Crois mes yeux

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Quand j'ouvre les yeux, le soleil m'éblouit aussitôt, renforçant mon mal de tête. Un inconnu est assis dans le fauteuil en face du lit, en train de gribouiller dans un carnet. Quand il m'entend grogner, il sourit et ferme son carnet.
-Bonjour.
-Ou suis-je?
-Dans la chambre d'ami de mon appartement.
-Pourquoi je suis ici?
-Vous étiez juste devant la sortie de la boite de nuit la plus prisée de New York, et je peux vous dire qu'a 4h30, quand la boite ferme, y a des gars pas très nets qui rodent dans les rues...
-Ah, merci.
-De rien. Tu es?
-Sacha. Toi?
-Nathaniel.
-Enchanté. T'aurais une aspirine?
-Sur la table de nuit. Avec un verre d'eau.
Je le remercie et avale le cachet, espérant que mon mal de tête diminue.
-Il est quel heure?
-11h du matin.
-Tu n'as pas... Je sais pas moi, un travail?
-J'ai l'air si vieux que ça? Dit-il en plaisantant, non, je ne travaille pas, je suis étudiant a l'Université d'Art de New York. C'est ma troisième année, alors je peux me permettre de sécher une journée.
-Pour t'assurer que je ne voles rien dans ton appartement pendant ton absence?
Il rit, j'aime bien son rire.
-Pas que. Je voulais m'assure que tu allais bien et que tu ne t'étouffes pas dans ton vomi en dormant. Tu avais une sacré gueule de bois hier, t'as vomi pendant plus de 5 minutes.
-Ouh. Sexy.
Il pouffe de rire.
-Je t'aime bien toi. Je peux t'offrir le petit déjeuner?
-Volontiers, je pourrais manger un loup!
Je me lève et le suis dans ce qui semble être une entrée. Son appartement est moderne, lumineux, classe. Quand a son propriétaire, maintenant, je peux mieux disserter ses traits. C'est un jeune homme d'une vingtaine d'année, le teint pâle, très grand. Il n'est pas très musclé, mais bon, il va pas s'envoler non plus. Ses cheveux sombres sont coiffés a la garçonne et ses yeux sont d'un gris profond. Il porte un jeans brut et un T-Shirt blanc, une tenue normale quoi. La seule chose qui retient mon regard est la multitude de tatouages qui couvrent ses bras et ses mains. Je me demande quelle signification ils ont.
-Prends ta veste, on sort. Je ne sais pas cuisiner, avout-il.
Je le suis sans rien dire, même si je sais cuisiner. Je me rend compte petit a petit de l'étrangeté de la situation: je viens de passer la nuit chez un étranger et maintenant, je vais aller prendre le petit-dej' avec lui. On descend dans l'ascenseur, tout deux silencieux. Quand on sort dans la rue, je suis surprise de voir dans quel quartier on est... Manhattan! Le quartier des riches! Je regarde l'immeuble depuis lequel on sort et je suis étonnée qu'un étudiant puisse se payer ce genre de logement. Mais peut importe. Je le suis jusqu'au deli, qui prépare des déjeuners a toutes les heures de la journée. On rentre et l'homme nous indique une table au fond de la salle, en adressant un clin d'oeil a mon accompagnateur. Je ne comprend pas pourquoi: se connaissent-ils? Je m'assois et le serveur vient prendre nos commandes.
-Oeuf et Bacon, s'il-vous-plait. Tu prends la même chose? Demande-il.
-Non, je suis végétarienne. Mettez moi des oeufs brouillés et une tasse de thé. English Breakfast.
Le serveur hoche la tête et s'en va.
-Tu viens d'ou? Demande-il alors, tu as un étrange accent... Je ne l'ai jamais entendu avant.
Je soupire:
-Ma mère est française et mon père islandais, mais j'ai vécu deux ans a Londres.
Il me regarde, l'air intrigué:
-Tu es vraiment une fille étrange. Tu as quel âge?
-17 ans. Et toi?
-21. Mais c'est moi qui pose les questions ici: Que fait tu a New York?
Je rigole a sa reflexion, selon quoi il serait le seul a pouvoir demander quelque chose a l'autre, mais je vois que rien ne le fais rire et qu'il attend la réponse.
-Je suis a l'Université de New York. En section littérature.
-Comment est-ce possible?
-J'ai eu mon bac a 15 ans... Oh, merci! Dis-je en voyant nos plats arrivés.
-Encore une question avant de manger: pourquoi etais-tu soule hier?
-Mon... Amie a obtenu un travail, et... On a fêté.
-Ah oui? Quel genre de travail?
-On a dit une seule question, dis-je en souriant.
Il serre les dents, puis se detend.
-Oui, c'est vrai.
Il commence a manger, mais ne peut retenir sa curiosité et pose ses couverts.
-Je veux savoir.
-Tu n'es pas quelqu'un de patient, dis-je en mâchouillant mes œufs.
-Tu me laisses sur ma faim.
-Et ben mange, dis-je en souriant.
Il hausse un sourcil, puis rit.
-C'était pas drole, dit-il alors.
-Je n'ai jamais dit que ça l'etait, mais tu as ris.
-Oui. Alors, quel travail elle a eu?
-Une place dans une galerie, c'est une artiste.
-Quelle galerie?
-Moore Gallery, sur la 10e. Tu connais?
Il grince des dents:
-Un peu.
-Ok.
-C'est bon?
-Oui.
-T'es sur?
-Euh... Oui.
-Très bien. Pourquoi avoir quitter Londres?
-Je ne sais pas, mentis-je, besoin de changement.
Il me regarde un instant, puis déclare:
-Tes yeux me disent de te croire mais ma conscience me dit que tu mens.
-Crois mes yeux.
Apres cela, il ne demanda plus rien sur mon passé.

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