Islande

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Quand j'arrive a l'aéroport, un frisson me parcourt. Mon père n'est pas la, il ne chante pas sa chanson. Je ne l'ai pas prévenue de mon arrivée, c'est la première fois. Je prend un taxi et contemple le paysage magnifique des cotes d'Islande alors que le chauffeur sifflote un vieil air patriotique. Je souris. Je suis a la maison. On arrive devant la petite maison bleue aux volets blancs qui a marqué mon enfance. Je paie le chauffeur et sors. Je n'hésite pas une seconde avant de sonner. J'entend mon père interrompre un morceau pour venir ouvrir. Quand il me voit, sa bouche forme un O.
-Salut papa.

On marche peinardement sur la plage de sable noir non-loin de la maison. Mon père regarde ses pieds alors que je lui raconte ce que Kate Perry m'a dit. Quand je finis, il lève la tête vers moi.
-J'ai fait ça pour toi.
Il y a quelque chose dans ses yeux qui me force a le pardonner.
-Papa, je sais, mais... Pourquoi ne pas me l'avoir dit?
-C'est une raison égoïste. Je... Je voulais rester ton heros. Je savais que si je te dévoilerais toute l'histoire, tu m'en voudrais, et... Sacha, tu es la plus belle chose qui me soit arriver de toute ma vie. Les soirées passées avec toi sont inoubliables. Tu es ma fleur, ma fille unique et... Je ne voulais pas te perdre.
Mes yeux se remplissent de larmes.
-Papa...
-Je suis desolé, Sacha, profondément désolé.
Ça y est, je pleure. Je lui saute dans les bras et embrasse sa joue.
-Ma fleur est rentrée a la maison...

J'ai tout de suite pardonner mon père. Je ne pouvais pas lui en vouloir longtemps, il m'a préparer du thé et ses sconses a la myrtille et a jouer au piano pour moi. Je lui ai parler de Nathaniel, de Lou et de ce qu'elle m'a dit. Il m'a sourit tristement et s'est contenté de dire:
-Suis ton coeur, Sacha. Personne a part toi ne peux décider.
Et il a raison.

-Papa, le concert commence a 20h. Il est 19h47. On va être en retard!
Ce soir a lieu le dernier concert de mon père avant le concours Pianissimo, et il a tenu a ce que je vienne. Je me suis habillée assez classe, et ai même mis un brin de maquillage. Mon père sort de la maison en costard avec un joli noeud papillon, aussi désorganisé que moi. Ses cheveux blonds tirent légèrement sur le blanc, dut a son âge, et ses yeux bleus perdent eux aussi de leurs eclats, mais il reste élégant. Nous partons et arrivons dans la salle-de-concert. Je salut les quelques connaissances que j'ai ici, puis vais voir mon père en coulisses. Le technicien-lumière me dit qu'il est dehors, avec Adrian et Patt, le violoniste et le contre-basist, des amis proches de mon père. Je sors par la porte ses artistes et les trouvent reunis, en train de se fumer un joint. Ces trois-la ont encore 20 ans dans leurs têtes. Je souris.
-C'est trop mignon de se défoncer en costard, comme en 85.
-C'est pour faire monter la creativité, lance mon père, et nous rions tous.
Il a toujours eu ce coté decallé, artiste incompris, mais je l'aime plus que tout. On nous annonce le début du concert, et je rejoins ma place en souriant. La salle est silencieuse.
Mon père s'assoit devant son piano et joue. Il joue tellement bien que j'ai l'impression qu'il n'y a que nous dans la salle, juste lui et moi. Ses doigts glissent sur les touches, créent des sons angéliques. Putain, c'est la musique ses dieux. Je ferme les yeux et me laisse emporter par le rythme.

Apres le concert, je rejoins mon père. Il est entouré par des amis, des admirateurs, qui l'encouragent pour le Concours Pianissimo. Quand mon père me voit, il lance:
-Hey, Sacha, viens-la! J'ai quelqu'un a te présenter!
Je le fraie un chemin a travers la foule et rejoint mon père.
-Bah dis donc Johnny, qu'est c'qu'elle a poussée, la petiote!
Je souris instinctivement. Je connais cette voix.
-Oncle Zack!
Je saute dans les bras de mon oncle, qui rit aux éclats.
-Doucement Sacha, doucement.... J'ai 67 ans tout de même!
Je le lâche et l'embrasse vivement sur la joue. Depuis la dernière fois que je l'ai vu, des rides ont marqué son visage pourtant si doux, tiré ses traits, mais il garde les même yeux bleus clair que Johnny, mon père.
-Tu m'as manqué, lâchais-je.
-Toi aussi, répond-il, même si ton père parle de toi continuellement. Alors, New York te plait?
-Oui, beaucoup, mais l'Islande aussi.
-Ah, v'la la fille d'son père!
-Aller, pour fêter nos retrouvailles, resto! Lance mon père en riant.
-Frérot, parfois, t'es un vrai génie, répond Oncle Zack.

Le lendemain, je me réveille vers 9h et rejoint mon père dans la cuisine. Il sourit un peu trop pour que ce soit naturel. Qu'est-ce qu'il mijote? A peine ais-je commencer a manger qu'on sonne a la porte. Je me lève et vais ouvrir. Quand je vois qui est de l'autre cote, je perds mes mots.

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