Prestation cauchemardesque

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-Papa, on va être en retard... Soupirais-je alors que mon cher père réajustais son noeud-papillon.
-Chérie, dans la vie, il faut savoir se faire désirer.
Je souris doucement et vérifia en vitesse mon téléphone. Des messages d'encouragements de la part de Matt' et Christie et des appels en absence de Nathaniel. Rien qui sorte de l'ordinaire. J'éteignis l'appareil et enfila ma veste alors que mon père asticotait ses chaussures. Emma toqua a la porte.
-Herr Carter? Appella-elle en allemand, votre voiture attends devant l'hotel!
-J'arrive, J'arrive! Chantonnait mon père.
Finalement, nous quittâmes la chambre et descendîmes dans la voiture. Comme a son habitude, mon père discuta avec le chauffeur, malgré son mauvais niveau d'allemand. Une fois arrivés devant l'Opéra, j'accompagna mon père dans les coulisses, et le suivit dehors lorsqu'il emprunta la sortie des artistes avec Adrian et Patrick. Je les connaissais trop bien... Je ne fut même pas surprise quand je vis Adrian sortir un joint de sa poche et les tendre a Pat' et au gamin qui me servait de père.
-Chérie, ne me regardes pas avec ces yeux la, c'est pour...
-Prendre son pied sur scène, je sais. Papa, tu prends des "remontants" depuis aussi longtemps que je m'en souvienne. Tu penses jamais a arrêter?
Patrick cracha la fumée de ses poumons et sourit.
-Sacha, tu sais, ton pere... C'est un génie. Parfois, il a juste besoin de déconnecter.
-Je sais, je connais cette sensation.
Soudain, j'entendis quelqu'un hurle que le lever de rideaux serait pour dans 2 minutes. Mon père semblait l'avoir entendu aussi puisqu'il écrasa le mégot sous sa chaussure et se frotta les mains.
-Le show commence, les amis.

La Symphonie Nr. 1 en Mi Mineur. Opera 21. Bethoveen. Putain.
Mon père n'aurait pas put mieux choisir. Je ferma les yeux une seconde, laissant mes sens me porter.
-Ils jouent bien, n'est-ce pas? Chuchote Oncle Zack.
-Oui.
Je connaissais chaque note, chaque accord par coeur, mais il n'empêche qu'une décharge d'électricité me parcourait les veines dès le premier instant. Mon père jouait divinement bien, caressant les touches comme du velours, les martelant avec une certaine frénésie parfois. Je le voyais sursauter de temps a autre, surement a cause de spasmes dut a la drogue. Je connaissais ça. Je souris et me laissa porter par la musique. Cette symphonie était de loin ma préférée. Il me suffisait de l'écouter pour me remémorer tous les instants de ma vie. C'est une sorte de lien auditif ou quelque chose comme ça.
Je pensais a ma mere, une femme si dure en apparence. Je pensais a mon père et a mes vacances passés en Islande avec lui. Je pensais a Murray et a toutes les conneries qu'on a faites ensemble. Je pensais a ce foutu test d'aptitude, qui a changé ma vie, en bien ou en mal, je ne sais pas. Je pensais a ma "maladie", sur-efficience mentale, trois mots qui me définiront a jamais. Je pensais a Londres, cette ville que j'aime toujours autant, aux expériences que j'ai faite la-bas. Je pensais a mes amis la-bas, a Cole qui je l'espère, repose parmi les anges, et a Blake, qui pourrit en prison. Je pensais a New York, quelle ville formidable! Je pensais a Yann, a Christie, a Matt', a tout les gens que j'ai appris a connaitre la-bas. Je pensais a l'art, a la musique, a la littérature, qui m'ouvraient les portes d'un monde plus beau. Je pensais a Nathaniel, mon premier vrai amour, et a tout les changements qu'il avait engendrer en moi. Je pensais a la vie, a ma vie, a la mort. Ma mort. Comment mourerais-je? Co...
-Oh Mon Dieu! Hurla une femme.
J'ouvris aussitôt les yeux, juste a temps pour voir mon père tomber au sol mollement. Je crois que je criais, mais je n'en suis plus sure. Tout le monde, Oncle Zack y compris, s'est précipité vers la scène, mais je n'arrivais pas a bouger. Chaque muscle de mon corps était comme paralysé. Zack souleva le corps inactif se mon père et Patrick appela une ambulance. Avant de quitter la salle, Zack se retourna, scruta l'assemblée hysterique, et quand son regard se posa sur moi, hurla:
-Sacha!
C'était comme s'il me ramenait a la vie. D'un coup, tout le bruit, les gens autour de moi me bousculaient, et je me précipita vers l'ami de mon père. Il me sourit tristement puis prit ma main et me tira a l'extérieur. Une ambulance attendait dehors, mon père était allongé sur une civière. Non. Cette image. Cole. Blake. Le sang. Tant se sang. Non. Je fais un pas en arriere, mais mon oncle plaça sa main dans le bas de mon dos et me pousse doucement vers la cohue.
-Va avec lui, Sacha. Il a besoin de toi.
Je ne sais pas comment j'ai fait pour entrer dans cette foutue ambulance.
-Qu'est-ce qu'il a? M'empressais-je de demander.
-Crise cardiaque, dit hâtivement un vieil homme au visage caché par un masque.
Les ambulanciers me posaient plusieurs questions, et je répondais dans un allemand approximatif. Mon regard était fixé sur la poitrine de mon pere, qui se gonflait péniblement d'oxygène. Je ne me suis jamais sentie aussi impuissante.

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