Welcome to my world

French Kiss

Il m'embrasse. Il m'embrasse. Il m'embrasse. Il m'embrasse. Il m'embrasse. Il m'embrasse. Il m'embrasse. Il m'embrasse. Il m'embrasse. Il m'embrasse. Il m'embrasse. Il m'embrasse. Il m'embrasse. Bordel, il m'embrasse! Je suis censée faire quoi? Parfois je suis trop stupide... J'ai 17 ans, une intelligence au dessus de la moyenne, mais je stresse comme une adolescente pré-pubère juste parce qu'un garçon m'embrasse. Cette réflexion me parut d'un coup hilarante, et je coupa court a notre baiser pour rire. Il me regarda, ayant l'air de dire "Mais qu'est-ce qui va pas avec toi?" puis demanda, lui aussi semi-amusé:
-Qu'est-ce qui te fait rire?
Maintenant, j'étais morte de rire. C'est pas vrai Sacha, fait preuve de maturité...
Calme. Respire: Inspire. Expire. Rappelle-toi ce qu'on t'a appris au yoga. Quoi? Mais j'ai jamais fait de yoga! Et mon fou rire reprit. Je dois vraiment avoir l'air d'une folle vu la façon dont les passants me regardent. Quand je me calme enfin, Nathaniel me sourit.
-T'es la première fille que j'embrasse qui se tape un fou rire la seconde d'après.
Je lui souris timidement: je suis censée dire quoi? Moi qui pensais avoir tirer un trait sur ma timidité...
-On va boire un chocolat chaud? J'ai froid, déclare-il.
C'est tellement etrange. Il donne l'impression qu'il ne sait pas énerver contre Ray, qu'il ne m'a pas embrasser. Que les trente dernières minutes n'ont jamais exister. Peut être que je me suis fait des idees, peut être que ce baiser ne représente rien pour lui... Je me sens quelque peut triste...
-Allons boire quelque chose, dis-je, un noeud dans l'estomac.
Il hoche la tête et nous entraine vers un petit café take-away. Il paie pour nous deux, après mures protestations de ma part. On retourne dans le parc, s'assoir sur un banc.
-Tu aimes le thé? Demande-il en contemplant mon gobelet.
-Oui, c'est ma boisson préférée.
-Il y en avait en France?
Je ris.
-Tu sais, la France, c'est pas le pays des autochtones hein, on a l'electricité, l'eau courante, et même le réseau!
Il me sourit.
-Je sais bien, mais... Je n'y ai jamais été, alors peut-être ont-ils d'autres breuvages...
-Tu n'as jamais été en France?
-Non, mais j'aimerais bien. C'est vrai que les français ne se douchent jamais?
Je le regarde, dans le style "T'es sérieux la".
-Aux dernières nouvelles, je me douche, si tu veux tout savoir.
-Mais tu n'es pas 100% française.
-Vrai, dis-je en touillant mon thé et en regardant les volutes de vapeur se propager dans l'air froid. Soudain, une main s'agite devant mes yeux.
-Hein, quoi? Dis-je en me tournant vers Nathaniel.
Il sourit doucement.
-Je t'ai posé une question, mais tu étais trop préoccupée par ton thé.
-Ah. Désolé.
-Non c'est rien, j'aime bien ton côté décalé.
J'hausse un sourcil.
-Bon. C'était quoi ta question?
-Ton accent britannique, tu l'as de ou?
-Londres. J'y ai vécu deux ans. De mes quinze ans a mes dix-sept.
-C'est une belle ville?
Magnifique, mais il y a des gens ignobles.
-Oui. J'ai adoré, dis-je en me re-positionnant face a lui, tu veux que je te racontes?
Il me fit signe de continuer en buvant son café.
-Je vivais dans un petit appartement de Wellington Road, près de Regent's Park, dans le Nord de Londres. Je pouvais accéder a Oxford Street en vingt minutes! J'adorais aller sur Trafalguar Square et me rendre a la Galerie Nationale. Il y a un nombre incalculables de somptueuses oeuvres impressionnistes! En sortant, je trainais avec les artistes de rue, on avait finit par se connaitre. Je m'asseyais parmi eux et on discutait de tout et de rien. Et puis le soir, je me promenais sur le pont de la Tamise. Tu devrais voir ça, c'est... Je sais même pas comment le décrire. Il y a toutes ses lumières, ça brille comme pas possible, et toi, t'es la, a tout regarder avec tes yeux et c'est... Je sais pas. Impressionant. Intimidant. Attirant. Effrayant. J'adorais.
Je me tais un instant et repense a tous ses soirs passés a scruter les londoniens. Une douce nostalgie m'envahit.
-Whaoh, dit Nathaniel, tu... Tu es incroyable... Tu as 17 ans, et tu as déjà tellement vécu... Tu as vu Paris, Londres, Reyjkavik, New York. Tu as vécu seule, tu as vu tout ce que personne ne pense a regarder, tu t'es liée d'amitié avec des gens... Différents. Tu es...
-A part?
-J'allais dire extraordinaire mais c'est vrai aussi! Dit-il en riant.
Je souris et pose mon coude sur le bord du banc, le regardant. On se tait un instant, observant les yeux de l'autre.
-Le monde semble plus beau vu depuis tes yeux, Sacha.
Je lui souris et pousse un soupir.
-Il faut pas croire, j'ai pas toujours eu la vie rose, mais je crois au destin. Ce qui est arrivé devait arrivé. Rien n'est changé. Rien ne doit être changé. Rien ne sera changé.
-Tu es croyante? Demande-il.
Il sembla avoir du mal a le croire.
-Pas vraiment. Je ne crois pas en Dieu a proprement parler, mais aux religions.
Il semble perdu.
-Fais pas cette tete, je vais t'expliquer! Je crois que les religions apportent espoir et bonheur. Bon nombre de gens auraient baisser les bras sans leurs croyances. Mais non, je ne crois pas a l'existence de Jesus, ou de Moïse, ou du prophète, ou de Ganesh.
-Ganesh?
-Le dieu de la sagesse et de l'intelligence dans la culture hindou. Il y a une exposition sur lui au British Museum a Londres, je me souviens. Il est représenté avec une tête d'éléphant, tu l'as jamais vu?
Il secoue la tète de droite a gauche et sourit.
-Qu'est-ce qu'il y a? Pourquoi tu souris comme ça?
-Non rien, c'est juste qu'une gamine de 17 ans en sait cent fois plus que moi.
-Hey! Je suis pas une gamine! Dis-je lui frappant la cuisse.
-Je sais bien, je te taquine. D'ailleurs, t'as eu ton bac avec mention, je me trompe?
-Non. Pas de mention.
-Comment c'est...
-Félicitations du jury. 19,5/20. Je me suis loupée en histoire.
-Mon dieu, c'est un cataclysme... Dit Nathaniel en se plaquant les mains sur les joues et en prenant une voix sur-aiguë.
-Arrête, c'est pas drôle, j'étais degoutée... Me plaignis-je en lui filant un coup de coude.
-C'est sur... Et tes profs? Ils devaient t'adorer non? Tu étais la meneuse de la classe ou un truc dans le genre?
-Pas du tout. J'étais la fille du fond, celle qui ne parlait jamais, celle qui était en Terminale au lieu d'être en Seconde. Et toi? Leader ou Looser?
Il sourit en repensant a cette époque.
-J'étais assez... Arrogant. Je ne suivait pas vraiment les cours, dessinait dans mes cahiers, répondait aux enseignants. La totale.
-L'anarchiste pur et dur quoi! Déclarais-je en riant.
-Oui, en quelque sorte. On devrait rentrer, il commence a faire nuit.
-Ouais.
On se lève, jette nos gobelets vides, et il me propose de m'accompagner chez moi. J'accepte volontiers. Quand on arrive devant mon immeuble, je m'apprête a monter les marches, mais il me tire vivement vers lui et je me retrouve plaquer contre son torse.
-Tu n'allais pas partir sans me dire Au Revoir quand même? Demande-il, la voix rauque.
Je ne réponds pas, regarde ses yeux gris glace.
-Si je t'embrasse maintenant, tu promets que tu ne riras pas? Dit-il, les yeux remplis d'étoiles.
-Essayes pour voir, repondis-je, provocatrice.
-Tu l'auras chercher, dit-il avant de déposer délicatement ses lèvres sur les miennes.
Il m'embrasse. Encore. Il sent le café et la fraicheur. Le mélange est agréable. Quand nous nous décollons, il me murmure un "A bientôt Sacha" dans l'oreille avant de me laisser rentrer chez moi, mais avant que je ferme la porte, il lance:
-N'oublie pas ta douche, Miss!
Je souris seule, comme une idiote.