17.

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17. « La rue a ses pointures et le Sheytan qui les chausse. »

Le cœur sous morphine, j'arrive même pas à avoir mal de ce que mes yeux ont vu. Ca n'arrive même plus à m'atteindre. J'me suis fossilisée comme le putain de bloc d'en face.

La désillusion heurte son visage, le poids de l'humiliation ratatine ses traits mais je n'en tiens pas compte. Qu'est-ce qu'il croit ? Que j'allais lui dire "moi aussi" et qu'on allait se rouler des pelles?

_ Alors c'est comme ça? Dès le début, tu...

La clarté de ses yeux est floutée de larmes qu'il s'efforce de retenir en laisse par dignité, j'en prends un coup de matraque dans le cœur.

_ Mais t'as pas honte de trahir ton meilleur shab comme ça? T'as une fille je te rappelle! Et tu viens de galocher sa mère y'a pas cinq minutes! C'est surréaliste, oh nos vies sont pas compatibles, putain mais regarde-moi!

Khalil : _ Est ce que tu ressens la même chose que moi Maryâm?

_ Mais c'est même pas question d'ça! T-tu, tu, tu peux pas envisager des trucs comme ça, merde c'est pas des trucs qu'on dit à une meuf dans sa situation! Tu crois quoi bordel ! J'suis pas comme elles, j'ai pas la patience de gérer un homme en plus de ma vie merdique ! J'suis bordélique dans la tête, dans l'âme, j'te donnerai pas c'que tu veux...

Khalil : _ Maryâm réponds moi. Est-c'que tu ressens la même chose que moi?

_ On est condamnés tu comprends? C'est mort d'avance! J'étais censée être là futur à ton meilleur pote, je...

Khalil : _ Maryâm est-ce que tu m'aimes OUI OU NON?!!!

Lasse de respirer, l'esprit essoufflé je brise mes cordes vocales :

_ Nan ! Nan j'éprouve rien pour toi, j'ai pas de sentiments, mon âme elle est figée ! Chaque fois que je te vois tu me dégoûtes, chaque fois que tu t'approches de moi j'ai envie de dégueuler mes tripes. C'est un supplice d'habiter sous le même toit que toi.

Ma poitrine est broyée. J'entends l'écho de mes paroles pourtant j'arrive pas à croire c'que ma langue a débité.

Ses 3eyness deviennent fissurés, et j'réalise que j'ai niqué le seul espoir de m'en sortir. Il m'apaisait, était ma potentielle issue de secours pour enfin vivre normalement. Et j'viens de tout foutre en l'air pour une histoire d'orgueil qui n'a pas lieu d'être. Putain mais quelle conne.

J'me déteste.

[...]

Et une cassure de plus à ma misérable vie. Les jours défilent et s'enchaînent, rien ne s'arrange. Les entrailles percées à vif je vais pas y arriver. Son indifférence m'assassine, et comme c'est de ma faute dois-je me déclarer suicidaire ? Ces jours j'les passe comme étant dans un état second, comme une larve dépassée par le surplus d'émotions. L'orgueil me paralyse d'aller lui parler, ou la lâcheté, j'en sais rien. J'ai juste envie de canner ça fera du bien à tout le monde.

Et t'as le cœur écorché à vif, la poitrine marquée au fer, tu supplies l'ange de la mort de t'envelopper de ses ailes, tu te cherches une raison de rester en vie, t'en cherche, t'en cherche, une personne, une cause, quelque chose qui te retient. Sans succès. Tu sais pas comment tu tiens mais tu tiens. Tu te dis que t'es pas humaine de tenir après tout ça. Pourquoi la lame de rasoir entre tes doigts, pourquoi l'excès de cachets ne t'achèves pas ? Pourquoi avant de te porter le coup de grâce, un espoir t'en empêche ? Mais t'es pas humaine pour arriver à encaisser ça ! Pourquoi ta main n'agis pas, pourquoi ton corps te supplie de rester ?

Maryâm - « Bent Hram »Où les histoires vivent. Découvrez maintenant