Chapitre 16

1.3K 60 2
                                    

[Je n'ai pas vu Dimy depuis deux jours et ça m'agace... je sais que les visites sont en fin de semaines et... enfin bon, j'attends...] Quelques fois, j'ai l'impression de le voir passer devant le centre. Avec une écharpe marron crème et son éternel manteau vert kaki sombre. Il reste des heures à marcher devant le centre mais ne se retourne jamais vers les fenêtres. Comme s'il avait peur... et puis il repart. Il a tout changé pour moi. Ce centre est bien loin de notre petit appartement qu'il a d'ailleurs vendu pour en prendre un assez proche du centre. Nous avons changé de ville car l'établissement où je suis interné est le plus performant.

??? - Yanis ? Est-ce que vous êtes avec moi ?
Moi - Euh oui, oui... désolé... c'était quoi la question monsieur le psy ?
Psy - Pourquoi toujours m'appeler comme ça ?
Moi - Ben vous êtes psy non ?
Psy - Oui, je le suis. Vous avez un certain mépris pour les psychologues ?
Moi - Non... j'ai un certain mépris pour les docs en général. Psy - Pourquoi ?
Moi - Parce que je l'étais...
Psy - Qu'est-il arrivé ?
Moi - Je me suis fait virer... à cause de traitements que j'ai échangés...
Psy - Est-ce que vous culpabilisé ?
Moi - ... Qui ne culpabiliserait pas ?
Psy - Répondez s'il vous plaît. Moi - Évidemment que je culpabilise, mais je ne peux revenir en arrière.
Psy - Est-ce pour ça que vous avez décidé de prendre des antidépresseurs ?
Moi - Et vous doc dans la vie c'est comment ?

Il soupire et après quelques minutes, la séance est terminée. Je suis un fou. C'est la première fois que je lui dis autant de choses sur moi ! Sérieux mais pourquoi je lui ai dit tout ça ? Peut-être que je devrais tout lui dire... après tout... c'est pas comme si j'étais un meurtrier... c'est vrai que j'ai échangé deux traitements mais ils sont toujours vivants... ! Enfin bon... il est cinq heures et nous devons tous retourner dans nos chambres respectives. Alors c'est ce que je fais, je vais dans ma chambre. Je m'assoie sur mon lit et une heure plus tard, mon dîner est servi. Je mange tranquillement, prends une douche rapide avant de me coucher. J'ai la tête remplie de pensées aussi négatives les unes que les autres. Mais je m'endors tout de même, pensant que demain sera sûrement plus facile qu'aujourd'hui. Ou pas... Quand je me réveille, le petit déjeuner est déjà là. Je n'y prête même pas attention et change de vêtements. Un médecin arrive et comme tous les matins regarde si tout va bien. Et ça m'agace un peu c'est vrai, mais je n'ai pas vraiment le choix alors, je les laisse faire leur boulot. Si c'est pour me désintoxiquer plus vite alors pourquoi pas... Ce que je voudrais c'est en finir pour enfin sortir de ce trou pourri ! Enfin bon, il termine rapidement.

Doc - Tu ne manges pas ?
Moi - Je n'ai pas très faim.
Doc - Tu devrais manger.
Moi - C'est bon, j'ai compris... Doc - Bien, tu peux sortir quand tu veux, n'oublie pas que ce matin tu dois retrouver le groupe de soutien et cet après-midi...
Moi - Le psy. Je sais.
Doc - Biens. Bonne journée.
Moi - Vous aussi.

Et il s'en va. Je mange un peu avant de faire ma toilette et de sortir de ma chambre. Je retrouve un mec nommé Balthazar. Nom que sa mère lui a donné après avoir regardé un film qu'elle a adoré. Lui, il fait une dépression nerveuse et n'a pas vraiment d'amis. Il ne parle pratiquement jamais. C'est pour ça que je reste avec lui. Je lui tiens compagnie. Et lui fait pareil pour moi sans vraiment s'en rendre compte.

Balthazar - Yanis.

Je le regarde surpris. Pourquoi il me parle ?

Moi - Mm ?
Balthazar - Pourquoi tu t'embêtes à rester avec moi ?
Moi - Ça ne m'embêtes pas. Au moins tu n'es pas comme tous les autres qui essaient de montrer qu'ils sont des gens bien et tout ça.
Balthazar - Parce que je suis différent des autres ?
Moi - Oui...
Balthazar - Je vois... tu ne t'ennuie pas ?
Moi - Comment ça ?
Balthazar - Je ne parle jamais.

Je lui souris.

Moi - Pour être honnête... ça m'arrange...
Balthazar - Oh... cool alors !

Il me sourit et on ne dit plus rien jusqu'au moment où je dois aller au cours de soutien. J'y vais presque à reculons, mais j'y vais quand même. Tout le monde parle, mais moi... je suis ailleurs. Je pense à Dimitri qui est dehors là, quelque part... à faire je ne sais quoi... c'est la première fois que je suis séparé de lui pendant longtemps et j'avoue que c'est très déplaisant. Mais... c'est en partie ma faute alors je dois... faire avec.

??? - Et toi alors Yanis ?

Je sursaute.

Moi - Moi... ? de quoi ?
Doc - À quoi penses-tu ?
Moi - C'était ça votre question ? Doc - Oui. C'est toujours la première question, Yanis, mais... tu le sais.
Moi - Euh... oui... je pense que... j'en ai rien à foutre de ce qu'il va se dire ici...
Doc - Bien.

Et il continu avec ces questions stupides. Tandis que je divague loin d'eux. Après le cours de soutien, on va tous manger. Et puis, certains retournent dans leur chambre tandis que d'autres vont dans la salle principale où trainent plusieurs jeux, aussi stupides que les questions du doc. Enfin bon, je retourne m'asseoir auprès de Balthazar qui a le regard dans le vide. Mais à ma venue, il se tourne vers moi.

Balthazar - Alors comment c'était ?
Moi - Ennuyeux à mourir et toi ? Balthazar - Pareil.

Et on passe le reste de notre temps à rien faire, comme d'habitude.

Balthazar - Ça te dérangerait si je me mettais à te parler ?
Moi- Pourquoi ça me dérangerait ?
Balthazar - Tu as dit que tu me tenais compagnie parce que je suis silencieux.
Moi - C'est vrai... mais un peu de bavardage ne te ferait aucun mal !

Je lui souris. Il rougit et baisse la tête.

Balthazar - Tu n'as pas tors... Merci... je ne parle peut-être pas beaucoup, mais ta présence me rassure. D'un certain côté... De loin, je suis vraiment bizarre, et personne ne s'est jamais vraiment approché de moi. Donc... voilà.

Je pose ma main sur son épaule le réconfortant comme je peux, étant donné que je ne peux pas le prendre dans mes bras ! Ouais, c'est interdit ici. Sauf pour la famille. Ou les amis proches. Entre patients, on ne peut pas. Enfin bon bref. Il me sourit me remerciant. Après quoi vient l'heure où je dois voir mon psy. Il m'accueille chaleureusement comme tous les jours, me serrant la main.

Psy - Alors Yanis. Comment ça va aujourd'hui ?
Moi - J'ai toujours aussi l'impression que vous me prenez pour un con...
Psy - Je vois. Et sinon ?
Moi - Dimitri me manque...
Psy - Qui est Dimitri ?
Moi - Mon frère... ou mon petit ami j'sais pas trop...
Psy - Comment ça ?
Moi - Dimitri a toujours été là pour moi... il a toujours été mon frère... jusqu'au moment où j'apprends qu'en fait il ne l'est pas... et nous nous sommes rapproché... enfin non... nous étions déjà très proche. Beaucoup trop proche.
Psy - Et qu'est-ce que vous pensez de cette relation entre vous ?
Moi - Sérieusement ? Je n'en ai aucune idée...
Psy - Vous l'aimez ?
Moi - Oui... pourtant je ne le lui ai jamais dit... j'ai... cette boule dans mon ventre qui... m'empêche de lui dire ce que je ressens...
Psy - Et cette boule dans le ventre, à quoi la référenciez-vous ?
Moi- Peut-être au fait qu'avant nous étions frères... et que j'ai l'impression que ça n'est plus le cas...
Psy - Mais vous... que préférez-vous ? être son frère, ou son compagnon ?
Moi - ... Je ne sais pas...
Psy - Et je ne peux pas savoir à votre place. On a fait un bon bout de chemin Yanis, c'est très bien.

Je le regarde longuement avant d'ouvrir de grands yeux. Bon sang j'ai dit tout ça à haute voix ?!! Merde putain Yanis t'es vraiment con !

Moi - Baka !
Psy - Pardon ?... !

Baka, baka, baka ! {= Idiot, idiot, idiot !} Putain mais pourquoi je suis aussi con ?!

Psy - Eh bien... ça suffit, pour aujourd'hui, on reprendra demain.
Moi - Ouais c'est ça. Au revoir monsieur le psy !

Je l'entends soupirer tandis que je sors. Je vais directement dans ma chambre et prend ma douche avant que le dîner n'arrive. Je mange tranquillement puis vais me brosser les dents et vais me coucher. Cette nuit, je n'ai aucunes pensées négatives et fais de beaux rêves où Dimitri vient me rassurer.

Les tourments du coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant