tisor de ta bouche.
Elle hoche la tête. On se regarde quelques secondes sans rien dire puis j'entends la voix de ma mère au loin qui hurle : « Maryâaaaaaaaaaaaaam ! Ajî !* ». Je regarde une dernière fois Sarah qui est tout de même triste.
_ Bon bah, je dois y'aller... Je vais prendre le courrier, tu veux monter à la maison ?
_ Euh... Bah oui pourquoi pas ?
_ -souriant- Allez, monte j'te rejoins.
Elle grimpe les sdales* tandis que moi je regarde en speed le contenu des lettres, si y'en a pas une du bahut. Je les fais défiler dans mes mains. Facture, facture, lycée Jules Vernes -hop j'la garde-. Et, une retient mon attention. Je sais très bien c'que c'est, j'suis pas conne. Si c'est bien ce que je pense, je préfère garder ça dans un coin de ma tête -et de ma chambre surtout-, et pas mettre d'étiquette sur c'que j'ressens à présent.
« Maison d'arrêt de Nanterre »
Au salon, Sarah nous détaille un peu plus la dispute, et de temps en temps elle craque. Ca m'fait chelou de voir quelqu'un pleurer, et de ressentir un truc. Y'a bien longtemps que les gens ont arrêté de trop s'exprimer devant moi.
Enfin bref, l'après midi se termine devant l'écran d'la TV qui diffuse « Les sorciers de Waverly Place » avec un Candy'up pour faire zizir à la gamine, et moi comme toujours l'esprit qui vagabonde...
[...]
En bande, on traîne au centre commercial. L'union fait la force nan? On crie, on parle fort, on s'fait remarquer, on taille les gens qui passent sur leur dégaine, on s'tape des barres, on passe un bon moment. Les filles s'arrêtent toutes les deux minutes pour regarder à travers la vitre, je m'arrête avec elles, mais je prends pas le soin de regarder moi aussi. Ca fait bizarre de sortir de la cité, c'est tout un autre monde gueh. Le sol est propre, y'a pas d'crachats par terre, les gens sont tranquilles, -à part nous, nos voix résonnent carrément-. Mais putain qu'est ce que c'est bon.
Leurs conversations sont rythmées d'onomatopées, de "W'Allah, la vie d'moi, la tête de ma mère, la Mecque, le Coran, les yeux d'ma p'tite soeur" pour ponctuer les phrases. Des fois je me dis qu'on a la bouche trop sale pour prononcer ces que-tru précieux sur lesquels on jure.
Bien que la conversation est complètement stupide, que je trouve pas du tout ma place je m'y efforce d'y participer. Téléréalité, commérages, racontage de life et j'en passe...
Ca m'passe complètement au dessus d'la tête. Qu'est c'que j'men bas les couilles moi, que ta combi est assortie avec aucune de tes Free Run? C'est tellement futile ce qu'elles jactent, que l'espace d'un instant j'en oublie mes problèmes. Et j'me surprends à intervenir dans la conversation moi aussi. A un moment la conversation dévie autour des trois mousquetaires...
Lindsay : _ Oh, on voit plus trop Rim-K en c'moment...
Yasmine : _ -rire- ton hlel i t'manque?
Lindsay : _ Mais t'es une ouf toi ! Mon hlel numéro un c'est Ahmed là, même il ressemble à un gwer avec ces yeux bleus ! Après le numéro deux, peut être hein...
Fatou : _ Mais barre toi d'là Ahmed i voudra jamais d'toi ! Téma comment t'es toute sec ! Il voudra une vraie femme, comme moi -fait un tour sur elle-même-
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Maryâm - « Bent Hram »
Fiction générale« A l'encre de mes silences. Tout est crypté, sous clé, placé sous somnolence, Je ne laisse transparaître que ce qui m'est autorisé. Si ma tête est l'unique endroit où il ne peut pas s'infiltrer, alors laissez-moi me terrer Sous l'abîme de mes sec...