Maryâm - « Bent Hram »

16.

"Maman m'a dit la priorité aux études, l'amour ça viendra quand ça viendra fais gaffe à ton attitude, n'accepte pas les avances du premier venu, celui qui t'aime insistera malgré les recalages en continu. Elle m'a dit ma fille il n'y a rien de plus précieux que la famille, unis par les liens du sang ne t'attache pas trop aux amis. Du jour au lendemain elles peuvent te trahir. Une, deux, trois, ça doit largement te suffire. Maman m'a dit tant que t'as la santé ne te plains pas, si je te dis non c'est pour ton bien te braque pas. Tu sais un jour je vais disparaître, ce sera ton tour de mettre au monde un petit être. J'espère avoir le temps de vieillir afin d'être grand-mère, benti sache que dans la vie y'a rien de plus important que l'amour d'une mère"

Ce soir là le ciel n'était plus qu'un fin voile. La lumière de la lune translucidait au travers des nuages qui la couvrait. Et nous, petits hommes qui peuplait l'immensité de cette étendue ne pouvions qu'être éblouis par la peinture que la nuit nous offrait. Mais aujourd'hui j'ai l'âme trop inquiète pour m'abandonner à l'admiration.

Ummi...

Est-ce de la honte que je vois dans ton regard? Est-ce du regret? Est-ce du pardon ya ummi? Ou alors du soulagement, de l'épanouissement?

Alors c'est comme ça, t'as plus besoin de moi? T'as trouvé un autre roc sur lequel te reposer? Ma fuite était si bénéfique finalement? Alors ça y'est yemma, tu m'as remplacée?

Tes yeux creusent dans les miens à la recherche d'une réaction. Ah ouais, tu veux voir comment je prends le fait qu'une nouvelle fois tu m'laisses contre un autre? Ah ouais?

J'entends ma pompe intérieure exploser dans ma poitrine. Tout en captivant leur attention, je mollarde au sol avec toute la répulsion que j'possède au fond de moi.

Traîtresse.

J'ai plus les mots pour décrire toute mon animosité envers cette femme. Cette femme infidèle à sa propre fille, incapable de faire semblant d'être forte. Cette femme si... humaine. C'est le ras-le-bol total. Il manquait vraiment plus qu'ça. Ca lui a pas suffit d'ramener un fils de pute à la maison, nan juste pour avoir d'la considération, pour éviter d'se sentir seule elle en ramène un autre? Mais on est quoi nous? Des putain d'kleenex qu'elle tej quand elle les a assez utilisé? Renier cette femme par Allah c'est chier sur mes principes les plus fondamentaux. Mais pour mon bien j'suis contrainte à l'faire. Madame ça lui suffit pas de ramener un pédophile à la maison et d'le garder sachant qu'il touche sa fille, faut qu'elle ait besoin des bras d'un autre homme. Nan j'ai pas le choix. Faut plus que j'm'attache à quiconque. Si c'est pour finir avec une seringue enfoncé dans l'bras à croupir par terre.

Ca suffit j'en peux plus j'suis à bout. Trop de harkis* dans c'te hayat*. Mes jambes s'actionnent et me guide à la voiture de Khalil. J'remercie Khalil d'm'avoir filé le double. Ma vision devient shootée, j'galère à démarrer. J'mets même pas ma ceinture, plus rien à foutre. Juste envie d'me foutre en l'air, plus rien qui ne me retient ici.

Ils sont tous heureux sans moi. Même lui.

Phares et feux tricolores se bousculent dans ma vue qui est noyée sous une cascade de larmes. J'ai dû m'faire flasher 15 fois, et j'en profite pour faire un gros doigt d'honneur à l'objectif. Les klaxons et les crissements de pneus déferlent sous mon passage. Je manie le volant avec férocité. J'en oublie la signification des panneaux. Je veux juste en finir.

J'me gare à la zeub. J'm'approche du rempart du pont. La brise semble vouloir me récupérer avec elle. Je me penche tout en cramponnant à la barre. C'est d'une hauteur vertigineuse.

Et si j'lâchais tout?

J'suis qu'une étrangère dans cette vie après tout.

"Papa tape maman, mon cartable, ma tristesse,